L'amour, ça craint !
Max
8 ansElle est tellement belle. Sa longue robe vert sapin rappelle la couleur de ses yeux.
Je pourrais la regarder se maquiller durant des heures : il y a quelque chose d'ensorcelant dans sa façon d'appliquer ce blush pêche sur ses pommettes, ce rouge à lèvres carmin sur sa bouche, ce mascara noir sur ses cils épais.
Comme les fées des histoires qu'elle me racontait quand j'étais plus petit, maman rend tout magique.
De toutes ses couleurs, elle parvient à égayer le plus sinistre des endroits.
Quand elle est là, notre maison me semble moins grande, moins grise, moins « musée »
Rejetant ses boucles brunes dans son dos, elle me lance un petit coup d'œil par-dessus son épaule.
Et elle me sourit.
De ce sourire vrai et éclatant qui fait battre mon cœur.
— N'as tu pas passé l'âge de regarder ta mère s'apprêter, petit diablotin ?
Suspicieuse, elle plisse les yeux, et ajoute :
— À moins que tu ne sois venu me rapporter une énième de tes bêtises ? Confesse-toi avant qu'il soit trop tard, Max.
Main derrière le dos, je croise les doigts pour que mon mensonge ne compte pas et remue la tête de droite à gauche, défiant son air sévère.
— Je n'ai rien fait !
Maman pousse un soupir de soulagement avant de se concentrer une nouvelle fois sur le reflet que lui renvoie le miroir.
En entendant les pas de mon père dans le couloir, je remarque le visage de sa femme se métamorphoser.
Et la fée troque ses ailes contre une muselière.
À présent ses couleurs ne suffisent plus à illuminer notre salle de bain en noir et blanc et aux murs trop brillants.
Vêtu d'un trois pièces gris impeccablement repassé, papa me contourne sans même m'accorder un regard, puis se glisse derrière elle.
Je retiens mon souffle, effrayé à l'idée que l'une de mes respirations trop bruyantes l'agace.La dernière fois, il s'est fâché très fort parce que je parlais la bouche pleine. Depuis, on ne partage plus de repas en famille. Seulement quand on reçoit, et je déteste toujours ces moments où je dois prouver à nos invités que je suis un garçon bien éduqué.
En général, je mange seul ou avec Loïs, notre gouvernante. C'est elle qui est chargée de me surveiller quand mes parents s'absentent, comme ce soir.
Papa dépasse maman de deux bonnes têtes. Il faut dire qu'elle est toute petite et lui, très grand. D'ailleurs, il caresse maintenant sa joue avec l'une de ses mains de géant.
Le visage de ma mère prend la teinte de la porcelaine, ses yeux paniqués cherchant à fuir ceux de mon père qui la toisent dans le miroir.
D'une main tremblante, elle range ses accessoires dans une petite trousse lorsque papa maintient fermement son poignet, au point d'en faire blanchir le bout de ses doigts.
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The Broken Soul /3 ( sous contrat d'édition )
RomanceFall Davies, infirmière, maladroite et bonne poire n'avait jamais menti de toute sa vie. Sauf peut-être pour taire les interrogations incessantes de ses sœurs aux allures de pestes, et de sa mère exigeante. Mais cette fois, c'est le mensonge de trop...