4. Enchanté.

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( Phineas)

Phineas leva le nez en l'air, scrutant les profondeurs du jour finissant et du ciel. Un sort le protégeait en grande partie des gouttelettes fines portées par les rafales de vent sur la lande. Il suivit la route qui menait au presbytère. Soudain, il fit un bond en arrière : un gros objet tombait en piqué droit sur le jardin attenant à la demeure des Grave ! La chose ressemblait à une sorte d'oiseau au bruit mécanique qui aurait perdu tout contrôle. Bigre, ce machin allait s'écraser droit sur la terre avec grande force. Il réfléchit à peine et lança un sort afin d'empêcher l'objet de se fracasser à terre. La chose infernale alla terminer sa course dans un énorme bosquet décoratif. Un grand « Pouf » retentit suivi d'un long soupir. Puis d'une bordée de jurons malséants. Mélancthe qui volait un peu plus loin redescendit près de lui et émit un « Houhou » indigné.

— Je t'entends. Ainsi, il y avait des gens à bord de cet engin terrible... Moldus ou sorciers ? Je suis enclin à penser que des personnes de notre espèce auraient su lancer un sort pour amortir leur chute, tout de même, critiqua-t'il à mi-voix.

Il s'approchait de la demeure de ses plus proches voisins, le révérend Grave, son épouse Euphonia, leur jeune fille et leur filleule, une jeune veuve. La tempête redoublait et menaçait d'arracher son chapeau. d'un coup sec de sa baguette, il fit disparaître le sort qui le protégeait de la pluie ; il aurait paru suspect qu'il arrivât tout sec par un temps pareil. En effet, ni le révérend ni sa femme n'étaient des sorciers. Leur fille non plus, apparemment et Phineas s'en réjouissait ; il n'était guère un partisan des sorciers issus de familles de Moldus. Pour ce qui était de la filleule, par contre, c 'était une autre affaire.

— Nous arrivons, Mélancthe, fais-toi discrète !

La chouette lui retourna un regard quelque peu courroucé. Elle savait ce qu'elle avait à faire ; une bonne place l'attendait dans le haut de la grange des Grave. On y trouvait des souris et des mulots à profusion. Alors que Phineas et sa chouette se séparaient, le révérend Grave sortit sur le perron avec une lanterne. Après avoir enfilé son pardessus et de grosses bottes, il leva haut la lampe.

— Ah, c'est vous Phineas ! Vous êtes tout de même venu nous visiter par ce temps ! Vous avez bien du courage, mon ami !

Phineas ne dit rien des conditions météorologiques qui ne le dérangeaient pas tant que cela, finalement. Il salua son voisin.

— Bien le bonsoir, Tobias ! Je n'allais pas vous laisser surtout quand j'ai entendu...

— Ah ! Vous avez vu, vous aussi ! J'allais justement sur place ! Viendriez-vous avec moi ?

Le révérend se retourna vers le perron. Son épouse y était encore, un peu inquiète. Elle fit un geste de la main.

— Mes hommages, Euphonia, lança Phineas. N'allez pas prendre froid ! Nous allons simplement voir ce qui se passe !

— Vous me rassurez ! Je vais vous préparer du thé et une collation ! Venez vous réchauffer ensuite !

Et elle rentra aussitôt, refermant la porte sur le vent.

Les deux hommes se dirigèrent dans le soir vers le jardin. Phineas avait hâte de rencontrer les imbéciles sans cervelle qui avaient eu l'impudence de mettre en marche un engin volant. Sûrement l'une de ces inventions moldues nouvelles. Après les vélocipèdes, il y avait eu les trains ! Vraiment, cela n'avait jamais de cesse. Mais le révérend tenait d'autres propos.

— J'ai cru à une intervention divine, mon ami. Un signe du Ciel, peut-être.

Un instant, Phineas se demanda de quel ciel il pouvait parler et machinalement, il leva les yeux vers les nuages qui filaient dans le noir ; il se reprit. Bien sûr, Tobias Grave était un homme de Dieu.

— Ah. Vous croyez ? Fit Black en fouillant les buissons d'agrément des yeux. Il serrait sa baguette sous sa cape.

— Les voies du Seigneur sont impénétrables, reprit le révérend, en se signant.

Mais Phineas ne l'écoutait pas. Il avait aperçu un mouvement derrière la haie. Des hommes ! Deux silhouettes. Il se retint de braquer sa baguette sur eux.

— Votre lanterne, Tobias ! Là !

Le révérend faillit la lâcher en voyant les individus sortir de son jardin. Phineas lui attrapa le coude pour affermir sa prise.

— Hé, vous ! Avancez doucement dans la lumière que nous sachions à qui nous avons à faire ! s'écria-t'il d'une voix qu'il voulut forte.

Le révérend lui coula un regard admiratif. « Bien dit, Phineas ».

Les hommes marmonnèrent quelque chose d'indistinct entre eux que Phineas ne perçut pas. Une grossièreté de plus, sans doute.

— Allons, montrez vos faces !

Le premier, le plus grand, marchait en tête, sans peur. L'autre, petit, semblait vouloir se dissimuler derrière lui. Phineas fronça les sourcils en distinguant leurs vêtements boueux.

— Comme c'est étrange, murmura le révérend Grave. Ils doivent être de l'étranger. Sans doute du continent... Qui sait, de France, peut-être pour se vêtir de manière aussi extravagante ? 

Mais Phineas ne l'écoutait plus. Non.  Car lorsque le plus grand et le plus jeune homme du duo s'approcha suffisamment, il distingua  nettement à la lueur pourtant vacillante de la lampe  les traits de son visage. Ils lui étaient familiers. Très. A cet instant,  Phineas avait devant lui le portrait craché de son père,  jeune, Cygnus. Il en frémit. 

— Bien le bonsoir, je suis le révérend Tobias Grave, fit son compagnon.

— Enchanté.

Même la voix était troublante. Un Black. C'en était un.    

Mais que diable venait faire un Black ici dans ce jardin ? 






Phineas 


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La chouette noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant