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Chanel

La lune monte doucement dans le ciel, les étoiles se mettant à scintiller à l'unisson avec elle. La ville en bas, devient de plus en plus occupée à mesure que les travailleurs rentrent chez eux ou sortent dîner en ville.

Assise à ma fenêtre, j'admire ce beau spectacle comme je le fais tous les soirs en rédigeant le résumé de ma journée dans mon journal.
C'est ce que font la majorité des jeunes collégiennes, raconter leurs secrets et leurs amourettes à l'écrit en commençant par « cher journal intime », sauf que moi, je le fais pour pouvoir les raconter à ma mère, plus tard lorsque j'irai lui rendre visite au cimetière.

J'aurai qualifié mon histoire de tragique ou encore de dramatique, parce que déjà, je n'ai jamais connu mon père; je fais partie de ces enfants non désirés par leurs pères avant même la naissance, et qui ont grandi en pensant qu'ils avaient fait quelque chose de si horrible que ça a fait fuir ce géniteur. Par ailleurs, ce qui nous mène à la seconde raison, ma mère m'a élevée seule, comme elle a pu. Elle s'appelait Merryl, et elle était caissière dans une supérette et nettoyait les locaux d'un bureau d'avocats tard le soir pour pouvoir subvenir à nos besoins tout en m'envoyant à l'école.

Ma mère avait une qualité qu'on lui enviait, elle n'a jamais cessé de m'encourager, que ce soit lorsque j'avais soudainement décidé que je serai une grande chef lorsque je serai grande, ou encore que j'ai soudain décidé de l'aider financièrement pour alléger tout son travail. Tout ça était bien beau, et je l'ai aidée comme j'ai pu, mais elle a malheureusement succombé de surmenage il y a moins d'un an maintenant.

Depuis, j'ai été recueillie par l'orphelinat de l'église à laquelle on priait tous les dimanches, et je suis logée et nourrie jusqu'à ce que je soit capable de subvenir à mes besoins seule, même après mes dix huit ans, qui approchent à grand pas.

Je montre ma redevance envers les sœurs chaque jour: je fais le ménage, j'aide en cuisine et je suis volontaire pour prendre soin des plus jeunes enfants.

Un klaxon strident retentit en bas, et j'observe avec un sifflement deux voitures qui se sont heurtées, les conducteurs se hurlant dessus mutuellement pour accuser l'autre.
Je ferme la fenêtre; tire les rideaux, et branche mon casque MP3. Je termine de raconter comment j'ai confronté un professeur qui s'est montré trop insistant, puis referme mon journal, non sans ma phrase fétiche.

« Ne t'en fais pas pour moi maman. J'espère que tu veilles sur moi, comme je pense à toi tous les jours. Tu me manques, et il me tarde de te revoir. Bisous, Chanel ».

Je range ma chaise, débarrasse le bureau puis retourne à la fenêtre pour observer une dernière fois le boulevard de Santa Monica sous le clair de lune.
En face de ma fenêtre, en bas, se dresse un chemin étroit qui se fraie entre un fast food et la boutique de friperie vintage d'une gentille dame; là, j'aperçois une grande ombre, que j'imagine un moment m'observer, puis qui disparaît en un clignement d'yeux.

Je me frotte les yeux, et décide de ne plus y penser. Il est vingt-deux heures et demain j'avais prévu de me rendre au cimetière très tôt avant de me rendre en cours. Je me débarrasse de mon pull, glisse sous les draps et plonge la pièce dans le noir.

Je presse le pas à la sortie du cimetière.
J'ai longuement parlé avec maman, je lui ai fait part de mes inquiétudes, de mes nouvelles aspirations, et aussi du rêve que j'ai fait avant de venir la rejoindre dès le saut du lit.
Entre-temps, j'ai changé son bouquet de fleurs, et ai également déposé quelques offrandes.

J'aurai aimé rester un peu plus longtemps avec elle, juste pour m'asseoir a côté de la pierre tombale et regarder la ville se réveiller, mais j'avais un mauvais pressentiment. Je me sentais observée, et maintenant, suivie.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 05, 2022 ⏰

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