Chapitre dix.

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 Je ne suis pas une personne angoissé au naturel. D'habitude, je prends les choses à la rigolade pour faire passer le stress et penser à autre chose que ce qui est sensé me rendre mal. Seulement, aujourd'hui, ce n'est pas du tout pareil. Harry a quitté la maison depuis une petite demi-heure, il m'a rassuré avec des bisous et des câlins, des mots doux. Mais ça n'a pas l'air de suffire. J'attends le retour de ma mère dans le canapé, jouant avec mes doigts nerveusement. Je suis angoissé à la moindre idée qu'elle ne soit pas d'accord avec le fait que je sois en couple avec un garçon, quand bien même ce soit Harry. C'est vrai, elle l'adore. Elle le trouve poli, intelligent, cultivé, serviable et beau. Il est un peu comme son deuxième fils. Un moi version amélioré. Celui de ses rêves, l'idéal qu'elle aurait voulu atteindre.

 La porte d'entrée s'ouvre et je bondis sur mes pieds, elle lance un bonsoir quand elle fait son apparition dans le salon. Et je crois qu'elle est surprise de me voir ici, parce que d'habitude je suis soit enfermé dans ma chambre pour le reste de la soirée, soit chez Zayn. En conclusion, je fais tout pour ne pas la croiser dans la maison. Je fais juste en sorte d'éviter le conflit, parce que nous ne sommes pas forcément en accord sur tout. Mais ce n'est pas nouveau. Je lui reproche de ne rien faire quand à mon père, et elle me répète que ça va, qu'elle sait ce qu'elle doit faire, et je sais que c'est faux. Elle est perdue et désespérée. Parce qu'elle a donné sa confiance à un homme qui l'a brisé et humilié. Parce qu'elle a dû élever un fils insolent et rebelle toute seule. Je fais des efforts, mais c'est compliqué de trouver un point d'accroche.
 
«  Lou, tu n'es pas chez Zayn ? »
«  Non, il garde sa sœur et doit travailler un peu. »
«  Tu devrais faire de même. »
«  J'ai déjà révisé pendant une heure là-haut. »
«  Vraiment ? C'est bien alors. »
 
 Elle me sourit et se dirige vers la cuisine pour aller poser ses deux sacs en plastique pleins. Elle sort plusieurs boites en plastiques contenants des plats déjà préparés, c'est plus facile pour elle quand elle doit manger à son travail ou en rentrant le soir. Ou même pour moi. Mais souvent je me commande des pizzas quand mon meilleur ami vient passer la soirée ici ou bien du Japonais quand c'est Harry. Il aime la culture asiatique. Et ça change des pâtes réchauffées. Ma mère sort ensuite quelques paquets de biscuits et range le tout dans les placards. Je la suis, ouvrant la bouche sans pouvoir en sortir un mot, et elle doit me prendre pour un fou étant donné les regards qu'elle me jette.
 
«  Qu'est-ce qu'il y a Louis ? Tu as quelque chose à me demander ? Si c'est de l'argent je n'ai pas encore été payé et j'ai dépensé mon dernier billet pour... »
«  Non, non... Je dois te parler... » 
«  Tu as été viré de ton lycée ? »
«  Quoi ? Mais non... Je m'exclame en fronçant les sourcils. S'il te plait maman, laisse-moi parler... »
«  D'accord, je t'écoute. »
«  Je... Je ne sais pas trop comment te le dire, c'est compliqué. Je... Je n'ai pas envie de te cacher ça plus longtemps. Même si on ne partage pas beaucoup de choses, je pense que tu dois le savoir, et... »
«  Tu te drogues ? »
«  Maman ! Je soupire et ferme les yeux. »
«  Tu n'as pas mis une fille de ton lycée enceinte au moins ? »
«  Je suis gay maman, je suis gay ok ? C'est ça que tu dois savoir. J'aime les hommes. J'aime un homme. Et si tu n'es pas d'accord c'est pareil. J'ai le doit d'aimer qui je veux non ? Je... Je suis désolé si je te déçois, je sais que tu voulais des petits-enfants plus tard, que tu voulais que je sois le fils parfait mais... Je m'excuse, j'en ai marre de faire selon ton point de vue. Je suis désolé si tu n'es pas fière de me présenter à tes amies. Je tremble doucement et baisse la tête. Je ne veux pas te décevoir, je regrette ce que j'ai pu te dire ou faire avant, mais... Je suis comme je suis. Je fais des efforts. Alors, si tu veux me donner des leçons en me disant que ce n'est qu'une phase dans mon adolescence, tu peux, mais ça ne changera rien. J'aime quelqu'un. Mais s'il te plait... Ne me rejette pas. Je suis toujours ton fils et.... »
«  Lou... Bébé, bien entendu que tu es toujours mon fils. Viens là. »
 
 Je crois qu'elle pose un pot sur le plan de travail avant de venir me prendre dans ses bras. J'inspire un grand coup et me blottit contre elle, ma tête enfoui au creux de sa nuque. Elle sent la vanille et un mélange de fleur. Le parfum de mon enfance, celui que j'ai toujours aimé. Ça me rappelle les soirs où je venais dormir contre elle, ou quand elle venait me bercer. Je regrette que notre relation se soit autant dégradée. Parfois j'envie le fait que Harry soit aussi proche de sa mère, depuis toujours, même s'il m'a raconté qu'ils avaient eu quelques accrochages. Que ce sont des choses qui arrivent mais qu'on peut faire en sorte de tout arranger. Alors, pourquoi ne pas essayer ? Ses fins bras se resserrent autour de moi et je sens les larmes me monter aux yeux. Surement à cause du stress et de l'émotion. J'ai tout annoncé d'un coup, porté par une adrénaline. Mais c'est fait, et un énorme poids s'enlève de mes épaules, je me sens plus léger.
 
«  Je ne t'en voudrais jamais d'être amoureux. Bien sûr, j'aurai aimé avoir des petits-enfants mais si tu es heureux comme ça alors je ne peux pas m'opposer à ton bonheur. Tu aimes qui tu veux. Tu n'avais pas à craindre ma réaction. Elle me caresse le dos puis les cheveux et je ferme les paupières. Ça ne change rien pour moi non plus. Je sais que c'est compliqué à avouer ce genre de choses mais tu seras toujours mon bébé, que tu deal de la drogue, que tu sèches les cours ou que tu deviennes vieux. »
«  Je suis désolé maman... Ma voix déraille légèrement. Je suis désolé d'avoir mal agis avec toi. Ce n'est pas facile pour toi de m'élever seule, de supporter tout ça, de travailler comme une folle pour survenir à mes besoins. Je m'excuse. Je... Je t'aime, tu sais. Malgré le fait que je t'ai déjà dit un million de fois le contraire. Je ne le pensais pas. »
«  Ne t'excuse pas, ce n'est pas de ta faute. Tu n'es pas responsable des bêtises et des agissements de ton père. Et je le sais Lou, je t'aime aussi. Je fais tout pour être une bonne mère, je te le jure. »
«  Tu ne devrais plus accepter qu'il rentre ici, il suffit que tu appelles la police et que tu leur dise tout ce qu'il te fait subir depuis toutes ses années. Il payerait pour toutes ses cachoteries. »
«  Je sais... Ce fut à son tour de soupirer. Mais j'ai encore un peu besoin de son argent, pour toi. »
«  On peut y arriver sans lui, faut que tu te détaches. Je peux t'aider si tu veux ? »
«  Merci Louis, on en reparlera. Mais pas ce soir. Elle se recule pour me voir. Si tu me parlais de toi plutôt, depuis quand tu me caches tes aventures amoureuses ? »
«  Hm depuis le début du lycée je pense. Je hausse les épaules en souriant. Je suis sorti la première fois avec un garçon à mes quinze ans. Enfin, un peu avant mon anniversaire. Ça a duré deux semaines. Après, je n'ai pas vraiment eu quelque chose de sérieux. »
«  Et aujourd'hui ? »
«  Aujourd'hui, je suis en couple depuis quelques semaines déjà. »
«  Je le connais ? Elle hausse un sourcil en me souriantZayn ...? »
«  Oui tu le connais... Et non, ce n'est pas lui. Il est toujours mon meilleur ami. »
«  Harry... ? »
 
 Mon sourire ne trompe personne, elle élargit le sien et m'embrasse le front. Je sais qu'elle l'aime bien, tout le monde adore Harry. Même si c'est moi qui l'aime le plus. Ce garçon est irrésistible. Il est beau, magnifique même, intelligent, a un cœur en or et ses yeux... Leur couleur est tout simplement sublime.
 
«  Je suis content pour toi mon bébé, c'est quelqu'un de bien. »
«  Je le sais. »
«  Tu sais, je ne veux pas que tu reproduises la même erreur que moi avec ton père. J'étais folle de lui et tellement aveuglé par mon amour que je ne l'ai pas vu venir par derrière pour me pousser dans le gouffre. On est souvent trompés en amour, mais c'est beau d'aimer. C'est un sentiment qui envahit ton corps entier. Et si vous vous aimez vraiment, alors je ne peux que vous souhaitez le bonheur. Surtout, ne pas garder de secret pour toi, la confiance et la vérité sont les clés d'une bonne relation. Puis... Elle replace une de mes mèches derrière mon oreille. Sache que les disputes arrivent, parfois certaines font plus mal que d'autres, mais il faut t'accrocher et tout faire pour le garder, arranger les choses. En tout cas, si tu es triste un jour, je serai toujours là pour te consoler. »
«  Merci maman. »
 
 Je ne sais pas trop quoi dire d'autre, alors je la serre dans mes bras aussi fort que possible. Pour lui transmettre tout mon amour. Elle embrasse encore une fois mon front, j'ai toujours aimé les bisous des mamans. C'est doux et léger. Puis, on a l'impression d'être protégé du monde entier et du danger dans ses bras. J'ai l'impression que les choses rentrent dans l'ordre doucement, il faut simplement laisser le temps agir. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi. Plusieurs minutes je dirais. Et ça aurait pu continuer si la porte d'entrée ne s'était pas refermée et que mon père n'était pas apparu dans la cuisine avec un sourire malsain sur les lèvres.
 
«  Je me suis permis d'entrer, comme d'habitude. »
 
 A contre cœur, je me détache de ma mère pour que nous puissions tous les deux lui faire face. Il enlève son manteau et le pose nonchalamment sur le dossier d'une chaise. Il a toujours fait comme si il était chez lui ici, et uniquement parce que sa « femme » ne lui a jamais rien dit. Parce qu'elle a peur de ce qu'il pourrait lui dire ou lui faire. A chaque fois qu'il rentre ici, l'atmosphère se charge d'une ambiance tendue et glaciale. Comme si il avait dans sa poche de jean une arme chargée afin de nous tuer les deux. Je brise finalement le silence.
 
«  Qu'est-ce que tu fais ici ? »
«  Je n'ai pas le droit de venir voir ma famille ? Puis je voulais voir si tu avais bien donné le chèque à ta mère. »
«  Elle a eu l'argent, tu peux partir maintenant »
«  Pourquoi ? Je vous dérange ? »
 
 Il me jette un mauvais regard, chargé d'électricité, mais je n'ai pas peur. Il ne m'a jamais touché. Il sait bien qu'il n'a pas intérêt ou je serai capable d'aller le dénoncer à la police. Je ne suis pas ma mère, je ne me plonge pas dans un silence, mais je ne la blâme pas. Je la comprends. Elle vit dans la peur et la souffrance depuis des années, alors forcément elle s'y habitue et elle fait avec. Comme si c'était normal de se faire battre et traiter comme un chien par l'homme qu'elle aime.
 
«  Oh je vois, il t'a avoué qu'il était pédé c'est ça ? »
«  Will.... »
 
 Autant, d'habitude je supporte ses remarques déplacées et désobligeantes mais là s'en est trop. Je serre les points et grince des dents afin de me retenir de ne pas lui sauter dessus. Il est content de lui, je le vois. Il a cet air victorieux plaqué sur le visage, mais la guerre n'est pas finie. Je compte bien la gagner. C'est à cause de lui si je ne m'entends pas bien avec ma mère, c'est à cause de lui qu'elle fait parfois des dépressions, c'est à cause de lui qu'elle ne peut pas se reconstruire une vie. Tout est de sa faute.
 
«  Sors... »
«  Tu ne peux pas me virer Louis. »
 
 Je m'avance vers lui d'un pas déterminé et prend son manteau avant de lui jeter au visage. Il le rattrape de justesse et me fusille du regard. Il ne nous brisera plus, plus maintenant. Il a dépassé toutes les limites possibles. Depuis longtemps. Ce n'est qu'un escroc et il payera pour tout ça. Tout ce mal qu'il nous a fait.
 
«  Tu sors j'ai dit, tu sors maintenant ! »
«  Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi. »
«  Dégage putain ! T'as rien à faire ici !»
 
 Cette fois, je m'approche de lui et pose mes mains sur son bras droit pour le pousser. Histoire qu'il comprenne qu'il n'a plus rien à faire ici. Nous ne sommes pas ses pantins, et encore moins sa famille. Mais sa réaction me surprend et m'effraie presque, il me saisit par le col de mon pull et me plaque contre le premier mur. Celui du salon. Je lâche un léger gémissement de douleur. Il me relève doucement pour que je sois à sa hauteur, mes pieds ne touchent plus le sol. Ses yeux son glacials et durs. Comme si il se retenait de me frapper moi aussi. Je pose mes mains sur ses poignets, ses bras, pour qu'il relâche la pression mais il ne veut rien savoir. Malgré cela, je le défis du regard. Je ne compte pas lâcher prise moi non plus. Même si je dois me retrouver avec le visage en sang. Ma mère, à peine quand je fus contre le mur, nous rejoignis en courant. Paniquée. Elle a peur pour moi à présent.
 
«  William, lâche-le. Tu vas lui faire mal... »
«  Une petite leçon ne lui ferait pas de mal à ce gamin ! Il est insolent et irrespectueux. »
 
 Là, je me mets à rire doucement, lui prétextant qu'il devrait se regarder dans le miroir. Et je n'ai pas le temps de réagir que sa mère vient s'écraser brutalement sur ma joue. Je tourne alors la tête et fronce les sourcils, je ne sais pas comment ma mère a fait pour supporter ça pendant des années. La douleur, les coups, les insultes... C'est une femme tellement forte. Je ne l'ai vu que de très rare fois pleurer, mais quand je relève les yeux vers elle pour lui faire comprendre de ne pas s'inquiéter, je vois ses pupilles inondées de perles salées. Et ça me brise le cœur, je secoue doucement la tête pour lui faire comprendre que ça va. Une poigne ferme me relève le visage, les yeux de mon père eux ont une étrange lueur. Presque effrayante. J'en frisonne même.
 
«  Ecoute moi petit con, je sais que tu ne m'a jamais aimé, et c'est réciproque. Mais tu devras t'y faire. Je serai toujours là. Ta mère ne peut pas me laisser, et tu n'es personne pour t'opposer à ça. Personne tu m'entends. »
«  Parce que tu crois que je vais te laisser nous pourrir la vie encore plus ? Mais tu rêves. Tu sais quoi.... ? Va te faire foutre. Tu es juste pitoyable. »
 
 Une autre gifle part. Sèche et violente. Je ferme les yeux et ma lèvre saigne, je crois. Ma mère pousse un cri d'effroi et se jette sur son bras pour l'empêcher de recommencer. Baraqué comme il est, il la repousse d'un coup sur l'épaule et c'était si puissant qu'elle en tombe au sol. Dans un bruit sourd. Je me débats alors pour échapper à son emprise et aller voir comment elle va mais il me tient si fort qu'il manque de briser les os. Nous restons quelques minutes à nous affronter du regard, ma mère pleure et l'appelle pour qu'il arrête, elle crie. Mais il s'en fiche, il est déterminé à me voir perdre, malheureusement pour lui, je ne suis pas un bon perdant.
 
«  Tu n'es qu'un gamin Louis, un gamin faible et tu ne peux rien y faire. Vous avez besoin de moi, de mon argent. Et si tu élèves encore une fois la voix sur moi, je te préviens que... »
«  Que tu vas me taper ? Que tu vas me couvrir de bleu comme maman ? Vas-y, je t'en prie. Fais-toi plaisir. Mais n'oublie que j'ai des preuves contre toi, des preuves qui pourront te couter chers. »
«  Et tu penses que cela va marcher ? J'ai assez d'argent pour soudoyer un tribunal entier, tes stupides enregistrements ne prouveront rien. Avec toutes les nouvelles technologies il est facile de tout trafiquer et inventez de faux propos. Et je suis quelqu'un de très convaincant. »
«  Peu importe. Tu perdras, parce que tu es un escroc et un con. Et ils finissent toujours par perdre. Je suis peut-être personne, mais toi... Tu n'es rien. Et ça, c'est pire. »
«  Tu te crois fort hein ? J'aurai dû venir te donner des leçons bien avant. »
«  Tu t'en fichais complètement de mon éducation, tu pensais juste à aller coucher avec tes secrétaires et taper maman parce que ça te donne l'impression d'être puissant. Mais au contraire, tu es ridicule. »
«  Ridicule ? Sa voix monte d'un cran. Si je n'apportais pas ce chèque tous les mois à ta mère, vous seriez à la rue depuis longtemps déjà ! »
«  Et bien ce serait surement mieux que de voir te voir. »
«  Peut-être que j'aurai dû laisser ta mère se démerder avec toi quand tu étais bébé et me barrer, j'y aurai plus gagné. »
«  C'est ce que tu as fait. Tu ne t'es jamais occupé de moi. Tu la battais, tu la frappe encore, tu nous traite comme des moins que rien. Mais tu t'es au moins regardé une fois dans un miroir ? Tu ne vaux pas mieux que nous. Tu ne vaux rien même. »
 
 L'atmosphère de la pièce est lourde. Ma mère est toujours au sol, elle nous regarde, ne sachant que faire, une main sur son épaule, les larmes aux yeux. J'aimerai l'aider. Mais je ne peux rien faire contre lui, il est trop fort. Et je crois qu'elle se rend compte qu'elle s'est voilée la face trop longtemps, qu'elle a mis du temps à voir la vérité, et elle s'en veut. Mais ce n'est pas de sa faute. Non, seulement celle de l'homme qui lui sert de mari.
 
«  Tu ne vaux rien, absolument rien. Tu prétends être un grand travailleur mais l'entreprise que tu as hérité te viens de ton père, et tu passes tes journées à soit coucher avec des pauvres filles ou soit à arnaquer les gens. Et tout ça fait de toi un moins que rien. »
 
 Sa main se lève encore une fois pour me frapper au visage, pour me faire taire, mais il n'a pas le temps d'exécuter son geste que le son strident de sirène se fait entendre au dehors. Je le sens se raidir et ses yeux s'arrondissent. Mes lèvres blessées s'étendent en un sourire, cette fois, c'est lui qui tente de partir mais je le retiens par les poignets. Puis il sait que c'est trop tard pour lui. Ma mère se lève pour lui maintenir le bras afin qu'il ne parte pas, il panique et essaye de lui mettre un coup de pied pour qu'elle tombe. Je lui crie dessus, je me débats aussi parce qu'il resserre sa prise. Soudain, la porte d'entrée est enfoncé par plusieurs hommes qui rentrent, ils sont quatre je crois. Ils ont tous une arme braquée sur lui et des gilets de sécurité. Nous sommes sauvés.
 
«  Monsieur, veuillez lâcher ces personnes maintenant et vous reculer, ou bien nous serons dans l'obligation d'utiliser la force. »
 
 Je tourne mon regard vers lui, il est tendu et débordant de colère. Il serre les dents et me jette un regard qui aurait pu me tuer sur le champ. Un dernier regard sombre et sévère avant de me lâcher complètement, je retombe au sol et ma mère se recule pour venir me prendre dans ses bras. Il n'a même pas le temps de remettre les bras le long de son corps que les hommes de la polie se précipitent sur lui pour lui mettre bras dans le dos et lui passer les menottes. 
 
« « Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d'office... »
 
 Comme j'ai rêvé d'entendre ces phrases un jour. Et ce jour est enfin arrivé. J'ai l'impression d'être enfin libéré, et ça doit être un vrai soulagement pour ma mère. Bien sûr, il reste encore le procès et toutes les autres procédures. Ils le tirent par le bras pour l'embarquer dans la voiture. Je crois ses pupilles, et je peux y lire dedans la défaite. J'ai gagné. Je l'avais dit que je n'abandonnerai jamais. Pas tant qu'il ne serait pas tombé. Et sa chute est imminente, il n'en ressortira pas sans être détruit à son tour. Un policier s'avance vers nous, un carnet à la main pendant que les autres partent au véhicule et inspecte rapidement la maison.
 
«  Monsieur, madame. Je sais que vous devez être secoués mais... Quels sont vos liens avec ce monsieur ? »
«  C'est, c'était, mon mari. Et lui mon fils. Elle pose une main sur mon épaule tandis qu'il note quelques mots sur un papier. »
«  Très bien. J'aurai quelques questions à vous poser si cela ne vous dérange pas. »
«  D'accord, je m'en charge... Et, j'aimerai déposer plainte. »
«  Bien entendu madame. »
 
 La voix de ma mère tremble légèrement mais elle est rassurée. Elle n'est plus en danger. Sa main caresse doucement son dos, elle me sourit doucement avant d'aller s'assoir à la table de la cuisine avec le policier, il va surement lui faire un interrogatoire, lui poser des tas de questions et cela prendra pas mal de temps. Je soupir de soulagement, mes mains tremblent encore légèrement sous le coup de l'émotion.
 
«  Lou... »
 
 Je relève la tête vers la porte d'entrée et vers cette voix rauque. Harry. Les policiers le laissent passer et il se précipite sur moi, ses grandes mains se posent sur mon visage et il m'embrasse le front tendrement.
 
«  Je... Je ne sais pas si j'ai bien fais d'appeler la police mais j'ai eu tellement peur que... »
«  Attends, c'est toi qui les as appelé ? »
 
 Il hocha la tête doucement en souriant, je le serre alors fortement dans mes bras. Si bien que je manque de l'étouffer. Je ne pourrai assez jamais le remercier de son geste. C'est vrai que je ne me suis pas demandé qui aurait pu être à l'origine de l'intervention des policiers, mais maintenant que je le sais, je lui en suis totalement reconnaissant.
 
«  J'étais sorti pour jeter les poubelles puis j'ai entendu crier de chez toi, plusieurs fois, au début je pensais que c'était qu'une dispute entre ta mère et toi. Mais c'était assez... Violent et angoissant. Alors je suis venu toquer à votre porte. J'ai attendu une petite minute. Personne n'a répondu. Du coup je suis allé voir à la fenêtre du salon, désolé pour ça, et j'ai vu ton père pousser ta mère. Je l'ai vu te tenir, alors je n'ai pas hésité. J'ai appelé directement la police. Ils sont venus vite. Et voilà... »
«  Tu es formidable Haz, je t'aime putain. Merci, merci mille fois. Sans toi, je ne sais pas comment tout ça aurait fini. »
«  Il est arrêté, il va être jugé et aller en prison. C'est ça le principal. Tu n'as plus à t'en faire. C'est terminé. »
«  Oui, ma mère est en train de porter plainte. »
«  Ça doit la soulager que tout ça soit fini. »
«  Tellement, je suis heureux pour elle. Elle mérite de vivre maintenant. Il lui a tellement fait de mal. J'ai fait tout mon possible pour l'aider, maintenant elle est libre. » 
«  Je sais mon ange. Tu n'as pas à t'en vouloir. »
 
 Ses lèvres se posent doucement sur les miennes, il se recule en rougissant et je lui souris doucement. Mes bras sont toujours autour de son corps et je crois que je ne serai pas capable de le lâcher avant des heures. Et si jamais il n'avait pas été là ? Et si jamais il n'était pas sorti de chez lui ? Et si jamais nous n'étions jamais devenus amis, puis si proches ? C'est surement un cadeau du destin, je commence à y croire.
 
«  Tu es un héros Louis. »

Opposed Lovers. || Larry & Ziam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant