𝐈𝐈. 𝐋'𝐄́𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞

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Je n'ai jamais eu aussi mal à la tête de ma vie.
Elle est toute comprimée, ma vision est floue, et mes yeux rougis par la douleur.

J'ai l'impression que l'on me compresse le crâne, qu'on me déchire l'esprit en deux.
Depuis l'autre bout de la classe, Noémie semble s'être rendue compte de mon mal-être. Elle me lance de temps à autres des petits coups d'œil inquiets.

C'est cette histoire avec Kaya qui m'a pris la tête. Voir cette fille a le don de me faire stresser, elle et ses reproches, elle et ses commentaires désagréables.

Elle et ses remarques de petite justicière.

Edgar ne s'est pas montré en cours de maths, c'est dommage, on aurait peut-être eu la chance de pouvoir tourner une séquence numéro deux des aventures de Mister Reptilien. Si ça se trouve, il est planqué aux toilettes.

Moi aussi, j'aimerais bien y être planquée, actuellement. Mon mal de crâne n'arrête pas de s'intensifier, je n'entends plus et ne perçois rien distinctement, la tête entre mes bras, posés sur le bureau, j'essaie de diminuer cette douleur profonde. Tout semble engourdi autour de moi.

— Ça va, Lou ?, j'entends au loin.

Je suis sûre que c'est mon professeur de mathématiques qui m'a fait la remarque, je sers les dents, inspire une fois, mais n'arrive pas à répondre.

— Je peux l'accompagner à l'infirmerie, si vous voulez ?!, s'exclame la voix de Noémie.

J'entends le professeur répondre quelque chose, et l'instant d'après, une main m'attrape le bras, me forçant à relever la tête.

J'ai envie de vomir.

Noémie plisse les yeux et m'aide à me relever en attrapant mes épaules.
Je titube.
Quel étrange sensation, j'ai l'impression de planer.

Mais au premier pas que je fais, un coup de marteau intérieur s'abat dans ma tête, me faisant revenir à la réalité.

— Allez, on y va, m'intime Noémie.

Je la suis en évitant les regards curieux que me lancent mes camarades de classe.

Je me demande quelle genre de maladie a pu transformer mon léger mal de tête de la veille en énorme et invivable migraine.
Noémie et moi sortons de la classe, et elle me tient toujours le bras en dirigeant mes pas par la même occasion. 

— Emmène-moi... aux... aux toilettes, bredouillé-je en respirant lentement.

Mon crâne va exploser. Ma meilleure amie m'emmène aux WC, et je lui fais signe de rester en dehors de la cabine lorsque j'y rentre. Je m'accroupis contre la porte, me tenant la tête entre les mains.

— T'es sûre que ça va, Loulot' ?, me demande Noémie depuis l'extérieur.

Je suis sûre que ma meilleure amie en profite pour se remaquiller.
J'essaie de lui répondre, mais ne pousse qu'un grognement peu satisfaisant. Mes mains tremblent, et mes yeux pleurent tous seuls. Ma tête s'appuie contre la porte, et je me mords plusieurs fois l'intérieur de la bouche pour essayer de recentrer mon esprit.

Peine perdue.

Soudainement, une douleur aiguë me traverse la poitrine, et je me retiens de pousser un cri.
Je tousse, m'étouffe, et j'entends les pas de Noémie se diriger vers la cabine des toilettes.

— Eh ! Lou, ça va ?

Je m'asphyxie de plus belle, quelque chose est bloquée et veut sortir, je le sens, ça veut sortir.
J'essaie de recracher la chose, encore, et plus je tousse et me pousse à vomir, plus l'intérieur de ma tête souffre et semble se déchirer. J'ai la sensation que l'on me découpe le cerveau en deux.
Noémie tape avec ardeur contre la porte, j'ai même l'impression qu'elle va l'enfoncer.
Je roule au sol, une main à ma gorge, l'autre à la bouche, me trainant par terre. Des larmes roulent abondamment le long de mes joues, j'ai mal, et surtout je n'ai plus d'air.

ReflectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant