Chapitre 5 : Yeux fermés

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J'arrivai près d'un joli temple, décoré de lanternes rouges et entourée de verdure harmonieuse, je trouvai que c'était en effet un très bon endroit pour s'entraîner. Je portais le katana de ma mère, et vu que je n'avais pas trop d'inspiration pour le nommer, je l'avais juste appelé « la Lame d'Inna ». Ça sonnait pas trop mal...j'attendis plusieurs dizaines de minutes, il n'y avait personne, mais j'en profitais pour observer les fleurs et les oiseaux. Cet endroit était certes loin de chez-moi, cela m'avait toutefois réchauffé le cœur de savoir qu'il y avait ce genre de paysage dans un village aussi pourri que le mien.

Le ciel devenait plus sombre, je m'impatientais. Je commençais à appeler son nom à droite à gauche, sans réponse. Énervée, je criai que j'allais m'en aller, et c'est là que j'avais reçu une réponse : une voix masculine assez dérangeante me répondit, je le vis sortir des buissons. Il m'affirma qu'il venait à peine d'arriver et qu'il était sincèrement désolé pour mon attente. Honnêtement, je savais qu'il y avait des gens qui avaient l'air faible et qui étaient forts, sauf que je m'attendais quand même à voir quelqu'un d'assez costaud, comme ma mère, et je me retrouvai avec un homme maigre, un peu courbé sur lui-même, il n'avait pas l'air d'être très jeune.

Il m'invita dans sa maison, je le vis peiner à ouvrir sa porte, il râla que la clef était mal faite. Il était assez sale pour un combattant, mais va savoir, peut-être qu'il était comme moi, tout simplement. Il me laissa visiter un peu, c'était assez bien rangé. Quelque chose clochait. Je me sentais mal à l'aise sans aucune raison. Il me regardait bizarrement quand il faisait des allés retour pour me préparer un thé. Je commençais à avoir peur. Je ne savais plus parler, je ne savais plus ce que voulais dire le mot « épée », j'avançais à petit pas très hésitants, heureusement qu'il était occupé et n'a pas remarqué mon angoisse. C'est à ce moment-là que j'avais eu très honte de moi : je savais me battre, j'avais un vrai sabre de pourfendeur, j'étais assez musclée pour une fille, et pourtant j'étais terrifiée. J'étais une femme sans défense sans pour autant l'être. Je fermai les yeux pour me calmer. Il fallait que je me calme.

Je sentis tout d'un coup une brusque chaleur se répandre sur mon visage. C'était sûrement le thé. Je sentais ma peau, je l'entendais comme si elle gémissait, et je criais de douleur en tombant par terre. Mon sabre. Mon sabre n'était plus à côté de moi. Il l'avait retiré. Je ne pouvais rien voir. Il me plaquait par terre et me retournait . Aidez-moi. Je sentais qu'il enlevait mes habits avec des gestes secs, il me hurlait de la fermer. J'avais les yeux fermés. Aidez-moi. Aidez-moi.

Okoan (vrai upload) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant