La force des sentiments {ABANDONNÉE}

Cet homme aux mille visages

PDV Hermione :

En arrivant, nous vîmes six hommes à terre, certains fulminant de colère, d'autre baissant honteusement la tête. Seul l'un d'entre eux (qui semblait d'ailleurs bien amoché) arrivait encore à tenir debout, et se rua sans attendre sur Drago, l'employant par le col de sa chemise. Ce garçon dont le visage me disait vaguement quelque chose paraissait complètement fou de rage contre mon ami :

"- Ne tente pas à nouveau quelque chose que tu pourrais regretter. Fit simplement le blondinet dont le regard était fixe, froid et mauvais
- Ça suffit, tous les deux ! Vous êtes déjà dans un état assez pitoyable comme cela, inutile d'en rajouter." S'exclama Ginny qui semblait complètement dépassée par la situation actuelle

Elle finit néanmoins par tourner la tête en notre direction et m'entendant se diriger vers eux :

"- Hermione ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Et pourquoi Zabini t'accompagne t-il ? Demanda t-elle, quelque peu sur la défensive en voyant Blaise avec moi.
- Oh, du calme, Weasley. Je viens en paix, promis !
- Ça n'explique pas pourquoi vous êtes ici, tous les deux. Les cours ont déjà commencé depuis une bonne quinzaine de minutes.. Fit le Serpentard avec un timbre de voix un peu plus morose qu'à l'ordinaire.
- Moi aussi, j'aimerai beaucoup obtenir des réponses, Monsieur Malefoy." Intervint finalement une voix non loin de nous.

Nous nous retournâmes vivement avant d'apercevoir McGonagall, les mains sur les hanches et les sourcils froncés :

"- Professeur, je vous assure qu'il y a une explication logique à-
- Weasley, Zabini, dans mon bureau. Je vous y rejoindrais d'ici quelques minutes. Mais avant toute chose, il faut que je m'entretienne avec le professeur Slughorn au sujet de vos quatres absences. Quant à vous Miss Granger, emmenez nos jeunes blessés à l'infirmerie, Malefoy y compris. Une fois cela fait, passez me voir également.
- Madame, écoutez-nous, je vous en prie. Si vous devez blâmer quelqu'un, c'est bien moi et ces cinq têtes de trolls ! Mais laissez Hermione, Ginny et Blaise retournez en cours. Ils ne sont absolument pas responsables..
- Cessez de tergiverser, Drago ! Gronda l'enseignante de métamorphose en haussant légèrement la voix. Qu'ils soient fautifs où non de cet incident, vos amis ont tout de même seché volontairement les cours pour flâner dans les couloirs les plus inexplorés de Poudlard. De part ce fait, une discussion s'impose avec eux, et aussi avec vous."

Aussitôt, la directrice tourna les talons, mes camarades de classe la suivant d'un air abattu. Bien que j'appréhendais la suite des événements, je repris contenance et fis signe aux autres de me suivre. Les cinquièmes années traînaient des pieds derrière moi. Mais en voyant leur état, dont notamment celui de l'homme qui s'était confronté à Drago quelques minutes plus tôt qui avait maintenant l'arcade sourcilière à moitié ouverte, ils ne firent pas long feu et me suivirent malgré tout. Seul Malefoy paraissait vouloir marcher à mon niveau. Son regard était démuni de vie, comme si son âme venait de se faire fustiger de plein fouet par le souffle glacial d'un détraqueur. Ne sachant pas vraiment comment réagir, je tentais une approche maladroite, posant timidement ma main sur son épaule. Mais il ne sembla même pas la sentir puisque je ne parvins à déceler aucune réaction venant de lui. J'avais comme la sensation qu'il planait dans un monde autre que le nôtre, lointain et proche à la fois. Un univers dans lequel il n'était pas en mesure d'entendre où de voir qui que se soit. J'aurais du abandonner et lâcher l'affaire en voyant qu'il n'était pas réceptif aux messages que je tentais de lui transmettre. Mais sur le moment, je ne pus me résoudre à tout arrêter. Alors, d'une voix quelque peu hésitante, je pris la parole :

"- J-Je comprends ce que tu ressens, je comprends ta colère, ta frustration, tu sais. À l'époque où j'étais préfète, je me rappelle avoir eu affaire à eux plusieurs fois. Et..bon, tu connais la suite. Je ne suis pas la sorcière la plus appreciée de Poudlard alors ils aimaient bien venir me "charier" lorsque j'étais seule. Tu penses bien qu'ils ne souhaitaient pas se faire remarquer..
- Raison plus de ne pas regretter de les avoir remis à leur place comme il se le doit, alors. Lâcha le serpent qui me répondit sans même me lancer un regard
- Drago, répond moi honnêtement, est-ce toi qui a infligé cette blessure à ce garçon ? Demandais-je finalement, peu sûre de moi et encore moi de la réponse qu'il s'apprêtait à me donner
- Oui.
- Mais pourquoi avoir fait cela-
- Parce qu'il l'avait mérité, voilà tout. Je n'ai pas à me justifier de mon comportement, Granger." Répliqua t-il cette fois-ci sans vergogne et en accélérant le pas

Il n'avait plus rien du Drago tantôt taquin, tantôt protecteur mais toujours doté de cette bienveillance toute parculière à mon égard. Non là, en cet instant T j'eus l'impression d'être de nouveau confronté à cette ancienne version de lui-même que je haïssais tant :

"- J'entends le fait est que tu ne veuilles pas en parler, mais inutile de me répondre aussi froidement à l'avenir..
- Je pense que tu es mal placée pour me faire la morale là-dessus au vu de comment tu t'es volatilité la dernière fois que j'ai simplement essayé de discuter avec toi. Sur ce, j'ai d'autres balais à cirer. Me rétorqua t-il en lançant un rapide coup d'œil en direction de l'infirmerie qui se trouvait à présent devant nous. Merci de nous avoir accompagner."

Aussitôt, il entama un geste pour entrouvrir la porte du cabinet de médecine mais je le stoppais net dans sa démarche, comme par instinct. Il fit volte-face et me regarda fixement comme si je venais de l'attaquer à coup de Doloris :

"- Lâche mon bras.
- Pas avant que tu m'es expliqué clairement ce qu'il t'arrive ! Si tu tenais tant que cela à ce que l'on parle, tu aurais pu me l'expliquer simplement au lieu de tout me déballer à la figure comme ça !
- Écoute, je ne suis pas d'humeur là. Donc pour la dernière fois : Lâche. Moi.
- Non, parlons puisque tu avais l'air d'y tenir. Je ne te comprends pas, Drago. Durant des années tu m'as fait souffrir le martyr pour finir par soudainement t'adoucir à mon égard et te rapprocher de moi. Et là, sans raison valable, tu m'envoies balader comme ça ?
- Bordel, je n'ai pas besoin de tes leçons de moral de Miss Je-Sais-Tout ! Fous-moi la paix, maintenant !" S'écria le blond en retirant violemment son poignet de mon étreinte.

Je me figeais un court instant, peinant à réaliser ce qui était en train de se produire. Certes, je reconnais que je peux parfois me montrer moralisatrice, entêtée et trop colérique. Mon envie de toujours avoir raison m'empêche de le reconnaître devant autrui mais au fond de moi, j'ai toujours eu conscience de mes défauts. En revanche, je suis dans l'incapacité d'entendre ces mots. Comment peut-il remettre ça sur le plateau. Drago..Lui que j'ai tant redoutée durant toutes ces d'années. Lui que j'ai repoussée, méprisée, destestée et qui un jour sans que je ne comprenne pourquoi, s'est presenté devant moi et m'a demandé de tout recommencer. Il m'avait paru changé, alors j'ai accepté. Et sans même m'en rendre compte, plus le temps défilait, plus je l'appréciait. J'aimais son humour, sa douceur, ses attentions à mon égard, sa vision des choses, son intelligence, son savoir, ses sourires, son incontournable repartie, le regard qu'il posait sur moi chaque fois que l'on se croisait..

Je l'aimais juste lui.

Cette pensée arracha un douloureux frisson à Hermione qui ne put contenir ses larmes plus longtemps. Drago, réalisant l'impact de ses mots sur son amie sentit son cœur se resserrer dans sa poitrine. Jamais il n'avait voulu la rendre malheureuse, il l'avait trop fait souffrir par le passé et s'en mordait déjà suffisamment les doigts. La vision de la jeune Gryffondor manquant d'éclater en sanglots lui était tout bonnement insupportable :

"- Hermione..Écoute, ce n'est pas ce que je voulais-
- Je ne suis pas d'humeur là, donc maintenant lâche moi." Se contenta t-elle de lui répondre avant de s'enfuir en courant, le visage larmoyant, se demandant pour la première fois, quelle était réellement la nature de ses sentiments envers cet homme aux mille visages.