Chapitre 12 : Nouvelle vie

8 2 0
                                    

Ce chapitre est calme...profitez-en.
Les paroles d'Onsha m'ont profondément touché. Il avait raison. Il faut que je me reprenne, que j'aille mieux, tout en les honorant, eux et ma famille. Je pleurais un peu moins, ce qui était déjà un gros progrès. Je repris les entraînements que m'enseignait Inna, dont une que j'aimais particulièrement étant petite : la Danse de l'Aurore. Selon la légende, celui qui l'avait créé a pris trois jours entiers à le faire sans s'arrêter. La Danse en soit est donc très longue, mais à peine avais-je commencé les premiers mouvements, que le reste est sorti tout seul. Ce sont des enchaînements très fluides, qui s'accordent avec le vent, en fonction de sa force et de sa direction. Je ne l'ai pas fait en entier évidemment, mais deux bonnes heures ont suffi à remonter mon moral, que je croyais perdu. Mon père devra attendre un peu.

J'ai d'ailleurs remarqué que je suis capable de rendre ma peau beige, et d'avoir des yeux normaux, vu que les miens sont d'un noir abyssal, entourés de bleu très sombre (il n'y a aucune partie blanche).
Je n'ai pas le choix : je vais commencer par me fondre dans la foule, faire semblant d'être humaine. Je pense faire le ménage chez les autres en guise de travail. Ce ne sera pas aussi épuisant qu'avant, en tout cas. Je me suis finalement résignée à manger des cadavres, n'ayant pas trouvé de moyen plus correct dans ce bled.

Il m'arrivait parfois d'avoir des « crises de tristesse ». Au moment où tout va bien, un chagrin profond m'envahit, me faisant sentir le fait que je ne mérite pas d'être paisible après tout ce que j'ai fait...tout de même, les paroles d'Onsha me rappelaient que j'avais une chance, ce qui m'aidait à tenir le coup. J'ai une chance de me faire pardonner. J'ai une chance de m'en sortir et de commencer une nouvelle vie. Il faut que je fasse ce qui est juste et bon.

A travers les semaines, j'ai réalisé que je peux contenir mon côté démoniaque, même si cela restait très dur. Ma culpabilité m'empêchait de faire mal à quiconque, ce qui me rassurait et me frustrait : certes, c'est bien gentil de ne pas pouvoir blesser les humains, mais n'oublions pas qu'il y a aussi beaucoup d'ordures dans ce monde.
« Les Hommes s'entretueront assez pour en occire au passage », me dis-je avec un mélange de rancune et d'ironie.
Quand je croisais des démons, j'entendais le mien rugir de l'intérieur, ce qui est assez étrange. Un démon peut avoir envie d'en tuer un autre juste comme ça ?
Parfois, je me sens drôlement humaine : surtout lorsque je suis attirée par l'odeur des nouilles. Les démons ne mangent pas de nouilles, si ? Ou alors, la personne qui les a faite est cannibale......oh la la...arrêtons ça tout de suite.

Je suis devenue femme de ménage. J'avais énormément de mal pour la communication, vu que je parle à l'ancienne ! Il y a beaucoup de mots dont j'ai du mal à comprendre le sens...bon...ça va rentrer un jour. Être une créature sombre née à la période Tokugawa n'est pas facile tous les jours...en parlant de jour...pourquoi je ne brûle pas au Soleil ?? Avec le travail, je n'avais pas le temps de réfléchir à ce sujet, mais je me suis faite la promesse de le faire dès que j'aurais assez d'argent, et que j'aurais découvert ce qui est arrivé à mon père, Shaïken, si je ne m'abuse. Je pensais avoir oublié son prénom...

Ce qui me déplaisait beaucoup, c'était que les propriétaires utilisaient ma patience et gentillesse (ou plutôt excès de politesse !) pour que je fasse des tâches ménagères en plus. Je rentrai tard, mais au moins j'avais assez d'argent pour vivre. Je pourrais leur demander de me loger, sauf que je savais à l'avance qu'ils allaient me donner encore plus de travail, vu que je leur serais redevable pour cela. De plus, vivre avec des gens aussi égoïstes qui sentent bon qu'à cause de leur chaire, et pas leur odeur d'alcool, me donnait la nausée, ce qui est assez désagréable quand on est...ce que je suis.

Deux fois par semaine, je fais le deuil de Rinkha et toutes mes victimes juste devant le lac du village (bien que s'en est un autre). Je suppose que, c'est une façon de lui faire honneur, vu que la dernière fois que j'ai pensé à elle en tant qu'humaine, était devant un lac.

Les jours où les riches alcooliques n'avaient pas besoin de moi, ou lorsqu'ils voulaient faire la fête, je continuais mes prières, entraînements, la Danse, et surtout mon souffle du vent. Je ne suis sûrement pas redevenue humaine, pourtant je peux continuer à faire mes mouvements. Il y en a même un que j'ai inventé. Il faut vraiment que je découvre ce qui m'arrive.

Okoan (vrai upload) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant