Il a fallu que ce soit toi

Chapitre 16

C.

- Du coup, tu vas rejoindre les autres au chalet ? je lui demande à la fin de notre journée.

- Non, officiellement, je suis toujours retenue par mes obligations familiales.

- Toujours aussi menteuse à ce que je vois.

J'enfile ma veste et m'apprête à quitter le café quand sa main se pose sur mon bras. Je me tourne et lui fais face, le regard rivé sur ce contact qu'elle m'impose. Elle sent ce malaise et retire sa main, avant de capter mon regard.

- Ne leur dis rien s'il te plaît.

- Pourquoi ?

- Ils n'ont pas besoin de savoir.

- Je veux dire, pourquoi est-ce que tu as besoin de ce travail ?

- J'ai mes raisons.

Si elle le prend comme ça, qu'elle les garde ses secrets de merde, j'en ai rien à battre.

- Comme tu veux. Mais si je ne leur dis pas, tu devras le faire, ils viennent souvent me voir ici.

Je tourne à nouveau les talons et sors rejoindre ma voiture, direction le chalet.

*****

A.

Pfou, j'ai survécu à cet après-midi. Il était déjà suspicieux au lycée mais alors là, c'est un vrai officier de la Gestapo. Il a passé tout son temps à me surveiller et à relever la moindre de mes erreurs, sans déconner, j'ai cru que j'allais craquer avant la fin et l'envoyer chier. Mais le souvenir de notre dernier cours de bio m'as rapidement fait passer l'envie et j'ai redoublé d'efforts pour rester patiente et douce.

Flash back

- Non ! Place d'abord tes boissons au centre, et ENSUITE les dégustations autour. Je vais te le répéter combien de fois ?

- C'est vraiment si important que ça, ou c'est juste le seul truc que t'as trouvé pour me faire chier ?

- Fait ce que tu veux, mais les boissons sur les bords du plateau, ça déséquilibre, et compte pas sur moi pour nettoyer quand tu auras tout renversé.

- T'inquiètes, je ne comptais pas te demander la moindre petite chose.

J'enlève alors le petit panier de beignets que j'avais placé au centre, et le remplace par le chocolat chaud et le café.

Et merde, il avait raison, c'est plus stable comme ça. Il peut toujours courir pour que je l'avoue. Je pars servir le couple qui attend leur commande puis reviens poser mon plateau.

- Au lieu de revenir à vide, tu aurais pu prendre une autre commande ou ramasser la vaisselle sale.

- Ok chef, désolée.

Je retourne vers les tables et ramasse la vaisselle qui ne sert plus. Je jure devant dieu que je n'ai jamais fait autant d'efforts pour rester calme, c'est une véritable performance olympique.

- Ça fait dix minutes que la table du fond t'attend.

Zen, restons zen. J'inspire profondément pour ne pas ternir mon image de gentille fille, avec quelques nuances pour Caleb, mais gentille quand même. J'attrape à nouveau mon plateau, affiche mon plus beau sourire, et repars à l'attaque. S'il ne se calme pas, ça va vraiment être compliqué de ne pas s'étriper.