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Je le savais. Mon esprit commençait à se détacher de mon corps, petit à petit. Je devais me reprendre en main avant qu'il ne soit trop tard.

Mais ils me huaient, ils me détestaient pour une raison qui n'était même pas valable. Ce match était, de loin, le pire.

À peine rentrer sur le terrain, les bouteilles fusaient, ils m'en voulaient. Jusqu'à me tuer. Ils s'en fichaient.

Mes soi-disant fans étaient maintenant contre moi. Pour une raison que j'ignorais encore. Mes coéquipiers le savaient, ce qu'ils faisaient étaient inacceptables.

Ils savaient très bien ce qu'ils faisaient, ces gens là étaient loin d'être bêtes, croyez moi. Je ne voulais juste pas leurs montrer que ça m'atteignais car je ne voulais pas être faible.

Je m'en voulais de me sentir aussi coupable mais je savais que je ne pouvais rien faire contre cela, ça me suivrait toute ma vie.

J'ai donc fais abstraction de ces affiches et de ses moqueries pendant le match entier, même si je n'étais pas bon, j'étais là et c'était déjà un soulagement pour mes amis.

Je ne souhaitais qu'une seule chose, rentrer chez moi sain et sauf. Mais, mon subconscient savait que ça n'allait pas se passer comme ça. Il me l'a fait sentir par une douleur énorme au ventre à la soixante-dixième minutes.

Je me suis allongé sur le sol, le match continuait car l'arbitre pensait que cela n'était qu'une petite faute et que je me relèverais.

Antoine, mon ami, était venu me voir pour savoir si j'allais bien car ça faisait déjà deux minutes que j'étais allongé sur cette herbe. Cette herbe sur laquelle j'aimais tant jouer.

Je me suis relevé, je ne me contrôlais plus et j'en avais pris conscience. J'ai remercié le numéro sept de l'Equipe de France et j'ai regardé autour de moi.

Tout était flou, je ne voyais qu'eux, avec leurs affiches, leurs t-shirts avec ma tête gribouiller, leurs grands sourires. Ils étaient fiers.

Je suis sorti de ce stade, sans adresser un seul mot ni à mon entraîneur ni à mes coéquipiers, qui sont devenus de grands amis pour moi.

Après être entrer dans les vestiaires, j'ai allumé l'eau puis sous celle-ci, je me suis gratté à sang. Je voulais que cette couleur parte. Elle me bouffait la vie.

Malgré moi, je suis ressorti et je me suis assis sur le banc, cela ne faisait à peine dix minutes que j'étais sorti du terrain que j'entendais déjà crier de joie.

Je devais me ressaisir. Ça me déplaisait mais je n'arrivais plus à suivre, ils commençaient à gagner.

Vous ne voyez pas que vous lui bouffez la vie ! Ce pauvre jeune homme ne mérite rien de tout ce que vous lui faites vivre. Vous êtes des putains d'ordures ! Vous allez vous en mordre les doigts et je vous le promets. Une couleur reste une couleur, il est comme nous. Vous voyez que vous être entrain de prendre le dessus sur lui et vous êtes heureux ? Mais putain, qu'est ce que vous avez dans vos têtes ? Vous allez continuer à ruiner des vies comme ça ? Je suis triste de voir à quel point ce monde a changer. Personne ne mérite ça, rentrez bien ça dans vos têtes.

Cette fille avait crier d'une telle force que le match s'était arrêter. Malgré que mon corps ne suivait pas, ma tête l'avait écouter.

Elle prenait la revanche que je n'avais pas réussi à prendre. Mais, c'était déjà trop tard. J'avais déjà couper les ponts, c'était clair dans ma tête. Je devais en finir.

Quand j'ai vu ce message inscrit au dessus de ma place dans les vestiaires, c'était la fin. « Kylian, suicide toi, sale noir, on ne veut pas de toi pour représenter notre pays. »

J'ai accepté au début, car, malheureusement ça arrive à tout le monde. Mais, ils s'étaient tous ligués contre moi, pour aucune raison. J'étais juste d'une couleur différente d'eux.

J'ai donc fais le faible et j'ai pris la première chose que j'avais sous la main, une corde qui était poser sur l'îlot central.

Mon corps était déjà bien trop amoché alors pourquoi ne pas passer à l'acte directement ? Ils ne voulaient plus de moi dans ce monde, et, j'allais leur donner raison.

Comprenez moi, je n'avais que dix-neuf ans seulement et j'avais la France, et bien d'autres pays, entière contre moi.

J'étais le petit nouveau et ils n'avaient pas accepter ça alors qu'ils l'ont fait avec les autres.

Alors oui, je ne suis pas très fier mais je leurs ai donner raison en me pendant. J'avais pris soin de bien le faire, autant leur donner ce qu'ils veulent proprement.

Quand j'ai vu que mon corps était en train de lâcher, j'étais heureux. Heureux de pouvoir mener une vie tranquille, dans cette différence qui me rongeait tant.

J'avais perdu conscience depuis au moins un quart d'heure, et, pourtant elle a essayé de me sauver. Mon âme la voyait.

𝐛𝐚𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐞𝐝 • Kylian MbappéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant