Chapitre 15 : J'ai le coeur qui saigne

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Le ciel était sombre, les gouttes de pluie remplissaient petit à petit les flaques d'eau, sur lesquelles je marchais d'un pas rapide. Le guide devait me retrouver vers la ruelle de la dernière fois. J'espère qu'il parviendra à convaincre les Membres du Clan, c'est ma seule chance de tout découvrir. Je serrai les poings et plissais les yeux de froid ; pour me faciliter la tâche de me retrouver dans les rues, il y avait une petite brume grise.

Enfin arrivée, je balayai les alentours du regard, il marchait vers moi. « Presque en même temps ». Il s'approcha, afin de ne pas être obligé de crier.
-Suis-moi.
Je lui obéis de suite, en s'avançant dans la forêt, encore plus brumeuse. Mes sortes de chaussures en bois ramollissaient, produisant des bruits de flottements avec la boue. Il m'emmenait au fond de ce lieu. « Je n'ai rien à craindre... » me rassurais-je instinctivement. Ainsi, derrière quelques gros troncs, j'apercevais quelques hommes et une femme, qui préparaient des sacs sur un bateau . « Finalement, il y avait une rivière que je ne connaissais pas.. ». Mon guide les salua de la main, et alla parler à la dame, recouverte de peau d'une bestiole, elle semblait être forte.
-Il fait un bon temps que personne ne remarque...j'en ai le cœur qui saigne, dit le guide.
-J'ai du mal à comprendre, est-ce de la tristesse ? Répondit-elle, tout à fait calme.
-Oui. Elle réside en nous tous sans qu'on le sache, sans qu'on la sente pour certains, et honnêtement, je veux qu'elle parte hors de moi, continua-t-il.
-La tristesse est parfois nécessaire pour que l'on puisse accepter la joie, rétorqua-t-elle, il faut simplement  la recevoir de la bonne façon. J'espère que ça ira.
-Merci.
Le guide acquiesça, et revint vers moi.
-Elle a accepté, vous pouvez monter avec eux....qu'avez-vous, madame ?
-Je n'ai rien compris, vous ne lui avez même pas parlé de moi.
-C'est ce que tout le monde pense.
Il me poussa légèrement derrière l'épaule, comme pour me dire que le temps pressait, ce qui était vrai. « Ce langage codé est incroyable ! » pensais-je en avançant vers le bateau. L'un des hommes me fit un bonjour rapide de la tête avant de me demander :
-Tu sais ramer ?
-...non....
-Tu vas vite apprendre.

Plus tard...
-Ramez vers la droite il faut vite contourner !!!
La chef du groupe, qui s'appellait Arashi, semblait parfaitement connaître les environs, et donnait les bons ordres au bon moment. C'était une femme forte, la seule qui n'avait pas peur de la brume aveuglante et des branches dissimulées, ce qui sur un bateau aussi fragile que le nôtre, était très dangereux. En plus de cela, elle est prudente et intelligente : lorsque mon guide était parti, elle m'avait redemandé de montrer mes vrais yeux, ce qui à nouveau, c'était avéré dur pour moi, mais ça a marché...je suppose.
Le temps qu'il faisait était déplorable : les branches des arbres pendaient, certaines tombaient ou nous fonçaient dessus avec une vitesse ahurissante. Sans compter la pluie, la brume, et le froid. La seule chance que nous avions, c'est que le courant était gérable, comme disait Arashi. Le ciel bleu boueux cachait l'Astre que l'on était sensé déjà apercevoir, toute l'équipe voulait prendre ne serait-ce que quelques minutes de repos, moi incluse. Ce qui me semblait être des heures plus tard, il ne pleuvait pratiquement plus, la brume avait disparu et le soleil était enfin visible.
-Bon bas voila ! On est vivant, mais arrêtez de chialer on n'était pas au bord de la mort ! S'exclama la chef avec un sourire.
C'est à ce moment-là que je me demandais si tout l'équipage était mi démon...je pense que la plupart, voire tout le monde, était complètement humain pour réagir comme ça. Certains soupiraient profondément, en remerciant tout le monde d'avoir participé et fait de leur mieux. Je connais cette lueur dans leurs yeux : la lumière éclatante de la joie d'être saint et sauf. Dans ce sentiment si puissant d'être en sécurité avec ceux que tu aimes, le bonheur est tel que les problèmes disparaissent. Je l'avais ressenti lorsque je m'entraînais avec Inna après mon traumatisme du vase. J'étais tellement émue que j'étais sur le point de pleurer, j'ai détourné la tête au bon moment, avant que l'un d'entre eux ne me regarde.

Okoan (vrai upload) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant