The Broken Soul /3 ( sous contrat d'édition )

Chapitre trois

Mon nouveau mec est parfait
Fall

Le soleil se couche derrière les bâtiments en briques rouges qui bordent la ruelle étroite dans laquelle nous nous enfonçons. Un courant d'air froid m'encourage à serrer les pans de mon manteaux contre moi et Summer presse le pas, me traînant derrière elle tandis que j'observe les devantures des boutiques prématurément décorées pour Halloween.

À l'angle de la rue, je reconnais le restaurant préféré de ma mère. J'ai moins à dire sur lui que sur la petite librairie qui lui fait face, dont la vitrine est alimentée de livres anciens et de curiosités. Deux étudiantes dans leur tenue d'académie s'y engouffrent, de jolis sourires flottant sur leur lèvres.

En pénétrant à l'intérieur du restau, la vague de chaleur contrastant avec la température extérieure me fait tourner la tête, je pose mes mains gantées sur mes joues anesthésiées par le froid.

J'ai hérité de la peau pâle et sensible de mon père, des caractéristiques qu'il tient de ses parents irlandais.

Vêtue d'une élégante robe bordeau, ma mère se lève de sa chaise en ouvrant ses bras à Summer, le visage illuminé de fierté. Mon père m'offre un sourire bienveillant, aussi chaleureux que le roux flamboyant de ses cheveux.

— Ah, ma fille adorée ! s'enthousiasme-t-il.

C'est subtil, mais je remarque le léger tressaillement sur le visage de ma sœur aînée.

Je suis certaine que mon père ne le fait pas exprès, mais après ce qui m'est arrivé au lycée, il a commencé à me porter une attention plus poussée que celle accordée à mes sœurs. Je suis devenue la préférée de papa. Winter, elle, a toujours été la favorite de ma mère. Quant à Summer...

Summer a décidé de se choisir elle-même. De devenir la meilleure, de forcer l'adoration, et si ça ne fonctionne pas, l'admiration. Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, elle s'en fiche. Tout ce qui compte, c'est qu'on parle d'elle.

Alors que je m'approche pour saluer Winter, elle me repousse d'un regard dédaigneux.

Elle au moins, elle ne fait pas de différence. Elle méprise autant Summer que moi.

Et le reste du monde, d'ailleurs.

De nous trois, c'est sûrement elle qui porte le mieux son prénom.

Summer s'installe face à ma mère, et j'observe les femmes de ma famille. Leurs similitudes me frappent.

Cheveux blonds polaires, nez retroussé, et élégance innée sont autant de caractéristiques que je ne partage pas avec elles.

Cesse de te comparer !

Quand j'étais petite, Summer aimait me faire croire que j'étais adoptée. Un sourire s'invite sur mes lèvres à ce souvenir amusant. La peste était passée à un cheveux de m'en convaincre.

***

— ... Richard doit être dévasté, lance ma mère. La mort de sa femme, puis l'accident de son fils prodige qui fait la une des journeaux, ça fait beaucoup à encaisser pour un seul homme.

J'observe mon père et m'agace de l'indifférence avec laquelle il l'écoute parler de cette famille. Je suis certaine que ma mère s'amuse à raconter qu'elle était, fut un temps, proche des O'Donnel.

En fait, elle serait même capable de faire parvenir des fleurs au père de Max en espérant qu'il tombe amoureux de sa fausse compassion.
Et tout ça sous les yeux de son mari laxiste et impuissant.

Tout pour la gloire, Ellen. Tout pour la gloire...

Si je n'étais pas effrayée à l'idée qu'elle colporte des ragots, je lui aurais dit que son fantasme en costume bien taillé n'est pas venu rendre visite à son fils une seule fois.