L'hésitation de Patmol, Avec Sirius Black (Le club des Maraudeurs)

Cinquième Partie

La salle commune était envahie par les fans de Quidditch. Les élèves se pressaient autour des joueurs pour les féliciter et acclamer leur performance. Perdu dans la foule, Sirius cherchait un visage familier. Il aperçut Remus et Peter dans un fauteuil et se faufila avec peine entre les corps survoltés de ses camarades pour les rejoindre. Ceux-ci ne bronchèrent pas quand il s'installa à côté d'eux et ne manifestèrent pas plus d'intérêt quand il plaisanta sur les chevilles de James qui semblaient enfler à vue d'œil. Il accueillit leur silence comme un coup. Il se renfrogna à son tour, observant les élèves allant et venant sur la musique que projetait le phonographe. Les rires se joignaient à la musique, faisant vibrer les tapisseries de la salle commune des Gryffondor. 

Sirius croisa bientôt le regard de Piper Luddington, assise au pied de l'escalier en colimaçon. Ses iris bleues le dévisageaient par-dessus son gobelet de bièraubeurre. Elle lui adressa un clin d'œil qu'il déclina poliment avec un signe de la tête.

- Alors Evans, impressionnée ?

La voix de James attira son attention. Lily Evans leva à peine les yeux de son livre. Sirius pouvait voir ses yeux verts suivre furieusement les mots inscrits sur les pages. James se planta devant elle. D'un geste, il se décoiffa les cheveux pour lui redonner l'allure du poursuiveur fraîchement descendu de son balai.

- Difficile de voir le match avec tous ces nuages qui cachaient le soleil.

James fronça les sourcils.

- Il n'y avait aucun nuage, qu'est-ce que tu racontes ?

- Tu as raison, c'était seulement ta grosse tête qui faisait de l'ombre.

Elle ferma son livre d'un coup sec avant de s'éclipser vers les dortoirs. James émit un sifflement appréciateur en la regardant partir. Il respira l'air pour humer le parfum qu'elle avait laissé dans son sillage.

- Elle est folle de moi !

- C'est ça, tu la rends tellement folle qu'elle en fait des cauchemars le soir, pouffa Sirius, heureux de pouvoir converser avec quelqu'un.

James fit mine de ne pas l'entendre. Il parcourut la salle commune du regard. Autour de lui, son halo de fans s'était dispersé au profit du gardien, grâce à qui l'agilité de Margaret Ebony n'avait pas porté préjudice à l'équipe. James était manifestement vexé de ne plus bénéficier de l'attention des autres élèves.

- On va bientôt manquer de sandwichs, fit-il remarquer. Je ferais mieux de descendre en cuisine pour...

- Je vais y aller.

Sirius était déjà sur ses pieds. Il espérait oublier ses tribulations en restant actif.

- T'en es sûr ?

Sirius ne prit pas la peine de répondre et quitta la salle commune en trombe en renversant quelque deuxième année sur son passage. C'était le premier match de la saison mais il n'avait déjà plus le cœur à la fête. Il commençait à regretter amèrement le marché qu'il avait conclu avec James. Remus se fâchait rarement contre lui et quand il le faisait, son silence heurtait Sirius.

Il dévalait les escaliers à grande vitesse, passant devant les portraits vidés de leurs occupants partis célébrer le match eux aussi. Il fut surpris de ne trouver personne sur son chemin. Le château s'était de nouveau endormi après avoir porté la clameur des supporters. Le couloir qui menait aux cuisines grouillait cependant d'élèves de poufsouffle. Eux aussi, fêtaient l'issu du match. Sirius se surprit à chercher le visage de Lysandra parmi eux. Hélas, les traits doux de la jeune sorcière étaient absents.

Il se détacha de la foule pour rejoindre le bout du couloir. Il chatouilla machinalement la poire d'un tableau représentant une corbeille de fruit. Le cadre qui cachait l'entrée des cuisines coulissa alors pour le laisser passer. Sirius se glissa dans le trou avec une dextérité féline. Pitts, l'elfe de maison en charge des cuisines, lui adressa un regard sévère en l'apercevant. Sirius se para de son plus beau sourire enjôleur mais l'impitoyable Pitts lui tournait déjà le dos. Le feu des fourneaux enveloppa Sirius. Il promena son regard sur les elfes de maisons captivés par leurs tâches.