1 - A la croisée des chemins

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 La nuit allait bientôt tomber et il commençait à faire frisquet. Mondingus revenait d'une journée bien chargée qui profiterait à ses affaires naissantes. Il pensa qu'il allait s'accorder un petit détour avant de rejoindre ses amis qui l'attendaient le soir même pour une partie de cartes. Il avait allumé une cigarette et cheminait donc nonchalamment le long d'une route moldue. Il avait le temps, il n'avait encore pas envie de transplaner. Et puis, il voulait avoir un moment pour fumer, une habitude qu'il avait prise dès son adolescence et qui ne le quittait plus.

Au bout d'un moment, il se rendit compte qu'il se trouvait vraiment à l'écart des Moldus et de leur bourdonnement incessant. Cela ne lui faisait pas peur. Mais il fallait quand même qu'il rejoigne la ville. Il haussa les épaules, songea à transplaner bientôt, mais eut envie d'une autre cigarette. En fait, il se retrouvait près d'une sorte de terrain vague ; ces endroits interlopes qui ne sont plus tout à fait la cité et pas encore la pleine campagne. La luminosité avait sérieusement baissé, mais cela lui semblait normal puisque le mois de décembre se terminait. Encore un peu et viendrait le cœur de l'hiver puis les sempiternelles fêtes de Noël.

Mondingus s'empara de sa baguette magique tout en la maintenant à l'abri des regards. Il paraissait être seul, mais il ne se fiait pas aux Moldus... Ils pouvaient surgir n'importe quand. Et ce serait un comble pour lui de se faire voir et sanctionner par le Ministère de la Magie pour avoir brisé le Code International du Secret Magique !

Le jeune escroc avait déjà eu maille à partir avec les instances juridiques des sorciers. Il n'oubliait pas qu'il devait sa liberté à Albus Dumbledore qui l'avait tiré de terribles ennuis alors qu'il était tout juste majeur. Mais ce n'était pas ce qui importait à Mondingus Fletcher pour le moment. Ce qui le tracassait provenait de l'ombre et... par Merlin en baskets ! Ça venait droit sur lui. Mondingus fit un bond de justesse dans le terrain vague, les doigts crispés sur sa baguette en hurlant des invectives. Le bolide avait surgi sans crier gare en pétaradant et en dégageant une grosse fumée noirâtre. Visiblement, le conducteur avait perdu le contrôle.

— Quel âne ! pesta Mondingus. Y a que les Moldus pour se mettre dans des situations pareilles avec leurs inventions ! Il va réussir à se tuer, ce con !

Sans aucune hésitation, Mondingus leva sa baguette et en douceur, stoppa l'engin dans sa course effrénée.

— Que Merlin me turlupine ! s'exclama-t-il entre ses dents. « Faut avoir un sacré pet à la casquette pour monter sur l'une de ces machines !

Inquiet malgré lui, Mondingus se rapprocha de l'imprudent conducteur. Tant pis, même s'il s'agissait d'un Moldu, il n'aurait qu'à lui effacer la mémoire par la suite. Il ne se sentait pas empli de scrupules envers quelqu'un qui, un peu plus tôt, lui fonçait dessus. Damnés Moldus !

Un jeune homme de haute taille, habillé d'un blouson de cuir moldu et d'un jean, ôta son casque, dégageant de longues boucles brunes. Il tourna la tête.

— Mais t'es pas bien ! T'as failli m'écraser comme un crêpe, mon gars ! lui lança Mondingus, un brin hargneux.

Le jeune homme considéra Fletcher de haut en bas.

— Oh, salut ! C'est donc à toi que je dois cette récupération inespérée, alors ?

Mondingus hésita. Il en profita pour regarder d'un plus près ce godelureau qui tombait du ciel : malgré ses vêtements moldus et son voyage aérien, il avait une apparence soignée. Peut-être que ce gars était le fils d'une famille pleine aux as qui ne manquerait pas de le récompenser pour avoir sauvé l'héritier. Même les Moldus sont pleins de surprises, et allez savoir, le destin tournait peut-être enfin en sa faveur !

— C'est bien moi, répondit Ding en pêchant une nouvelle cigarette dans le paquet presque vide. T'as failli te rompre le cou par la même occasion, t'sais.

— Je t'en dois une, alors.

Le type s'avança et Mondingus put constater à quel point il était jeune — mais grand. Il lui tendit la main.

— Moi, c'est Sirius, Sirius Black. Tu veux du feu ?

Il était du genre beau gosse ; encore un qui ne devait avoir aucun mérite à trouver des partenaires, même des deux sexes, et qui devait frimer devant ses copains ! Mondingus détestait ce genre de personnes. Il avait quelques potes de ce style, il n'aimait pas trop traîner avec eux. En comparaison, lui, petit, mal fagoté, peu musclé, n'avait aucune chance face à des gabarits comme ça. Il grommela en retour :

— Ah. Salut. J'suis Mondingus Fletcher. Mais mes amis me nomment Ding.

— Enchanté ! Le regard du jeune homme se posa sur la baguette que Mondingus, dans sa précipitation, n'avait pas lâchée : — Et heureusement pour moi, tu es un sorcier !

Ding réalisa sa bévue. S'il avait eu affaire à un Moldu, il aurait eu de gros soucis. Il préféra donner le change.

— T'es un marrant, toi ! Tout à l'heure, tu étais sur cet engin infernal à foncer comme un damné et là, tu...

— Encore désolé. Je sais pas ce qu'il m'est arrivé en cours de route... Il balaya les alentours du regard et fit, concerné : — Je sens l'air de la mer. Je suis rendu où, exactement ?

— T'es près de Blackpool, mon gars !

Sirius esquissa un sourire ironique.

— Blackpool pour un Black, c'était prédestiné ! Non, j'exagère. Je devais aller dans le Surrey. Je suis complètement paumé, du coup. Et mon pote, qui est prévenu de mon arrivée, va se demander où je suis. Oh, la poisse ! Je déteste ça... James va m'en vouloir.

Mondingus hocha la tête. Il respectait cela. Déjà, ce jeune remontait dans son estime. Riche, peut-être, de famille de Sang-Purs, sûrement, mais pas un de ceux qui vous crachent dessus comme il en avait croisé trop souvent, à Poudlard pour commencer. Il posa donc la question qui lui brûlait les lèvres :

— J'peux te demander c'que tu fais là, sur cet engin volant, tout seul comme ça ? À première vue, même si c'est pas mes oignons, t'es un peu inexpérimenté pour vadrouiller en solo.

— Non, t'as raison. Je suis pas encore majeur. Sirius hésita à peine : — J'me barre de chez moi. J'en peux plus, en vérité. Mon pote James, enfin, ses parents vont m'héberger un temps.

— Hum. C'est bien c'que j'me disais.

Il chercha le nom de famille que le jeune lui avait donné. Un nom prestigieux. Une famille de Sang pur bien connue. Pas Malefoy, pas Lestrange... Oh, oui : Black, bien sûr ! Ceux-là ! Le gratin. Après tout, si on pouvait les appeler comme ça. Ils avaient tout de même une sale réputation. La crème de la crème — version glauque.  

  

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La chouette noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant