Quatre jours plus tard ; Samedi
La première semaine vient à peine de prendre fin que nous avons déjà un projet d'arts plastiques à rendre. Mais bon, je ne me plains pas parce que c'est de loin ma matière favorite. J'ai décidé de le faire en binôme avec Zayn, il s'y connait en architecture et de mon côté la photographie me passionne. Après être sortis boire un café à deux, on se rend en ville, où il y a plusieurs églises et monuments à immortaliser dans mon reflex. Ca fait déjà deux heures qu'on travaille dessus, je ne sens plus mes jambes, on ne fait que marcher à travers la ville, et même si j'adore cette forme d'art, je veux m'assoir.
« Bon, on se fait une pause ? J'ai envie de fumer une clope. »
« D'accord, mais seulement si on passe à la bibliothèque après ? Je dois emprunter un livre sur l'architecture de la renaissance. »
« Si tu veux. Je n'ai rien d'autre à faire de toute manière. »
Il me sourit. On va s'assoir sur le rebord de la fontaine, on fume notre cigarette en même temps tout en admirant le paysage. Mes cheveux volent dans le vent, ma fumée s'échappe dans l'air, et mes yeux parcourent les monuments. Mon ami a toujours cet air mystérieux plaqué sur le visage, les paupières plissées alors qu'il inspire son tabac dans sa gorge. Depuis le début du lycée, depuis notre rencontre tout à fait anodine, on ne se quitte plus. On pourrait presque nous prendre pour des frères tellement nos gestes, nos goûts et nos habitudes se ressemblent. On se complète et passer notre temps ensemble c'est notre manière à nous de dire qu'on tient à l'autre. Je l'apprécie vraiment, il sait faire la part des choses, il est intelligent, drôle et attachant. D'autant plus que son style mauvais garçon colle tout à fait au mien. On nous a plusieurs fois demandé si nous étions en couple et même si je suis gay je n'y ai jamais songé. Lui non plus. Ça nous fait plus rire qu'autre chose.
Nous arrivons à la bibliothèque et même si je n'ai pas l'habitude de m'y rendre je trouve cet endroit reposant. Quand le temps me le permet je me trouve quelques heures pour me plonger dans un livre. Je laisse Zayn se charger de son bouquin sur l'architecture et parcours les rayons sans vraiment regarder de quels genres ils sont. J'aperçois un groupe de trois filles me dévisager comme si j'étais un Alien, et que donc je n'ai rien à faire dans ces lieux. Je lève les yeux au ciel et change de direction, et c'est là dans un coin près de la fenêtre que je le vois. Il travail sûrement, encore. Comme toujours. Son stylo ne quitte jamais sa feuille de cahier et son regard fait des allers-retours entre son gros livre et sa page recouverte de son écriture droite et soignée. Il a l'air concentré derrière ses grosses lunettes.
« Louis, c'est bon j'ai mon livre il a... Et mais c'est l'autre intello du lycée ! »
« Ça ne m'étonne même pas de le trouver ici. »
« Même en dehors des cours il bosse... Tu sais quoi ? Les gars de l'équipe organisent une fête Samedi prochain, et ils veulent l'inviter. »
« Sérieusement ? Je tourne la tête vers lui et hausse les sourcils. »
« Ouais mais pour se foutre de lui après. Ils veulent lui faire croire qu'ils sont ses amis, le bourrer au maximum puis ensuite le jeter dans la piscine à poil. Histoire qu'il se ridiculise devant tout le monde. »
« C'est vraiment des gamins. »
« Tu les connais, toujours prêt à faire les quatre cent coups. Mais moi je dis... Pourquoi pas ? Ça pourrait être marrant. »
« Hm. »
« Dis-moi, tu viens au moins ? »
« Si tu y vas, oui. Puis ma mère m'a trop tapé sur les nerfs ces derniers temps, j'ai besoin de décompresser un peu. »
« Elle a toujours pas viré ton père ? »
« Il est à plus de mille kilomètres et il ne rentre que dans deux semaines, enfin s'il n'annule pas au dernier moment pour aller rejoindre une de ses maîtresses dans un hôtel. »
« Essaye de lui parler quand il revient. »
« Pour qu'il me dise que je suis un incapable ? Plutôt mourir. »
« Tu restes son fils quand même. »
« Un fils qu'il ne voit qu'une fois par mois, oui. C'est vrai que j'avais oublié qu'il était le modèle paternel idéal. Mon ton est tout ce qu'il y a de plus ironique, et ça fait soupirer le métis. »
« L'air de rien, il gagne bien sa vie. »
« Ouais mais en attendant il gâche celle de ma mère. »
Mon ami soupire une fois de plus, je sais qu'il n'aime pas quand je critique mon père ou évite de m'attarder sur le sujet, parce que selon lui je devrai l'affronter mais même si je joue les rebelles à l'extérieur, j'ai toujours préféré me renfermer sur moi-même quand il était là. Sans parler de ma mère qui se laisse marcher sur les pieds et ne fait strictement rien pour me défendre. De un pour ne pas m'en prendre plein la figure et devoir encaisser ses insultes comme quoi j'étais un incapable ou un raté et de deux parce qu'il est vraiment impressionnant. Il n'a jamais levé la main sur moi mais je le redoute constamment. Il est assez impulsif et je crois que je tiens ça de lui, aussi. Malheureusement.
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Opposed Lovers. || Larry & Ziam.
Fiksi PenggemarOpposé, nom masculin. Ce qui est contraire, inverse à quelque chose. Le noir est l'opposé du blanc. Si on part de là, je suis le noir et lui le blanc. Tous nous oppose. Nos goûts, nos habitudes, nos fréquentations, nos loisirs et tellement plus...