𝚇𝚅𝙸 - Douce nuit

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Un silence règne dans la chambre, mais pas un silence gênant, plutôt une sorte de tension physique. Il est assit sur le lit, torse nu, et est occupé à lire un livre alors que moi, je suis planté assis au bout du lit à fixer le mur. Je sais que si je me retourne, mon regard risque de croiser le siens, que je sens régulièrement se poser sur mon dos. J'ai  l'impression que c'est un jeu, et que je perdrai si je le regarde en premier. Alors je décide de jouer comme lui et remonte jusqu'à la tête de lit en empoignant mon téléphone. Eun m'a renvoyé un message, elle me prévient que Wonho s'est endormi et que les anti-douleur ont fait effet. Je repose mon téléphone et attrape moi aussi un livre, mais j'ai cependant du mal à me concentrer sur les pages. Mon visage est anormalement brûlant et j'en viens presque à me demander si je ne fais pas de la fièvre.

Quelques minutes plus tard, le lit remue à côte de moi et Kihyun pose, sûrement son livre, sur la petite étagère au dessus du lit.

- Je peux éteindre la lumière où tu comptes continuer de faire semblant de lire ?

- Co-comment ça faire semblant ?

- Changkyun tu n'as pas tourné une seule page depuis que tu as ouvert ce livre, me répond-il avec un sourire taquin.

Je ferme rapidement le livre et le pose à côté du lit avant de m'allonger et de tirer la couette sur mon épaule.

- Bon tu l'éteins cette lumière ? dis-je sur un ton voulu autoritaire mais ma voix légèrement tremblante me fait perdre toute crédibilité. 

- Si tu veux.

Il s'exécute mais j'entends son petit rire fier et même si ma fierté démesurée en prends un coup, son rire est le plus agréable de tous même quand c'est pour se moquer de moi. Son corps se glisse lui aussi sous la couette et je me rends enfin compte de la situation. Le lit n'est pas si large, et bien qu'hier soir nous étions tous les deux sur un petit matelas, je me sens bien plus proche de lui là maintenant. Et pas uniquement physiquement, mais je me sens plus proche de lui émotionnellement et ça me rend nerveux.

Je sens la chaleur qui émane du corps de Kihyun se rapprocher un peu, je ne recule pas. Sa main se pose délicatement sur mon épaule, je ne le repousse pas, mais je suis incapable de faire le moindre geste. J'ai envie de savoir ce qu'il compte faire de plus mais en même temps une part de moi a peur. Son visage s'approche de mon oreille où son souffle chaud s'échoue au rythme de sa respiration.

- Détends toi Kyun, je t'ai dit qu'on irai à ton rythme, chuchote-t-il dans mon oreille d'une petite voix qui me fait perdre tous mes  moyens.

Je l'écoute, et détends progressivement mes muscles, sa main descend de mon épaule le long de mon bras, jusqu'à attraper ma main. Mes doigts s'enlacent autour des siens. Je suis toujours dos à lui mais recule doucement, jusqu'à atteindre son torse, où sa peau nue brûle contre la mienne. Son bras vient s'enrouler autour de mes hanches, sans lâcher sa prise sur ma main. Il reste ainsi un moment, et ne bouge plus.

- Tu-Tu te sens bien comme ça ? demande-t-il en murmurant si bas que je peine à l'entendre.

Je me retourne alors, poussant son bras sans rompre notre prise et lui fait face, mes yeux droits dans les siens qui me fixent avec attention, malgré la pénombre. Je pose mon autre main contre sa joue, et acquiesce de la tête. Ma main tâtonne son visage que je distingue à peine et mon pouce glisse jusqu'à la commissure de ses lèvres. Son souffle rapide caresse ma peau, je sens la couverture ses soulever un peu plus vite au fur et à mesure que nos deux cœurs accélèrent leur cadence pour s'unifier. Je suis totalement perturbé, il me met dans tous mes états pour si peu c'est dingue.

Mais je perds toute contenance à l'instant où ses dents mordillent sa lèvre, mon pouce toujours contre elles. J'approche son visage du mien et hésite une demi-seconde, juste assez pour lui laisser le temps de franchir cet espace avant moi. Ses lèvres rencontrent les miennes, à nouveau, et ce même sentiment de chaleur que j'avais ressentit l'autre soir envahit mon corps. C'est comme si mon corps reprenait vie, mon esprit est embrumé et tout ce qui importe, la seule chose sur laquelle je me concentre, ses sont ses lèvres sur les miennes, et ma main qui a enfin libérer sa prise pour agripper sa hanche. Nos lèvres se cherchent, se trouvent, et dansent dans un jeu sans fin. Je m'autorise à mordre sa lèvre inférieure, qui lui laisse échapper un grognement tellement sexy que j'en ai des frissons.

Je finis par me détacher de lui, sans doute un peu plus brusquement que ce que je voulais. A bout de souffle, je colle mon front au sien.

- Excuse moi je me suis un peu emporté, lui avouai-je.

- Ne t'inquiète pas, je te l'ai dit, je suivrais ton rythme.

Je le remercie en embrassant chastement sa joue puis l'enlace de mes bras. Son visage à hauteur de mon torse, hume mon odeur, et m'embrasse une dernière fois avant de se blottir contre moi pour fermer les yeux.

A mon réveil cette fois-ci, Kihyun est toujours profondément endormi. Il n'a pas bougé d'un centimètres depuis hier soir et moi non plus d'ailleurs. Je regarde son visage quelques instants, les premiers rayons du soleil s'échouent sur ses mèches rousses qu'on croirait embrasées. Il a l'air si fragile avec le visage si détendu et sa peau parfaite. Je commence à me demander quels défauts peuvent bien se cacher derrière une telle perfection. C'est bien connu rien n'est parfait, pas même moi.

J'essaie de m'extirper de son étreinte sans le réveiller et roule sur le matelas jusqu'à m'asseoir au bout du lit. Je sors de la cabine et me dirige jusqu'au pont, sur lequel je trouve Hyungwon, les talons qui tapent le sol avec impatience et l'air inquiet. Tous les autres ont l'air de dormir mais je remarque que nos sommes en mouvement, et que notre skipper est déjà sûrement réveillé et nous dirige doucement jusqu'au port.

- Est ce que ça va ?  je lui demande en posant ma main sur son épaule.

Il tourne son visage vers moi et hoche la tête. Je ne peux pas louper à quel point ces yeux sont rouges et je suis sûr qu'il a dû pleurer toute la nuit.

- Je sais que j'ai jamais été très à l'écoute des problèmes des autres mais t'es pas obligé de me mentir.

Il soupire et regarde le sol pour éviter mon regard.

- Je m'inquiète vraiment pour Wonho, je sais qu'il ne se plaint jamais d'habitude. Il ne nous dit jamais quand il souffre ou qu'il va mal mais tu aurais entendu sa voix hier soir au téléphone... J'ai peur que ce soit vraiment grave. Donc j'ai demandé à Jun de nous ramener le plus vite possible. On y sera dans une petite demi-heure.

Mon cœur se serre quand j'entends sa voix trembler. Je ne l'ai jamais vu dans cet état, il doit vraiment être très inquiet. Puis soudainement je pense que s'il arrivait quelque chose à Kihyun, peut-être que je réagirai de la même façon.

-_.¬ 𝙼𝚒𝚍𝚍𝚕𝚎 𝚘𝚏 𝚝𝚑𝚎 𝚗𝚒𝚐𝚑𝚝 //° ᶜʰᵃⁿᵍᵏⁱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant