Chapitre quatre.

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 «  Bah alors Styles ? On ne sait pas nager ? »
 
 Il est sur le point de se noyer et tout ce que James sait faire c'est ce moquer de lui pour l'enfoncer plus encore. Je le vois agiter les bras pour rester en surface mais ça n'empêche pas à sa tête de descendre sous l'eau et d'y rester un moment avant qu'elle ne ressorte et que ses poumons ne cherchent à se remplir d'air. Il crache de l'eau, ses paupières sont closes, on peut l'entendre tousser et reprendre difficilement sa respiration. Je détache quelques secondes mon attention de ce corps paniqué au milieu de l'eau et regarde ce qui se passe autour de moi. La plupart des gens rigolent, certains semblent choqués mais ne font rien pour autant. Un être humain est sur le point de mourir et aucun d'eux ne daigne bouger, nous vivons dans un monde de lâche. Je serre les poings, même mon meilleur ami s'amuse de la situation et à l'instant je le déteste lui aussi. Je me dis qu'il est comme les autres au final. Aussi cruel et pathétique. Je suis donc le seul à trouver ce comportement ignoble ? Mon attention se reporte sur Harry, il ne tiendra pas longtemps comme ça, surtout que par ce temps l'eau doit être glacée et il va finir par s'étouffer. Je n'ai pas le choix, et même si je ne le porte pas dans mon cœur, je ne peux pas le laisser dans cette situation.
 
«  Fais chier. »
 
 Ce n'est qu'un murmure de mécontentement mais je sens que Zayn se retourne vers moi pour me demander ce qu'il se passe, pourtant je ne lui accorde même pas un seul regard. Je marche rapidement vers l'étang en poussant les gens sur mon passage, certains grognent mais mon esprit n'est centré que sur le corps qui se débat au milieu de l'eau. Sans réfléchir, je plonge dans l'eau la tête la première et la différence de température me fait un choc, elle est gelée. Je m'approche du brun, le tire par le poignet et passe un bras autour de sa taille pour le faire revenir jusqu'au bord. Il cherche à se défaire de moi au début, les yeux encore fermés, s'attendant à ce que je sois un méchant qui soit venu afin de lui plonger la tête sous l'eau jusqu'à ce qu'il meurt, mais quand il se rend compte que je suis là pour le sauver il se laisse faire. Je le sens trembler, ses dents claquent et il semble ne rien voir du tout sans ses lunettes. Nous remontons à la surface, tous les deux trempés, je le laisse s'assoir sur l'herbe fraîche en toussant encore.
 
«  T'es pas marrant Tomlinson. »
«  Ouais tu crains. »
 
 Greg me jette un regard mauvais avant de s'en aller avec James suivit de tous les gens autour qui soupirent de mécontentement. Je ne vais pas m'excuser d'avoir voulu sauver la vie de quelqu'un et de leur avoir évité la prison à tous quand même. Il n'y a que Zayn qui reste, il secoue la tête et s'avance vers moi tandis que tout le monde quitte les lieux pour retourner à la fête se distraire avec autre chose. Mon meilleur ami me rejoint et regarde Harry de travers, qui est encore en train d'essayer de respirer normalement à moitié allongé sur le sol.
 
«  Je croyais que tu ne le supportais pas ? »
«  C'est pas une raison pour le laisser crever. »
«  Quelqu'un serait venu le chercher. »
«  Tu sais aussi bien que moi que c'est faux. »
«  Ils ne sont pas débiles non plus. »
«  Ah bon tu crois ? Je ris sarcastiquement. Personne n'allait bouger Zayn, et heureusement que je l'ai fait sinon on aurait tous fini en prison avec un meurtre sur le dos. »
«  N'exagère pas non plus. »
«  On aurait risqué gros. C'était de la non-assistance à personne ne danger là, autrement dit en le regardant se noyer c'était comme si tu étais toi même le tueur. Tu comprends ou pas ? »
«  T'énerve pas. Je suis sûr que quelqu'un serait venu le chercher avant. »
«  C'est vraiment ignoble. »
«  Il n'avait qu'à pas venir aussi, ça ne lui serait jamais arrivé comme ça. »
«  Dis ce que tu veux. Je rentre chez moi. »
«  Quoi ?! »
«  Je suis trempé, je n'ai pas la tête à m'amuser et je n'ai pas non plus envie de tomber malade. »
 
 Son comportement m'insupporte, il ne comprend rien. Je n'aurai jamais pensé ça de lui, mais je pense que c'est la drogue et l'alcool qui le font raisonner ainsi. Il n'est pas vraiment dans son état normal. Il soupire et lève les bras au ciel avant de s'en aller vers la maison. De mon côté, je me tourne vers Styles. Il tremble encore mais ne semble plus s'étouffer avec de l'eau, il cherche ses lunettes à tâtons. Je les attrape et les lui tend. C'est la première fois que je le vois sans elles et je dois dire qu'il est beaucoup mieux ainsi. Pourquoi n'a-t-il jamais songé à mettre des lentilles ? Ses pupilles ressortent nettement mieux quand elles ne sont pas cachées par des gros verres. Il les pose sur son nez, les mains tremblantes et me remercie d'un signe de tête.
 
«  Je t'avais dit de ne pas venir ici. »
«  Oui, je... J'aurai du te croire. »
«  C'était leur projet. Il devait d'abord te faire croire que tu étais l'un des leurs en t'invitant à la fête de ce soir, te faire boire jusqu'à ne plus tenir debout puis te ridiculiser. Mais... Je ne pensais pas qu'ils iraient jusqu'à là. »
«  Au fond c'est... C'est un peu de ma faute aussi. Si je n'étais pas venu je... Je... »
«  N'en parlons plus. Tu ferais mieux de rentrer toi aussi. »
«  Le problème c'est que je... C'est Greg et une de ses copines qui sont venus me chercher en voiture et je ne connais pas la route. »
«  T'as qu'à me suivre. »
 
 Il se relève en titubant légèrement puis m'emboîte le pas. Nous repassons par devant la maison, l'ambiance est au beau fixe mais de toutes manières je n'avais pas réellement envie d'y aller à cette fête. Simplement parce que quand mon meilleur ami est bourré il m'oublie et ne se focalise que sur le drogue et moi je me retrouve seul entouré d'inconnus, de visages sans noms. Zayn est un grand fêtard, moi je n'ai jamais vraiment adhéré à tous cet univers, j'aime bien me changer les idées en buvant quelques verres ou en fumant deux ou trois joints mais jamais au point de devenir un zombie. Alors que lui si, j'ai même dû plusieurs fois l'héberger chez moi tellement son état critique ne lui permettait pas de prendre la route à pied jusqu'à sa propre maison. Je tourne le visage vers Harry, il admire le paysage alentour en silence.
 
«  Ta mère sait que tu étais sorti ce soir ? »
«  Oui, je lui ai dit que j'allais dormir chez un ami. »
«  Elle t'a cru ? »
«  Depuis la rentrée que je lui fais croire que je m'entends à merveille avec toi et les gens de ma classe, alors je... Je pense que oui. »
«  Pourquoi tu fais ça ? »
«  Je... Elle pense que je suis encore un gamin, que je ne sais pas me débrouiller seul. J'ai besoin d'indépendance, et si elle croit que je sais me faire des amis sans son aide, elle va me laisser en avoir un minimum. Je suis son seul enfant donc elle me prend encore sous son aile. »
«  Tu ne devrais pas lui mentir comme ça. »
«  Parce que tu l'as jamais fait peut-être ? »
 
 Encore une fois, Harry n'avait pas tort. Je ne dis pratiquement rien à ma mère sur ma vie, elle ne sait pas pour les joints, les soirées, parfois la drogue et pour mon orientation sexuelle. Pas que j'ai peur de lui avouer, mais je ne me sens plus aussi proche d'elle qu'auparavant. On s'éloigne, un fossé se creuse entre nous depuis le début de mon adolescence et j'ai l'impression que ce n'est que le début, qu'il ne fait que s'agrandir au fil des années. Je ne veux pas la perdre, ce n'est pas mon but, mais parfois j'ai la sensation de me retrouver face à une pure inconnue. Et je ne préfère même pas évoquer mon père, pour moi c'est comme s'il ne l'avait jamais été d'ailleurs. Il n'est jamais présent, je le vois une fois par mois voire pas du tout, il ne me connait pas et quand on parle c'est uniquement pour se disputer.
 Alors pour répondre à sa question rhétorique, parce qu'on a tous forcément mentis un jour à ses parents, je hausse les épaules. Harry me lance un regard triste, comme s'il semblait me comprendre.
 
«  Merci en tout cas. »
«  De quoi ? Je demande en relevant la tête vers lui. »
«  D'être venu me sauver. »
«  Je trouvais ça normal. »
«  Tu es bien le seul. »
«  Même s'ils ne t'aiment pas, c'est pas un truc à faire. T'étais bourré, eux aussi d'ailleurs, et tu aurais pu mourir noyé. »
«  Je sais. Je... Je ne voulais pas boire, c'est eux qui m'ont forcé. Je voulais partir un peu plus loin, mais ils ont tout fait pour que je boive au moins un verre. »
«  Oui, je les ai vu. Tout aurait été nettement plus simple si tu n'étais pas venu. »
«  Je voulais juste voir à quoi ressemblait des... Des jeunes normaux. »
«  C'était pas le meilleur endroit pour, crois-moi. Ça aurait pu très mal tourner. »
«  Pourquoi tu es venu me sauver si... Tu ne m'aimes pas ? »
«  Ecoute... Je soupire et passe une main dans mes cheveux trempés. Que je t'apprécie ou pas ça ne change rien au fait que t'es un être humain, et tu ne mérites pas de te faire humilier et en plus de risquer de mourir de cette manière sous prétexte que tu es différent. Tu es comme tu es. Personne ne peut te forcer à changer. »
 
 Je sens que je l'ai peut-être mal jugé. Il est hautain parfois et assez agaçant mais au fond... Il est un peu comme moi non ? Je veux dire, différent mais à sa manière. Il se démarque par son style, par son intelligence. Il demande juste à être apprécié un peu, qu'on ne le bouscule pas dans les couloirs, qu'on ne l'ignore pas, et je le comprends parfaitement. J'ai vécu ça durant toutes mes années de collège et en rentrant ici pendant un mois avant de rencontrer Zayn. Je sais ce que ça fait d'être un rejet, de se sentir à l'écart de tout et de tout le monde. Comme un Alien ou quelque chose d'horrible, de repoussant, dont personne n'ose s'approcher. C'est encore pire quand on arrive au lycée, la mentalité des gens change mais au lieu d'évoluer et de murir elle se dégrade. Il n'y a plus aucun respect, c'est presque chacun pour soi et parce qu'il suffit d'un seul pas de travers pour devenir la risée d'une école entière.
 Harry ne répond rien. Nous marchons dans un silence seulement animé par les bruits de la nuit. Je l'entends plusieurs fois renifler, et même s'il fait encore beau pour un mois de Septembre ce n'est pas une raison pour se balader complètement mouillé. Heureusement, nous n'habitons qu'à une dizaine de minutes de chez James et bien vite nous arrivons devant nos maisons.
 
«  Je... Encore merci Louis. Vraiment. »
«  C'est normal. »
«  Non, je veux dire, tu n'étais pas du tout obligé de le faire et tu es quand même venu me sauver. Personne n'a jamais fait ça pour moi avant. Et si tu n'avais pas été là, ils m'auraient tous regardé en train de me noyer. »
«  Oui, c'est des idiots. Tu devrais éviter de traîner avec eux maintenant. »
«  J'ai retenu la leçon, je crois. Il rit nerveusement avant de passer une main dans ses cheveux en bataille. Bon... Bonne soirée. »
«  A... Attend ! »
«  Quoi ? »
«  Tu es trempé, et tu as dit à ta mère que tu ne rentrais que demain matin. Elle va se poser des questions en te voyant arriver dans cet état-là. »
«  Je ne vais pas retourner passer la nuit à la soirée. »
«  Non, je sais, je.... Je voulais dire, pourquoi tu ne viendrais pas chez moi ? Pour dormir ? »
«  Et ta mère ? Si elle me voit, elle va appeler la mienne. »
«  Elle n'est pas là. Elle travaille de nuit et elle ne rentre pas avant neuf heures. »
«  Je sais pas... »
 
 Il hésite. Et au fond, j'aurai fait pareil, je serai même rentré chez moi en courant. Je lui en ai fait baver aussi, je l'ai humilié verbalement et je comprendrai parfaitement qu'il refuse de venir chez moi. Je ne suis pas un modèle de gentillesse mais je peux au moins essayer d'être un minimum poli avec lui. Il en a besoin après ce qui lui est arrivé ce soir.
 
«  Je vais pas te manger, je parais méchant comme ça mais c'est juste une apparence. »
«  D... D'accord. De toutes manières, je n'ai pas le choix. Sinon, ma mère va se rendre compte que je lui ai mentis. »
 
 Je lui adresse un faible sourire avant d'avancer vers ma porte d'entrée, je sors mes clés de ma poche de jean et l'ouvre en laissant passer Harry. La maison est calme, plongée dans le noir, il n'y a aucun bruit. Je vais allumer la lumière du salon ainsi que celle de la cuisine et fait signe à Harry de venir plutôt que de rester planter debout dans l'entrée. Il s'avance timidement en admirant les lieux. Ce n'est pas très grand, et la décoration est faite uniquement par ma mère, quelques cadres accrochés par ci par là, des bibelots sur les meubles etc... Je m'éclipse quelques minutes à l'étage afin de lui préparer de quoi se laver, ainsi que des habits propres qui étaient assez grands pour lui. Une fois descendu, je le vois en train d'observer les différentes photos.
 
«  Je vais préparer du thé. Tu en veux ? »
«  Hm... Oui merci, ça va me réchauffer. »
«  Le temps que ça se fasse, tu peux aller prendre une douche. Deuxième porte à gauche en haut. Je t'ai tout préparé. »
«  Mais... Je n'ai pas de vêtements de rechange. »
«  T'en fais pas pour ça. Je te passe les miens, tu me les rendras plus tard. »
 
 Harry hoche la tête, rougissant, avant de filer à l'étage. Le temps qu'il prenne sa douche, je fais chauffer l'eau du thé, sors deux tasses, et prépare de quoi manger un peu. Il descend au salon, propre comme un sous neuf et porte mes vêtements, je souris faiblement en voyant que finalement ce style lui va bien aussi. Je lui indique la tasse de thé sur la table basse en lui disant de faire comme chez lui et monte à mon tour dans la salle de bain. L'eau chaude me réchauffe la peau, j'ai l'impression de renaître et je pourrai très bien rester en dessous toute la soirée mais deux raisons m'empêchent de le faire. De un, la facture d'eau élevée que ma mère va recevoir, et de deux Harry qui doit surement m'attendre au salon. Je m'habille rapidement avec un vieux jogging gris et un tee-shirt troué à quelques endroits, change mes écarteurs et descends au salon. Il est installé dans le canapé, sa tasse entre ses mains, je le rejoins et allume la télévision.
 On ne dit rien pendant à peu près une vingtaine de minute, je me suis arrêté sur une chaine de football en lui demandant si ça ne le dérangeait pas et il m'a répondu comme à son habitude «  Non, du tout. Tu es chez toi, fais ce que tu veux. » avec une surprenante politesse. Au bout d'un certain temps, lassé par le match nul que diffuse l'écran je tourne le regard vers Harry, il commence à s'endormir. Ses paupières se ferment seules, et sa tête tanguant parfois sur le côté.
 
«  Tu devrais aller dormir. Dis-je en me retenant de rire. Il est prêt de deux heures du matin et je ne pense pas que tu aies l'habitude de rester éveillé à cette heure-là. »
«  Hmm. Il s'étire doucement. »
«  Je vais aller préparer mon lit. »
«  Quoi ? Non... Je viens déjà m'incruster chez toi, je ne vais pas non plus dormir dans ton lit. »
«  Tu crois quand même pas que je vais te laisser le choix ? Tu devrais prendre un médicament pour ta tête, je vais faire le lit. Monte quand c'est fait. »
 
 Je ne lui laisse pas le temps de répliquer que je monte déjà à l'étage pour ranger un peu ma chambre en désordre, mes vêtements qui traînent au sol, les quelques cadavres de cigarettes et refait mon lit. Je ne m'attendais pas à avoir de la compagnie ce soir alors disons que je n'ai pas vraiment fait le ménage. J'ouvre une fenêtre pour aérer quelques minutes, range des affaires dans mes tiroirs et placards puis prend de quoi pouvoir dormir dans le canapé. Rapidement, Harry me rejoint. Il triture le bas de mon tee-shirt mais arrête de le faire quand il voit que je le regarde. L'air de rien, il est vraiment grand et impressionnant comme garçon, dommage qu'il ne s'en serve pas pour repousser les mauvaises personnes qui veulent le nuire... Comme moi ? Je ne sais pas, en fait, je crois que depuis cette nuit. Depuis que je sais que James et sa bande veulent lui faire du mal, je crois que je commence à l'apprécier. Bon je ne dis pas, il y a des moments où il m'énerve, mais quand il se met à être vraiment lui-même, je ne sais pas le détester. C'est un bon garçon. Et, il a juste besoin de quelqu'un qui soit là pour lui, pour lui tenir compagnie et combler sa solitude. Je le comprends, encore une fois, parce que j'ai moi aussi été dans ce cas-là.
 
«  Ca me gêne, je te jure. »
«  Pourquoi ? Je vais pas venir te violer ou quoi que ce soit hein. Je ris en prenant un coussin, et il pâlit. Franchement, ça ne me dérange pas de dormir dans le salon, ça m'est déjà arrivé. Essaye de dormir un peu maintenant. »
«  D'accord mais... »
«  Oui ? »
«  Tu pourras me réveiller avant que ta mère ne rentre du travail, je ne veux pas qu'elle me croise et prendre le risque que ma mère l'apprenne en lui parlant. »
«  Pas de problème, compte sur moi. »
«  Merci. »

Opposed Lovers. || Larry & Ziam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant