Chapitre cinq.

2K 139 9
                                    

 Je viens tout juste de finir de manger quand la sonnette de l'entrée retentis, je saisis mon sac de cours et ouvre la porte pour tomber sur Harry. Il a respecté sa promesse, même si j'aurai parfaitement compris qu'il ne veuille pas venir par manque de confiance. Ce serait normal de sa part, après ce que je lui ai dit. Je ne sais pas ce que j'essaye de faire au juste. Lui montrer que je ne suis pas un être si horrible que ça ? Me faire pardonner ? Surement un peu des deux. Je commence à l'apprécier, au fond il y a du bon en chacun de nous. Puis ça se ressent tellement qu'il a besoin de quelqu'un même s'il ne veut pas l'avouer de vive voix.  
 
«  Bonjour. »
«  Salut. »
 
 Il me sourit avec son même air timide que d'habitude. Je descends les deux marches qui mènent à ma maison et le rejoins. Je sors une cigarette ainsi qu'un briquet de ma veste en jean, et commence à tirer quelques bouffées. Harry porte son éternel sac marron en bandoulière et ses vêtements un peu vieillot mais bizarrement... Ses cheveux ne sont pas comme avant. Ils ne sont pas coiffés si parfaitement et ça le change. Dans le bon sens je veux dire.
 
«  C'est nouveau ? »
«  Pardon ? »
«  La coupe de cheveux, c'est nouveau ? »
«  Ah non... Il rougit légèrement. Je n'ai pas eu le temps de les coiffer ce matin. Alors, ils bouclent un peu. »
«  J'aime bien. Tu devrais les laisser au naturel plus souvent, ça met ton visage plus en valeur. »
 
 Ses joues prennent une teinture encore plus rouge et il baisse la tête. Il ne doit pas avoir l'habitude des compliments, et ce n'est surement pas dans notre lycée qu'il en recevra. Mais il ne lui reste plus qu'un an et après il partira en université, parce qu'évidement il aura son diplôme haut la main, sans même avoir besoin de réviser et de travailler dur. Evidement il le fera, parce que c'est Harry est qu'il est toujours comme ça. Parce que pour lui, le seul moyen de réussir dans la vie c'est en travaillant. C'est vrai pour les études, et pour l'avenir, mais pas pour les amitiés.
 Il ne fut pas très bavard durant le trajet mais il semblait nettement plus détendu que les autres fois. Disons que ce matin, je ne suis pas là pour le critiquer. Je veux lui faire comprendre que je suis quelqu'un de bien et qui plus est de sincère. Je veux l'aider. L'aider à affronter ces brutes, l'aider à comprendre comment fonctionne les principes de l'amitié. En fait, il a encore des choses à apprendre. Pas dans le terme de l'éducation non, mais du social. Mais malheureusement c'est le sujet qui le met le moins à l'aise, qui le crispe. Surement parce qu'il a dû oublier, volontairement, les relations avec les autres parce qu'il a été trop souvent critiqué par des idiots dans le passé. Parfois, les gens devraient cesser de s'arrêter à l'apparence de quelqu'un. Le monde aurait déjà évolué d'un degré, je pense.
 
«  Bon... Je vais en littérature. A ce soir. »
«  Eh attend ! Je lui attrape le bras alors qu'il s'apprête à rentrer dans la cour lycée. Qu'est-ce que tu fais là ? »
«  Tu attends Zayn ici d'habitude. »
«  Je ne lui ai pas parlé depuis la soirée de Samedi. Et je t'ai dit que je restais aussi avec toi aussi maintenant. »
«  M... Même au lycée ? »
«  Partout où tu voudras que je sois, oui. »
«  C'est... Je... Merci. »
«  Arrête de me remercier, c'est normal. Tu manges ici ce midi ? »
«  Oui, toute la semaine. »
«  Bien, dans ce cas attend moi devant le réfectoire et on mangera ensemble si tu veux ? »
«  Vraiment ? »
«  Je ne suis pas un menteur. »
«  Personne n'a jamais fait ça pour moi avant. »
«  Faut bien commencer un jour. Je souris tandis qu'on avance à présent dans les couloirs du lycée. Je te l'ai dit, je ne suis pas quelqu'un de méchant. »
 
 Je vois son visage s'illuminer au fil de mes mots. Je crois que ça lui fait chaud au cœur d'entendre ça. Il me sourit timidement et hoche la tête avant qu'il me fasse savoir qu'il doit se rendre devant sa salle. Je le salue, il fait de même et file à l'autre bout du couloir afin de monter à l'étage. Je suis plutôt content de moi, de mes efforts. Je me rends compte qu'aider les gens est surement la chose que j'aime le plus faire, à défaut de les sauver réellement. Un combat contre soi-même ne marche pas sans le soutien des autres, et l'Humanisme est ce qui manque le plus dans ce monde. C'est surement d'ailleurs ce qui le vouera à l'échec et que l'espèce humaine deviendra sauvage, elle ne parviendra pas à survivre sans vouloir s'entretuer. Si ce n'est pas déjà ce qu'elle fait. J'en ai le constat avec Harry. Il ne cesse de se faire humilier, et il ne dit strictement rien. Il se laisse marcher dessus comme si toutes ses insultes à son égard étaient normales à ses yeux, comme si elles lui étaient dues. Ou simplement qu'il avait tellement eu l'habitude de les entendre, d'entendre les rires, les moqueries, les insultes. Mais je ne suis pas d'accord, il n'a pas à tout encaisser comme s'il était une vulgaire machine. Quand je l'ai critiqué sur son style vestimentaire, quand j'ai été moi aussi méchant avec lui, il aurait dû me frapper, ou du moins me rendre la pareille. N'importe quel être humain normal aurait agi comme ça. Mais le centre du problème était là, Harry n'était pas quelqu'un de normal. Au contraire, malgré ce qu'il veut nous faire croire. Son intelligence, son renfermement le différencie totalement des autres. Jamais encore je n'ai eu affaire à une telle personne. Il est unique.
 
«  Tomlinson. »
 
 Alors que je venais de m'assoir sur un banc dans le hall du lycée en attendant d'entendre la sonnerie retentir, la voix de mon meilleur ami m'extirpa de mes pensées. Il avait l'air de ne pas encore s'être remis de la soirée. Je ne lui avais pas envoyé de message depuis lors, et je sais que ça sort entièrement de nos habitudes. On se parle constamment, même si souvent le fond de nos conversations n'est pas si enrichissant que ça. Je ne veux pas le perdre, loin de là, parce qu'il est vraiment mon repère. Il m'a toujours soutenu quand j'avais besoin d'aide, dès que j'allais mal il accourait pour venir me rassurer, il savait trouver les mots pour ça. Encore aujourd'hui. Et notre relation marche dans les deux sens, quand il a un petit coup de blues, j'essaye de lui faire penser à autre chose. Il est en quelques sortes le frère que je n'ai jamais eu.
 
«  Où est-ce que tu es allé hier soir après la fête ? Je t'ai envoyé au moins une dizaine de messages et t'as jamais répondu. »
 
 Il s'installa à côté de moi en posant lourdement son sac au sol, entre ses pieds. Effectivement, au départ je n'ai pas répondu volontairement à ses messages, mais après avec la présence d'Harry chez moi je n'y ai plus vraiment prêté attention. Disons que j'avais oublié. Mon but premier était de venir en aide au brun qui était dans un état déplorable. Trempé, effrayé et bourré. La totale.
 
«  Chez moi. »
«  Tu aurais pu me prévenir quand même. »
«  Excuse-moi, mais je pensais que tu t'éclatais à la fête alors je ne voulais pas te déranger. Puis j'étais fatigué. »
«  Fais pas ton rabat-joie. Il soupira lourdement en fronçant les sourcils. Et Styles ? »
«  Hm quoi ? »
«  Bah je t'ai vu passer devant la maison avec lui. Vous avez fait la route ensemble ? »
«  Oui, il est venu chez moi. »
«  Wow répète vite fait. Me demanda-t-il surprit»
«  Tu veux que je te la fasse en espagnol ? »
«  Sans déconner Louis putain ! Ce type est... Il est venu chez toi ? »
«  Ouais, et il a dormit dans mon lit. »
«  Super, c'est quoi la prochaine étape de vos aventures, vous avez couchés ensemble c'est ça ? »
«  T'emballe pas Malik, je lui ai prêté mon lit pour la nuit et j'ai été sur le canapé du salon. »
«  Je croyais que tu l'aimais pas. »
«  Ca ne veut pas dire que j'ai l'intention de laisser mourir en se noyant. Et puis c'était avant. »
«  Alors quoi, ça y est t'es devenu meilleur ami avec Styles ? »
«  Putain t'as vraiment que ça à faire de jouer au con ? Et puis il a un prénom je te rappelle, il est humain comme nous, c'est pas un extraterrestre ou je ne sais quoi d'autre. »
«  Je te comprend plus Louis. »
«  Tu sais quoi, moi non plus je ne te reconnais plus. On a un style différent nous aussi, on est sensé le comprendre, et j'essaye au maximum de le faire mais toi... Toi tu fais comme tous ces crétins au lycée qui ne savent que rabaisser les plus faibles. T'es devenu de ces personnes qu'on détestait au début, maintenant, j'ai l'impression d'être le seul. Alors, tu veux continuer de maltraiter ceux qui sortent de la norme, très bien... Mais ce sera sans moi. »
 
 Sans même attendre une réponse de sa part, je me levai du banc, pris mon sac d'une main et marcha d'un pas assuré vers la classe où se déroulait mon prochain cours. Cette fois, je ne ferais pas le premier pas vers lui. Nous sommes deux, et maintenant, c'est à lui de faire des sacrifices. J'ai toujours eu comme principe de haïr au plus profond de moi, ceux qui s'en prenaient aux plus faibles, à ceux qui sont un peu différents, et même si Zayn fait partie de ses gens... Je ne pourrai jamais m'y joindre à mon tour. C'est purement l'inverse des idées que je défends. Tant pis si lui ne le comprend pas, je ne vais pas lui courir après alors qu'il a failli laisser mourir un homme, un être humain, sans en ressentir la moindre culpabilité. Même ivre, il savait parfaitement ce qu'il se passait.

Opposed Lovers. || Larry & Ziam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant