Chapitre 2

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Thème : le mot "toilette"


Je me réveille doucement. Le sol est dur et j'ai froid. Où suis-je ? J'entends une respiration. La mienne ? Non, elle n'est pas en raccord avec ma propre respiration. Elle vient de au-dessus de moi. D'ailleurs je sens la chaleur du soleil sur mes mains et mes chevilles mais pas sur mon visage.

J'ouvre les yeux à demi pour ne pas me prendre le soleil dans les yeux.

Je vois une forme au-dessus de moi. Un arbre ?

Mes yeux s'habituent petit à petit à la lumière et je les ouvre totalement. Je le vois, il me regarde avec curiosité mais il a tout de même peur de moi, comme hier.

- AAAAH ! MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS LA ?

Je me souviens tout à coup de où je suis. Je me souviens d'hier soir dans la salle à manger, puis dans la cuisine, puis ici et... j'ai dormi ici ? Le vol et mes émotions m'ont vraiment fatigué...

Je n'ai pas rêvé.

Je me mets assis, un mal de dos me prend. "T'es plus tout jeune !" me dirait mon pote Félicien de la fac. Il a peut-être raison... 24 ans, c'est vieux ? Le soleil est déjà assez haut dans le ciel, il ne va pas tarder à être midi, j'ai dormi combien de temps ? Quand est-ce que j'ai mangé pour la dernière...?

Ne divague pas trop Kenzo !

- Tu connais cet endroit ?! je lui demande en m'affolant

C'est pas un lieu pour les enfants de son âge, c'est dangereux : s' il ne sait pas nager, il peut se noyer ; il y a aussi des bêtes sauvages ! Comment ma mère peut le laisser ici ? Elle est pas un peu folle ! A son âge, je ne venais pas... Ah. Si. Je venais ici tous les jours. Et je dormais dehors aussi. Pourquoi cela me semble si dangereux pour lui ?

- Tu devrais rentrer, ce n'est pas un lieu pour toi, ici.

Il me regarde, avec ses grands yeux. Curieux mais effrayé. On dirait une vraie bête sauvage mais en mignon, la bave en moins.

- C'est maman qui t'as fait voir cet endroit ?

Il ne répond pas. Je me redresse pour me mettre debout, il recule d'un pas. Pauvre petit. Hier, il avait déjà peur de moi et ce matin je lui crie dessus. Je ne sais même pas si je veux qu'il reste ou pas. Je suis perdu.

- Tu es venu tout seul ? Tu es venu jouer hier déjà ? l'interroge de d'une voix, que j'essaie, la plus calme possible.

Il ne me répond pas, et fait demi-tour vers le ruisseau. Est-ce qu'il peut m'entendre ? Est-il muet ? Il a réagi tout à l'heure quand j'ai crié ? Je ne sais plus... Je n'ai pas vraiment fait attention à lui, je me réveillais...

Je l'observe aller à ses occupations. Dirigé vers le ruisseau, il prend un gros cailloux et le jette dans l'eau. Ca fait un gros "SPLASH", et le petit se met à rire, d'un rire beau et joyeux comme s' il n'avait rien vu d'aussi drôle.

Le voir, là, à rire, me donne une montée de nostalgie. Comme la veille au soir, je repense à tout ce que j'ai fait près de ce ruisseau. Les jeux, comme les conneries. A mes découvertes qui me semblaient historiques et dont j'étais si fière ! A mes siestes, mes lectures, mes désirs, mes rêves, mes joies, mes peurs... Cela faisait longtemps, trop longtemps, que je n'y avais pas pensé. Ses souvenirs n'étaient pas oubliés mais plutôt perdus, et maintenant retrouvés.

Je me reconnecte à la réalité et je vois encore ce petit garçon tout content de jeter des cailloux dans l'eau ! En l'observant, un peu plus, je me rends compte qu'il est sale et plein de boue. Sur le visage, les vêtements... D'ailleurs, ces derniers ont l'air vieux et pas en bon état. Comment était-il habillé hier ? A-t-il pris une douche entre hier soir et ce matin ?

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 23, 2022 ⏰

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Le petit bonhommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant