Divine Violence

Della : 3

Kylie a passé une heure de plus à me raconter tout ce qui s'était passé pendant son service, je l'ai taquiné un peu plus et elle est parti chez elle après s'être assuré que je serais là à 20 heures pétantes chez elle pour qu'on se prépare ensemble à sortir.

Il est 20h, et je m'apprête à me rendre chez elle. Ma journée n'a pas été très mouvementée, j'ai seulement déambulé dans New-York et lu le restant de l'après-midi. Je sais que Kylie était en compagnie de son copain et je n'avais pas envie de me torturer inutilement à voir autant d'amour dégouliner de ces deux là. Je n'ai pas un grand palmarès dans ce domaine, mais par experience personnel je dois dire que Tom est un type bien. Ce soir, il sera là, mais les deux tourtereaux vont devoir faire l'impasse sur la teneuse de chandelle. Je compte bien m'éclater, si il y a bien quelque chose que j'aime autant que de lire un bon livre c'est les soirées effrénées et chaotiques.

Je suis enfin arrivée devant chez Kylie, sa porte d'appartement s'ouvre la minute où je fais apparition et je la soupçonne d'avoir passé les cinq dernières minutes collée à l'oeillet.

-C'est pas trop tôt

Je lève les yeux au ciel

-Il est à peine 20h30

-30 minutes après 20h en effet

Je rentre dans son appart' en la poussant légèrement et ferme la porte derrière nous.

-Plus tu passeras de temps à m'emmerder avec ces 30 minutes de retard plus on perdra du temps à s'amuser, alors ferme la

Je lui lance un grand sourire et alors que je m'apprête à rentrer dans sa chambre, la petite blonde se met devant moi et essaie de me bloquer l'accès du haut de ses 1m60.

-Tu ne peux pas..

Je la coupe

-Oh si je peux

Elle fait tout le temps ça quand un simple détail n'est pas rangé chez elle.

-Mais c'est le bordel là dedans

Je me met à rire

-Je pense avoir vu pire

J'arrive à me frayer un chemin et à ouvrir la porte, et c'est à ce moment là que je vois ce que Kylie voulait dire par "bordel"

-Tu aurais dû préciser qu'une bombe avait exploser chez toi

Je ris de plus belle alors qu'elle me regarde vexée

-T'es vraiment chiante, je t'avais demandé de ne pas rentrer

Je jette un oeil à mon téléphone: 20h40, et lui montre l'écran.

-Tu viens de nous faire perdre 10 précieuse minutes avec ton cinéma ma vieille

-Si tu avais été là 40 minutes plus tôt je n'aurais pas étalé l'entièreté de ma garde-robe sur mon lit tellement j'étais indécise

Après 15 autres minutes de pique sur mon retard et de préparation nous sommes enfin dans la rue en bas de chez Kylie.

On entre enfin en boîte, la musique joue à fond dans mes oreilles et les lumières bougent dans tout les sens, on s'assoit au bar et en voyant le prix des boissons je sens déjà ma carte bleue chauffer. Kylie pousse un petit cri, et alors que je pensais qu'elle aussi venait de constater les prix des boissons je me rends compte qu'elle est en train de foudroyer un gars du regard.

Ce mec d'une vingtaine d'années vient de poser sa main sûr son épaule et une autre sur sa hanche.

-Je ne me souviens pas l'avoir entendu te dire oui

Le gars se retourne vers moi

-Fais pas ta jalouse, j'ai un pote qui te trouve super bonne

Je lève les yeux au ciel et jette un coup d'oeil à Kylie, elle ne semble pas apeurée, elle a sûrement lancer ce petit cri par surprise. Par contre elle semble franchement énervée

-Tu as entendu quelque chose toi ?

Je m'adresse à la blonde et elle rentre dans mon jeu

-Non je ne crois pas.

La jeune femme se dégage des mains de ce gars et le foudroie du regard

-Je te conseille de dégager

Il hausse les épaules

-Ce que t'es chiante

Ce mec est pas croyable

-Dégage sale con

La voix de Kylie était timide mais ferme, et le gars s'en va. C'est déjà ça, quelques minutes après Tom fait son apparition tout souriant et la petite blonde lui raconte directement l'anecdote d'un air triomphant.

Mon téléphone sonne et je regarde le numéro qui s'affiche, apparemment c'est un numéro privé et je décide de laisser les deux amoureux ensemble pour décrocher. Je me fraie un chemin dans la foule pour sortir un instant le temps de prendre l'appel. J'attends celui de l'université qui validerait mon inscription alors j'espère que c'est celui-ci.

Le vent frais me caresse la peau et alors que je réponds.

-Oui allô ?

Une voix féminine me répond.

-Bonjour vous êtes bien Della Johnson ?

J'ai bien fait de prendre l'appel, c'est l'université

-Je vous appelle pour vous informer de la mort regrettable de Monsieur Tyler Johnson

Un silence bref s'installe

-Toutes mes condoléances

Je ne sais même pas pourquoi mon coeur se serre ou même pourquoi un noeud se forme dans ma gorge. Mon père n'a fait que nous abandonner et pourtant j'ai l'impression d'avoir reçu un coup de poing dans le ventre. Les dix années de mon enfance refont surface et je me prends une claque monstrueuse. Je me ressaisit et réponds

-Vous avez connaissance de la cause ?

J'ai tellement plus à dire que cette phrase stupide et pourtant c'est celle que j'ai décidée de donner.

-La commémoration est pour le 1er septembre

Cette femme à totalement évitée ma question, je sais que mon père trainait dans des affaires pas claires et que c'est en grande partie pourquoi il ne nous rendait plus visite. Il était trop occupé, il travaillait pour quelqu'un, mais je n'ai jamais eu plus de détail. Je ne sais pas quoi penser de la réponse fuyante de cette femme, et je ne sais même pas si j'ai envie d'aller à cette commémoration. Il n'y aura personne, j'étais sa seule famille, mais il n'a pas l'air d'en avoir eu conscience. Une colère vive me traverse et je le déteste encore plus, maintenant que je l'ai perdu lui aussi. Elle continue de me donner quelque informations sûr les formalités et je finis par la remercier. Après 8 ans sans aucune nouvelle, j'entends parler de mon père seulement pour apprendre sa mort.

Je suis dans mon lit, en boule, mon corps emmêlé dans les draps et la musique dans les oreilles. Je me hais de me sentir aussi brisée alors que je ne veux pas donner une quelconque importance à cet homme. Je suis rentrée chez moi après avoir envoyé un message vague à Kylie disant que j'étais fatiguée et que je rentrais. J'essaie de m'accrocher à la colère que je ressens envers mon père pour ne pas ressentir le reste.

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