« I just Wanna be Yours. » [ Rivamika ]

1

Levi

Je frappe, un coup, deux coups. Un roulement d'épaule, une profonde inspiration, et je frappe.Violemment. La brute qui me fait face recule en titubant jusqu'à ce que son dos rencontre les cordes rêches du ring de fortune dans lequel nous nous livrons un combat sans merci. Autour de nous, s'élèvent les cris et les acclamations de la foule, infusant l'atmosphère d'une énergie sauvage que seul ce genre de combat sanglant sait provoquer. Mon adversaire se retint de justesse de chuter, il se remet en équilibre sur ses deux jambes puis s'approche de moi d'un pas lent. Malgré le coup magistral qu'il vient de recevoir à l'abdomen, son corps tout entier est gonflé d'assurance, et je devais bien l'admettre, ce mec était un peu intimidant. Connor Mc'Neil, un mètre quatre-vingt-dix pour cent kilos de muscles venu tout droit d'Irlande. Ce type a longtemps fait parler de lui, surnommé " L'étrangleur ", il fait tomber ses adversaires pour mieux se battre. Une fois à terre, il les immobilise en nouant ses cuisses puissantes autour de leur cou puis resserre sa prise jusqu'à ce qu'ils finissent par perdre connaissance en s'étouffant.

- C'est tout ce que t'as dans le ventre, Levi ?

Il n'essayait pas de m'effrayer pour que je finisse par me soumettre. Il ouvrait simplement la bouche pour dire la première chose qui lui passait par la tête. C'est l'un des rares combats dans lequel je reste vraiment sur mes gardes, il n y'avait rien de mal à reconnaître qu'un adversaire était dangereux. Cependant, je ne le laisserai pas s'apercevoir que je le vois comme une menace, car une fois que votre adversaire sait qu'il vous fait peur, le combat est terminé. Si ce type est conscient d'être l'un des plus vicieux et des plus féroces à ne jamais s'être retrouvé sur ce ring, il ignore qui je suis, moi. Et surtout, qui m'a élevé.

Je suis le fils de Kenny, Kenny l'égorgeur. Une putain de légende.

J'ai suivi les pas de cet homme qui m'a élevé comme son propre fils avant même de commencer à perdre mes premières dents. Kenny l'égorgeur était un véritable enfer, son nom suffisait à faire trembler les hommes les plus redoutables de la pègre. Ce taré pouvait vous tuer avec un grand sourire, il maniait la lame comme personne. Malgré cela, je crois que mon oncle a toujours su qu'il ne ferait pas de vieux os dans ce monde, il s'est alors dépêché de m'apprendre tout ce qu'il y'avait à savoir pour survivre avant que la maladie ne l'emporte. Véritable mania de la boisson et roi des combats de rues, Kenny ne savait rien faire d'autre à part donner des coups de poings. Il me disait toujours qu'il ne pouvait pas m'aider avec les maths ou l'histoire, mais qu'il pouvait me montrer comment me défendre. Le gamin que j'étais a bien morflé, après des années d'entraînement, de sang qui coule, de respirations laborieuses et de poumons qui brûlent, j'avais fini par y parvenir. Je n'oublierai jamais le jour où j'ai aperçu cette lueur de fierté dans son regard lorsque j'avais massacré un type qui faisait deux fois ma taille alors que je n'étais encore qu'un adolescent. J'étais jeune, je ne connaissais rien aux lois de la rue, j'ignorais la véritable raison pour laquelle il s'était montré si fière de mon exploit. Avec le temps, j'ai compris que dans les bas quartiers, il n y'a que les plus forts qui survivent.