Bittersweet (- T3 chez les Desert Devils -)

~ Chapitre 2 : Non, pas eux ! ~

~ Chapitre 2 : Non, pas eux ! ~

(- Vendredi 21 juin 2019 -)

Je manœuvre délicatement la poussette pour franchir le seuil de la porte d'entrée principale afin de ne pas réveiller mon fils. Il aime bien faire les courses avec moi, mais quand vient le moment de rentrer à la maison, pour ainsi dire à chaque fois, il s'endort durant le trajet de retour.

Mon petit bonhomme reçoit toujours beaucoup d'attention et en prend plein les mirettes quand on se promène en ville ensemble. Ses boucles blond foncées, ses grands yeux bleus lagon, son sourire mutin et son petit air canaille, font fondre tout le monde sur son passage. L'inconvénient, je passe deux fois plus de temps dans les rues et les rayons des magasins à faire des politesses à des gens, qui ont fini par ne plus être des parfaits inconnus, qu'à faire mes achats à proprement parler.

Je me dois de faire dans le social. Tatie tient un commerce et je ne peux me permettre d'offenser de potentielles nouvelles clientes et je me dois de rester aimable et souriantes avec celles qui me connaissent déjà et adorent avoir l'occasion de faire faire risette à mon petit garçon.

Même mes tatouages visibles, qui récoltent pourtant plus d'un regard réprobateur ou d'incompréhension et pas juste que de curiosité, ne sont pas un frein au genre de comportement un peu trop tactile à mon goût de certaines personnes.

Adam attire les gens comme un aimant et je le comprends. Il est mon rayon de soleil à moi aussi. Du haut de ses trois ans, il réchauffe le cœur de n'importe qui avec ces grands yeux rieurs et ses joues rebondis.

Je tente de refermer correctement la grande porte en bois, mais force est de constater que le verrou est toujours aussi récalcitrant. Il faut soulever un peu le lourd battant de gauche afin d'aligner au mieux les deux portes et tourner la grosse clé simultanément. Pas évident quand on a les bras chargés de courses, alors j'avance d'abord jusqu'au pied des escaliers, dépose ma charge contre la poussette de mon bonhomme, profondément endormi et reviens sur mes pas pour m'assurer que personne ne peut entrer pendant que je monte mon fils à l'étage en laissant nos courses en bas, sans surveillance.

Cela m'est déjà arrivé de découvrir, à mon retour au rez-de-chaussée, que quelqu'un se soit introduit ici, dans l'espace commun, pendant mon absence et me dérobe une partie de ce que je venais d'acheter. Depuis, je vérifie toujours que la porte soit bien verrouillée avant de monter mon petit bonhomme et redescendre récupérer nos cabas plein de provisions.

Après avoir mis mon sac à main en bandoulière dans le dos, défait les clips de la ceinture de la poussette, afin de libérer mon fils, puis pris mes clés dans ma main droite, je glisse mon bras droit sous ses petites jambes et ma main gauche dans son dos afin de le soulever dans mes bras.

Sa tête dodeline légèrement avant de se poser contre ma poitrine devenue plus généreuse depuis ma grossesse.

J'escalade les marches qui me mènent à notre étage en prenant bien soin de poser mon pied au centre de chacune d'elles. Je ne peux me permettre de perdre l'équilibre ou de rater une marche avec un si précieux chargement.

Heureusement, Adam a le sommeil profond car le cliquetis des clés qui s'entrechoquent au moment ou je déverrouille la porte de l'appartement, ne le fait même pas réagir.

J'ai à peine eu le temps de refermer la porte de notre chambre après l'avoir couché sur son lit que j'entends des voix provenir du palier et une autre clé s'introduire dans notre serrure.

Bizarre, il n'est pas encore midi et demi pourtant.

— Entrez et posez ça ici, nous rangerons tout après. Merci. Installez-vous au salon, pendant que j'emporte les produits frais à la cuisine, propose ma tante à je ne sais qui, mais ils ont apparemment monté nos provisions.