4 - terrasse du café de la mer

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Alexandre venait de retrouver Sixte sur la place de la préfecture. En ce début de mois de Juillet le soleil brillait intensément et la chaleur était écrasante, surtout pour le blond qui n'aimait que les climats tempérés. Idéalement, il passait l'été enfermé dans sa chambre, les volets fermés pour se protéger de ce satané soleil. 

Alexandre, au contraire, lui aimait particulièrement l'été. L'été était synonyme de vacances, de plage, de bronzage, de corps qui se dénudent et de fêtes. Il avait pour habitude de dire que ses origines italiennes s'exprimaient malgré lui.

Au grand désarrois du blond il l'avait chaleureusement embrassé sur les deux joues, puis avait pris son bras pour l'emmener vers un café. S'il avait été plus attentif il aurait vu la contrariété s'inscrire sur les traits du plus jeune. 

Sixte avait hésité. Depuis qu'Alexandre avait fixé le rendez-vous, il avait pesé le pour et le contre, il avait surtout tenté d'analyser pourquoi il avait accepté. Il n'avait jamais eu rendez-vous avec qui que ce soit et il ne s'en portait pas plus mal. Les premiers jours, il avait réussi à enfouir ça dans un coin de sa tête pour ne pas trop y penser mais depuis la veille au soir, il ne pouvait plus fuir. Il devait prendre une décision. 

Au petit matin il avait pris la décision d'annuler ce rendez-vous qui l'angoissait tant, mais il s'était trouvé mille excuses pour ne pas se saisir du téléphone : sa mère restait dans les parages, il ne savait plus où il avait mis le numéro de téléphone qu'il avait pourtant soigneusement rangé dans un tiroir, comme chacune de ses affaires qui avaient de l'importance. Puis l'heure de partir était arrivée... il était trop tard pour annuler. 

Il prit le bus pour rejoindre le centre ville. Comme pour chaque rendez-vous il était en avance. Très mauvaise chose lorsqu'on connaissait son incapacité à attendre. Alors il descendit du bus un peu plus tôt, refusant d'être en avance à ce rendez-vous, et marcha lentement pour rejoindre la place sur laquelle ils avaient rendez-vous. 

Lorsqu'il arriva, il repéra tout de suite Alexandre. Il était assis sur le rebord de la large fontaine circulaire, appuyé sur ses bras tendus derrière lui, la tête rejetée en arrière, les yeux clos sous ses lunettes de soleil. Il savourait la douce brûlure du soleil d'été sur sa peau. Rien ne l'emplissait de joie plus que le soleil. Sixte secoua la tête de dépit. Ce n'était pas une façon correcte de se tenir en public. La place de la préfecture n'était pas une plage. Il regretta encore plus amèrement de n'avoir pas trouvé le courage d'annuler. 

- Salut... lança-t-il rudement en se postant près du brun. 

Ce dernier ouvrit les yeux et se redressa précipitamment. Il était sincèrement heureux de voir le jeune homme. Il avait eu des doutes. Il n'ignorait pas qu'il y avait une forte possibilité pour que Sixte ne vienne pas au rendez-vous qu'il lui avait donné. Il s'y était même préparé. Anticiper les déceptions pour les ressentir moins vivement. C'était ce qu'il s'efforçait de faire depuis quelques années. 

- Tu es venu ! lança-t-il gaiment en sautant sur ses pieds. 

- On avait rendez-vous... répondit Sixte. 

Visiblement, Alexandre s'attendait à ce qu'il ne vienne pas. Pourquoi n'avait-il pas écouté ses besoins primaires ? Il aurait dû ne pas venir ! 

C'est ainsi, que le blond se retrouva attablé à la terrasse d'un café non loin. Café emblématique du quartier gay de la ville. Un serveur arriva rapidement, un grand sourire accroché à ses lèvres. Il passa un bras autour du cou d'Alexandre, l'embrassa sur la joue et lança un regard moqueur au jeune homme qui l'accompagnait. 

- Je vous sers quoi mes chéris ? demanda le serveur. 

Le blond leva les yeux au ciel. Mes chéris ? Déjà il détestait ce mot, sa consonnance insupportable puis cette familiarité déplacée. 

Automne Où les histoires vivent. Découvrez maintenant