[San]
Je marchais tranquillement vers le dortoir quand une main se posa sur mon épaule. Je crus que c'était le garde du corps qui m'avait rejoint mais je fus surpris quand je vis la chevelure bleutée de Yunho apparaître à ma droite.
- Ça va San ? me demande-t-il, visiblement inquiet par mon départ précipité.
- Ça va, j'essaie de ne pas trop me prendre la tête avec tout ça..
Yunho savait que je passais une rude période. Mon grand-père était à l'hôpital depuis une semaine déjà et son état ne faisait que s'aggraver.
Aujourd'hui à la pratique, je faisais de mon mieux pour garder le rythme, mais je n'arrivais pas à apprécier mes performances. Je pensais sans cesse à ma famille et être loin d'eux dans ces temps difficiles m'est insupportable.
- Ça va s'arranger tu verras, m'assure-t-il en posant un regard compatissant sur moi.
Je le remercie et nous faisons notre entrée dans la bâtisse.
Yunho est toujours là quand j'en ai besoin. Il est le mieux placé pour savoir que mes nuits se font courtes ces temps-ci vu que nous cohabitons dans la même chambre.
J'ai l'esprit complètement ailleurs même si j'essaie de me concentrer à cent pour cent dans ce que j'entreprends.
Nous marchons en silence jusqu'à la porte du dortoir, mais avant que Yunho ne l'ouvre il me lance :
- Il t'attend.
Je tourne la tête vers lui, perdu.
- Qui ça ?
Yunho n'eus pas le temps de me dire de qui il s'agissait que je le découvris par moi-même en ouvrant la porte.
Mon père se tenait dans l'embrasure de la porte menant vers la cuisine, les bras croisés et le visage fermé.
Nous fîmes tous deux notre entrée dans le dortoir.
- Bonjour père, dis-je en m'inclinant sentant son regard froid sur moi.
Yunho ne prit même pas la peine de le saluer, beaucoup trop intimidé par mon paternel.
- Je vais vous laisser, dit Yunho visiblement mal à l'aise de voir mon père lui lancer un regard aussi sévère.
Ce dernier hocha la tête satisfait.
On se retrouvait maintenant seul à seul.
- Hongjoong m'a ouvert, me dit-il pour expliquer sa présence dans le dortoir.
J'acquiesçais même si ça m'était complètement égal la façon dont il a pu entrer ici.
Nous n'étions pas en très bons termes. Il m'avait empêché de prendre congé pour prendre soin de mon grand-père. Les concerts approchent à grand pas et il savait que de le voir dans cet état-là allait me chambouler. Mon père ne voulait pas risquer que je gâche ma carrière avec Ateez, mais ça me faisait encore plus mal de ne pas le voir.
J'avais très peu de nouvelles de lui, j'avais besoin de savoir.
- Comment va grand-père ? demandais-je sans le regarder.
Mon père se crispa et se passa la main dans les cheveux.
- San je..
Quelque chose n'allait pas.
Je relevais les yeux et vis une larme solitaire roulée sur sa joue.
Mon père ne pleurait jamais.
Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils d'incompréhension.
- Je suis désolé.. déglutit-il.
Son expression brisée me fit réaliser le pire.
Mon monde venait de s'écrouler, mes jambes n'arrivaient plus à me soutenir.
Je m'écroule au sol complètement impuissant par la nouvelle que je venais d'apprendre.
Mon cerveau ne voulait pas l'assimiler.
Je tremblais comme une feuille quand mon père s'approcha pour m'enlacer.
Je le repoussais avec le peu de force qu'il me restait, je le haïssais trop.
Il n'insiste pas et recula. Je n'avais pas la force de le regarder dans les yeux, j'étais trop abattu et en colère contre lui.
- Comment as-tu pu m'empêcher.. crachais-je au sol.
Je fus coupé par l'émotion et commença à frapper le sol.
- Il avait besoin de moi, grand-mère avait besoin de moi ! criais-je au bord des larmes.
Je ne pouvais pas pleurer devant lui, je ne pouvais pas me montrer vulnérable.
Une boule s'immisça dans mon ventre et j'avais l'impression qu'elle ne partirait jamais.
J'avais si mal.
Il se releva et marcha vers la sortie, comprenant que sa présence m'était insupportable.
Mon père se tourna vers moi juste avant de passer la porte.
- Les funérailles auront lieu dans deux jours, je t'enverrai les informations.
Je déglutis. C'était beaucoup trop tôt.
J'en avais assez entendu, j'avais besoin de respirer.
- Sort, dis-je.
Je l'entendis se résigner et fermer la porte pour venir me consoler.
- San... murmure-t-il en s'approchant de moi.
- Sort ! criais-je.
Je ne voulais plus le voir et il l'avait compris.
J'entendis alors la porte claquer, il était parti.
Toutes les émotions que je refoulais devant lui étaient maintenant libre.
Je fondis en larmes.
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