3. Atterrissage sans douceur.

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3 – Atterrissage sans douceur. 

  — Mais quel couillon, mais quel couillon ! Je ne sais pas ce qui m'a pris de te faire monter avec moi ! Ah, ça non ! Regarde un peu ! Voilà le travail ! On a failli se fracasser sur cette maison ! Et si ça se trouve, des Moldus habitent ici ! Triple andouille !

— Hé, ça va, ça va...

— Quoi, tu protestes ? Ah ouais, môssieur Mondingus Fletcher a pensé qu'il pouvait faire voler une moto ! Môssieur Mondingus Fletcher allait nous jeter un sort... Grand couillon !

Sirius essuya du revers de la main la boue et le morceau de pelouse qui collaient à son blouson. Il ne décolérait pas. La bécane, quant à elle, se trouvait couchée sur le côté, à moitié vautrée dans un parterre de fleurs, peut-être des buissons décoratifs, il ne savait pas trop et, vu le pétrin dans lequel ils étaient jusqu'au cou tous les deux, il s'en contrefichait, à vrai dire. Il avait des bleus de toute part, une estafilade, un blouson abîmé, un jean troué. Mais l'aventure aurait bien plus mal tourner ; ils auraient pu tout simplement s'écraser à terre.

— Bon, j'ai pigé ! J'ai mal partout moi aussi, j'ai morflé, mon pote, grommela Ding en essuyant le sang qui coulait d'une coupure venant de son cuir chevelu. Et puis de quoi tu te plains, à la fin ? Tu voulais voler, nous avons volé ! Il s'est juste passé un truc bizarre, un trou d'air ou je sais pas...

— Un trou d'air ?! Tu appelles ça comme ça ? Mais c'est toi qui as de l'air dans la tête pour imaginer ça, oui ! On a failli tomber de la bécane ! Ne me dis pas que t'as rien ressenti ? Un trou d'air, ma parole...

Il s'en souvenait parfaitement. L'univers avait manqué l'engloutir. La nausée l'avait envahi. Tout cela en plein vol. Puis la chute...

Pourtant, tout avait plutôt bien débuté. Sirius n'étant pas majeur, il ne pouvait faire voler sa bécane sans s'attirer de graves ennuis de la part du Ministère de la Magie. Quelles en seraient les conséquences ? Peut-être passerait-il en jugement, peut-être lui retirerait-on le droit d'exercer la magie, en lui enlevant sa baguette, comme à Hagrid. Et s'il allait à Azkaban ? Sirius se révoltait à cette idée. L'enfermer, lui ? Jamais !

Mondingus avait trouvé une solution : lui, sorcier adulte, pouvait ensorceler la moto. Non, non, ça ne le gênait pas. En fait, ça l'amusait. En contrepartie, il demandait seulement à Sirius qui savait piloter l'engin de l'emmener faire un tour. Oh, il avait bien un rendez-vous pour une partie de cartes avec des potes, une histoire d'objets à miser, mais il n'était pas pressé. De fait, Mondingus n'avait pas confié à Sirius qu'il avait contracté de lourdes dettes de jeu et qu'il devait rembourser ses acolytes le soir même. Et cela ne le tentait guère. Il conservait avec lui certains petits ustensiles précieux, acquis souvent illégalement, dont il n'avait pas hâte de se défaire. Il les aimait trop. Enfin, il les appréciait car ces petites choses pourraient peut-être lui rapporter gros s'il réussissait à les refourguer aux bonnes personnes... Mais avant cela, il fallait déjà qu'il n'ait pas à les redonner à ses partenaires, évidemment. Alors, Ding, traînait. Et ce soir, il avait préféré l'aventure.

Surtout si un compagnon se présentait ! Plus on est de fous, plus on s'amuse !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mondingus Fletcher avait habilement jeté le sort. Ravi, Sirius avait enfourché la moto, Ding, derrière lui. Au début, leur vol avait été très sympa. Il n'y avait rien de commun entre planer sur un balai, une sensation que tout sorcier ou toute sorcière connaissait, et foncer dans le ciel sur un engin moldu motorisé ! Sirius ne savait comment qualifier cette expérience, mais une chose était certaine : il adorait cela !

La chouette noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant