31 janvier 2020

10 0 0
                                    

"Tu ne reprendrais pas un peu de soupe m'chou?". Quelle agréable soirée... Nous voici un vendredi comme les autres, je dîne chez ma mamie, entouré de ma famille proche. Je suis toujours placé en bout de table, je ne sais pas pourquoi, mais c'est assez marrant. C'est amusant car je peux voir toute ma famille soit en train de se disputer ou soit en train de rigoler. Je vous avoue que je suis une personne extrêmement curieuse. Cette table en aura vécu. Je jette un coup d'œil à ma mère, encore en train de se plaindre. J'avoue que parfois je suis totalement désespéré. Elle se plaint toujours de n'importe quelle personne, mais elle reste ma mère après tout et je l'apprécie. Ma marraine a toujours un verre de vin dans sa main prête à écouter et à réagir aux discours de ma mère. Mes yeux se redirigent vers mon père et mon parrain qui parlent, comme toujours d'alcool, de boulot et de sport. Ils sont vraiment inséparables ces deux-là... Puis mon regard est porté sur mes cousins et ma sœur qui se disputent pour savoir qui est le plus rapide à boire sa soupe, quelle bande de gamins dégénérés! Ma sœur se vante de son nouveau t-shirt Levis tandis que la cousine plus petite essaye de la convaincre que Levis c'est vraiment une marque des plus exaspérantes. Mon cousin, quant à lui, est accro à sa nouvelle tablette. Il ne l'a pas quittée une seule fois des yeux. J'ai essayé de m'y intéresser pour qu'on puisse jouer à deux mais celui-ci aboie comme un chien dès que j'y pose un regard. Et enfin...

-Augustin? Tu veux de la soupe? dit ma mamie.

-Oh non merci, c'est très aimable de ta part mais je suis rassasié. dit-je Voilà ma mamie. L'organisatrice de ces petits repas en famille conviviaux. Je lui dois une fière chandelle d'ailleurs. Pour ces repas mais aussi sa fameuse choucroute dont elle ne veut pas donner la recette. J'insiste toujours pour obtenir cette recette. Je me suis toujours demandé comment elle la fait. Nous voilà au plat principal, steak, frites et salade. C'est le moment où l'on partage le plus et l'instant où je veux vite fuir à l'étage pour esquiver les conversations gênantes de ma mère.

-Alors Augustin? Comment ça s'est passé cette journée? dit ma mère.

-Orhf, un vendredi comme les autres je vais te dire, c'est pas un jour dont je me souviendrai toute ma vie... dit-je calmement.

-C'est vrai que ce jour n'est pas des plus mémorables. affirma mon cousin.

Et si tu savais Augustin, cette journée te sera mémorable à jamais. Elle sera ancrée dans ta tête au point de te souvenir de tous les détails. Cette soirée changera ta vie à tout jamais, ce sera la dernière fois où ta perception du monde était encore "magique". Les derniers instants de ta vie en tant que garçon insouciant. Même si tu en as parcouru du chemin avec le harcèlement dont tu étais victime... Si tu savais comme cette journée te créera des problèmes par la suite...

Plus tard dans la soirée...

-Bon, il est temps de rentrer... Augustin ça te dit à toi et ta sœur de venir dormir à la maison ce soir? Proposa ma marraine. Mes parents n'étaient pas contre.

-Oui, pourquoi pas. répondis-je.

Moi et mon cousin étions partis dans la voiture de ma marraine après avoir dit au revoir à mes parents et à ma mamie. Ma grand-mère était triste de nous voir partir comme d'habitude mais elle avait encore le sourire car plusieurs dîners étaient déjà programmés. Sur le retour nous écoutions de la musique comme du Lady Gaga, Bruno Mars, ... Puis passa le son de Justin Timberlake : Can't stop the feeling. Quel son incroyable. La musique était entrainante, joyeuse et inlassable. Je me rappelle du film où de petites créatures chantaient et dansaient à la fin du film sur cette musique, je pense que ça s'appelle les Trolls. Au moment du refrain final, ma partie préférée de la musique, nous reçûmes un appel de la sœur de mon parrain (également la mère d'Hélène). J'étais un peu sur les nerfs qu'on nous interrompt lors de mon passage préféré.

-Salut, j'ai essayé de joindre mon frère mais il ne répond pas. dit la mère d'Hélène d'une voix tremblante. Je sentais des vibrations anormales dans ses cordes vocales et cela me faisait peur, extrêmement peur.

-Probablement son téléphone déchargé mais pourquoi? dit ma marraine d'un ton curieux.

-Eh bien, je dois t'annoncer que quelqu'un nous a quitté malheureusement aujourd'hui. dit-elle. Mon coeur cessa de battre. Je me disais que l'un des grands-parents du côté de mon parrain étaient malheureusement décédé. Mais ces mots me prouvèrent le contraire. Ces paroles restèrent inscrites dans mon crâne à tout jamais. Elle continua : "C'est Hélène. Je l'ai retrouvée pendue dans sa chambre."

Une expression faciale inquiétante et triste se dessina sur le visage de ma marraine et je vis des larmes tomber de son visage. Hélène était morte. Mon regard devenait vide, ma respiration se coupait lentement, mon esprit était vide et le seul bruit que j'entendais était cette phrase : "J'ai retrouvée Hélène pendue dans sa chambre". Mes mots me quittèrent, mon regard se noya dans les ténèbres et ma respiration se bloqua. Ses paroles hurlèrent comme un lion rugissant pour montrer qu'il est le roi. Cette phrase me brisa et puis je ne sentis aucune larme. Pas de larme, rien, juste moi, vide, réduit à néant. Mon cousin avait des écouteurs et regardait une vidéo youtube en rigolant. Ma marraine n'était pas apte à parler. Je me suis retourné, j'ai interpellé mon cousin. Il enleva ses écouteurs et m'écouta. "Grégoire, Hélène, ta cousine, est morte.". Son regard devint noir et me fixa de colère. Il pleura ensuite. Mais je n'oublierai jamais ce regard rempli de colère à mon égard. Je pris mon téléphone et eut le courage de téléphoner à ma mère.

-Maman?

-Oui?

-Hélène nous a quitté. annonçai-je.

Ma mère cria, mon père ne donna aucun signe de vie. On s'était tous retrouvé chez ma marraine et mon parrain. Ce dernier arriva avec les filles. Dès qu'il apprit la nouvelle, il partit en voiture directement chez sa sœur. Tout le monde pleurait, tout le monde n'en revenait pas. Ils étaient tous choqués, en colère, détruits, dévorés par la nouvelle et tristes excepté moi. Ma famille se demanda pourquoi je ne pleurais pas. Mais moi, je fus plus touché que n'importe qui. Des larmes ne suffisaient pas pour moi. J'étais perdu, désorienté, triste et perdu dans les ténèbres. Je n'étais plus moi. Mon âme m'avait quitté il y a bien longtemps.

Il ne restait que moi et le plus gros démon de ma vie à affronter.

DésorientéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant