The Broken Soul /3 ( sous contrat d'édition )

Chapitre quatre

Un éléphant rose
Max

— Et ça, c'est la tour de Pise. T'as vu, elle est toute penchée. Oh, ce n'était pas voulu, mais aujourd'hui elle est célèbre dans le monde entier...

Bla, bla, bla.

Ce n'est pas que je me fiche de l'histoire, de la construction bancale de ce monument inutile, des voyages autour du monde de Sarah, ou de sa photo clichée et ridicule copiée sur un million de touristes, mais putain, je regrette l'époque où elle n'était capable d'articuler que des monosyllabes.

Tu ne joueras plus

La sentence de mon quarterback et meilleur ami est tombée comme une enclume sur ma tête.

La confirmation du médecin qui a suivi a terminé d'achever l'homme que j'étais.

Tout ça à cause du choc sur ma tête. C'est rien qu'une commotion cérébrale, je ne vois pas pourquoi tout le monde en fait toute une histoire.

— Vous pourriez finir handicapé... Je regrette, ma conscience professionnelle ne me permet pas d'autoriser votre retour sur le terrain.

Rien à foutre de son avis, à ce médecin pourri et de sa conscience professionnelle de merde.

Qu'on me laisse jouer, je n'ai qu'à en crever.

Évidemment, je l'ai soudoyé.

J'ai tenté les yeux de cocker, proposé une somme colossale d'argent et il me semble même avoir suggéré de lui tailler une pipe.

Face à mon déni évident, le médecin a sorti les images de mon scanner avant de m'expliquer :

— L'éclat métallique a traversé plusieurs couches de tissus et transpercé certains de vos organes vitaux avant d'effleurer votre colonne vertébrale. C'est ce qu'il y a de plus préoccupant. La moindre pression ou impact sur cette zone pourrait endommager la moelle épinière et entraîner une paralysie partielle voire totale...

C'est à ce moment que le coach Hawkins est intervenu.

— C'est fini, mon garçon. Quoi qu'il arrive, t'es viré.

Je l'ai regardé droit dans les yeux, à deux doigts de lui bondir dessus. Ce lâche fuyait mon regard meurtrier.

Des années à me construire une carrière, à me buter au sport et à suivre des putains de restrictions alimentaires, des centaines de fou rires dans les vestiaires, des larmes de sang sur mes adversaires, des milliers de genoux écorchés, un milliards de cris de supporters emmagasinés, des billions de coups de sifflet, des ballons de football dédicacés mais surtout, un nom, le mien : O'Donnel. Tout ce temps passé à remplacer le visage de mon père dans la tête des New-Yorkais. À faire parler de moi, des meilleures et des pires façons qui soient. À m'imposer dans des dizaines et centaines d'articles pour que mon géniteur, qu'importe son succès, vive à jamais dans mon ombre. Je n'étais plus le fils du riche et célèbre homme d'affaires, il était le père de l'un des meilleurs joueurs d'une équipe phare de la NFL.

Tout ça pour qu'on me vire de l'équipe, parce qu'une mauvaise chute pourrait potentiellement me transformer en légume ?

Spoiler alerte, bande de connards : une mauvaise chute peut buter n'importe qui.