DEUXIÈME GRAIN
"Les ondulations d'argent
du ver de sable"Paul est dans un rêve. La texture de l'atmosphère lui rappelle la soie que portait auparavant sa mère. Elle glisse sur ses doigts comme le sourire de l'inconnue. Elle porte une robe orange qui embrasse ses courbes.
Elle se détache de lui avec un rire. Paul a l'impression qu'il se sépare d'un baiser qu'il n'a pas encore eut la joie de goûter. Il rabat sur son crâne ses boucles sombres d'une main de nacre. Héritage Atreides. Ses yeux azur observent ce petit monde.
Le parfum du mélange flotte contre le plafond lambrissé. La pièce est octogonale. Sur les murs cavalent de splendides azulejos. Une mare accueillent des nénuphars. Des grenouilles de marbre crachent des jeux d'eau. La surface clapote. Plus abondante qu'elle ne l'est sur des kilomètres de sa planète de sécheresse.
Rien de semblable chez les Fremen ou... chez lui. Pourtant il peut donner un nom à ces ornements. Comme les stalactites en nids d'abeilles des colonnes. Des cascades de mosaïques figées et renversées. Un palais légendaire. Peut-être la structure de son futur domaine ? Ce qu'il en imagine.. sans la haine entachée de ses ennemis.
Le visage de la fille coupe sa vision. Elle est nus pieds. Du henné enjolivent ses orteils. Des points bordeaux embrassent son coup-de-pied. Elle sent le lait à la cannelle. Il a envie de la toucher. Elle irradie d'un halo doré. Des bracelets tintinabulent sur ses chevilles et ses bracelets. Ils portent le bruit des armes qui s'aiguisent.
- Tu as de magnifiques yeux azur,
lui dit-elle de son sourire éblouissant.
- N'avons-nous pas tous ces yeux, nous autres marcheurs du désert ?
- De là où je suis, je ne les vois jamais. Je suis trop haute dans le ciel pour voir les lapis-lazuli qui se cachent dans les orbites humaines.
Paul se demande ce qu'elle incarne dans son esprit. Quel désir se cache sous ses membres souples ? Quelle tendresse caresse le creux de ses pensées ? Quelle denrée du savoir représente-t-elle ? Une beauté, une renaissance qu'il ne peut que contempler.
- Comment tu t'appelles ? demande-il en se redressant.
Un coussin se forme dans son dos. Une aiguillère aux motifs dorés dépose un arôme de menthe sucré sur l'aile de son nez.
- Mirage.
- Et, en es-tu un ? articule-t-il avec un sourire infime.
Un sourire sur ses lèvres. C'est rare. Aussi rare qu'un Harkonnen saint d'esprit. Non. Il ne veut pas penser à eux. Pas à ses traîtres. Il ne veut se consacrer qu'à cette jarre de poison que ses idées lui ont confié. Cette fille de l'inconnu.
Mirage ondule comme un serpent jusqu'à son visage. Leurs nez se frôlent. Un vent chaud les tissent entre eux. Il a besoin de ses lèvres sur les siennes.
- À toi de me le dire Muad'Dib,
sussure-t-elle précieuse comme un écrin.
Elle glousse. Des grains cascadent quelque part. La pièce lui répond. Il se sent enfermé dans un sablier. C'est agréable. Comme s'enfoncer endormie dans une cuve de sable mouvant.
Il tend sa main vers elle. Il ne la touche pas encore. Il n'ose pas. Il veut profiter. Il a peur qu'elle be s'effrite dans les courants de sa mémoire. Et si ça arrive, comment la retrouverait-il ? Il frole à peine sa joue.
- Si tu es bien un mirage, j'aimerais que tu sois uniquement le mien.
- Même si je t'amène à ta perte ? Âme abandonnée sur les rivages de mon cœur.
Il baisse sa main. Il sent une douleur lui prendre l'estomac. La souffrance est similaire au jour où il a comprit qu'il ne serait jamais plus simplement Paul Atreides. Aussi intense que le Gom Jabbar, elle explose sa conscience en éclats de sang.
- D'après moi tu aimes la musique.
La douleur disparaît. Elle s'efface telle la poussière ratissée par une porte ouverte. Mirage penche sa tête de côté. Sa chevelure rebondie, un rideau d'encre.
- C'est vrai, dit-il, mon maître d'armes chantait. C'était un vrai poète.
Les yeux de miellent se plissent en croissants riants.
- Veux-tu que je danse pour toi, Muad'Dib ? Je pourrais apaiser tes péchés et écouter tes peines.
Paul s'amuse. Il se sent léger.
- Si j'écoutais l'entraînement de ma mère, elle me dirait de ne surtout pas faire confiance à quelqu'un capable de se proposer à porter un tel fardeau.
Mirage se lève. Elle fait rouler ses hanches jusqu'à un espace vide. Il aperçoit les muscles de son dos derrière le voile orange. Elle redresse un genou. Elle joint ses doigts comme des bourgeons. Son menton glisse sur son épaule alors qu'elle se tourne à demi vers Paul.
- Mais ta mère n'est pas là, prophète,
chuchote-t-elle avec un sourire qui s'envole en papillons.
- Alors tu connais ma réponse, Mirage.
"Elles me rappellent les larmes
de ton esprit infranchissable"
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𝕸IRAGE ━゙PAUL ATREIDES (dune)✔
Fanfic3 chapitres DUNE - paul atreides est dans sa tente, il fait un rêve. chaque être possède une tasse de désir qui coule dans sa trachée comme du poison. " C'est que le prophète est reveillé " - Mirage aesthetic premier grain - deuxième grain - tr...