Amis ou Ennemis ? T2 : Seconde Chance

Prologue

CAMILA

Six mois plus tard...

J'ouvre les yeux avec fatigue. Comme tous les jours depuis ces six derniers mois, c'est toujours la même image qui m'accueille, le même paysage sans vie, sans intérêt à mes yeux. Cette pièce est devenue comme une sorte de cellule d'une grande prison, celle dans laquelle je me trouve.

J'essaie de vivre avec, m'habituer à ces nouvelles règles, à ce nouveau départ que je n'ai pas choisi. Il faut dire que je m'en sort pas mal, bien que le côté nostalgique me reste encore à travers la gorge. Les séquelles de ce triste et douloureux passé se dissipent peu à peu, m'offrant une bouffée d'air dans cette vie irrespirable.

Je rejoins la salle de bain de cette suite royale mise en ma disposition. Tout est simplement impeccable, le service de chambre est à la hauteur de l'immensité et de la splendeur de l'édifice. Le seul souci c'est moi.

Je ne me sens pas chez moi, je me sens toute vide, perdue quelque part dans le passé. Dans un autre contexte, je me serais plu à cet endroit paradisiaque mais là, j'ai le moral à zéro, ma tête est à ailleurs, à des milliers de kilomètres d'ici.

Je me brosse les dents en me contemplant sur le miroir. Je m'attarde sur cette fille qui apparaît face à moi. Je ne me reconnais plus dans la glace, le temps a réussi à forger la personne qui se tient devant moi. Je ne sais pas si je dois être fière de moi ou si je dois m'en vouloir d'avoir autant changé, d'avoir réussi à oublier et d'être passée à autre chose.

Je me ressaisis assez vite en agitant ma tête. Je fais un bref sourire à mon reflet puis je quitte la salle de bain la seconde qui suit. J'enfile un maillot de bain puis j'attrape une serviette que je passe autour de mon cou.

Je décide de quitter l'appartement mais juste à ma sortie, je tombe sur ce visage que je me suis habituée à voir tous les jours. Son crâne complètement rasé reflète gracieusement la lumière des leds au-dessus de sa tête. Ses yeux châtains fixés sur moi avec insistance ne laissent transparaître aucune émotion. Il est figé là comme un automate, avec son costume noir alors qu'il fait extrêmement chaud en ce début d'après midi. Son visage à mi-chemin entre la vingtaine et la trentaine, laisse entrevoir une certaine gaieté qui m'est insupportable. Je fond dans une colère instantanée, comme à chaque fois que je le vois.

Lui : Bonjour Miss Anderson, dit-il avec un sourire qui me semble moqueur... Vous avez bien dormi ?

Moi : Ferme-la, c'est mieux... Et puis ne m'appelle pas comme ça.

Lui : Comme vous voudrez mademoiselle.

Je lève mes yeux vers le plafond en les faisant rouler puis je me détourne de sa tête d'idiot.

Lui c'est Carlos, le garde du corps que mon père a mis en ma disposition h24 pour me surveiller et surtout pour m'empêcher de commettre encore une bêtise,  comme vouloir me sauver par exemple. Il dort même dans mon appart pour vous montrer à quel point mon père ne me fait plus confiance.

Carlos : On va où comme ça mademoiselle ?

Moi : Il n'y a pas de "on", je vais à la piscine et je ne veux pas te voir entre mes pattes.

La piscine. C'est le seul coin de cet hôtel que j'aime le plus. J'ai l'impression de m'évader, de me sentir plus légère et de mettre de côté mes inquiétudes à chaque fois que j'y vais. Les visages que je découvre m'enchantent, le lieu est vivant, c'est comme un carrefour où toutes les bonnes ondes se retrouvent et créent une parfaite harmonie de joie et de bien-être.

Je souris toute seule lorsque je me retrouve à ce magnifique endroit. Carlos reste un peu en retrait mais pas trop. Je lui ai répété cela plus d'une centaine de fois et je crois qu'il a finalement compris.