MON CORPS S'OUVRE (2ème partie)

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Choisir un mot parmi les 20 mots de l'exercice précédent pour commencer.

Réécrire un texte avec s+7 en respectant l'ordre des mots.

Le mot de départ est : CAMISOLES

Les mots à modifier sont dans l'ordre :

CAMISOLES, ERES, ESPOIRS, ATTENTES, MELANCOLIES, PERSONNES, MIRACLES, POCHOIRS, TROUS, SOLEILS, EMOTIONS, VISAGES, CACHETTES, LAMBEAUX, OMBRES, REPITS, FELURES, ECRITURES, OPPRESSIONS, CRIS.

Les mots ainsi obtenus sont :

CAMPAGNE, EREINTER, ESQUILLE, ATTENTISTE, MELANGEUR, PERSONNIFIER, MIRE, PODOLOGUE, TROUEE, SOLFIER, EMOUSTILLANT, VISCERE, CACOCHYME, LAMBRIS, OMERTA, REPLET, FEMINITE, ECROUER, OPTER, CRIBLE.

Jamais la CAMPAGNE ne m'avait paru si sardonique avec ses troupeaux d'ovins à la croupe ostentatoire. Tels des acouphènes générés sur un ruban de Möbius, les échos des messages de prévention contre les effets délétères des messages de prévention contre la prévention du risque zéro titillent mes neurones et EREINTENT mon système sympathique, avortant la sécrétion salvatrice d'endorphines.

Un flot incessant d'ultrasons troglodytiques prend d'assaut mon lobe frontal et ma raison vacille dans la déraison.

Dans ces temps bannis et déchus, mon inconscient devenu collectif revisite le conte du Petit Poucet en semant des ESQUILLES arrachées à mes osselets vestibulaires égarés dans le système labyrinthique à la recherche d'un raccourci que jamais ils ne trouveront. Un remake âpre de la série télévisée << Les Envahisseurs >>. **

Dans l'habitus ATTENTISTE a versé mon quotidien, égrènement engorgé du sablier, les secondes névralgiques aussi plaisantes bien souvent que des électrochocs.

Séparateurs et MELANGEURS rivalisent de complexité et de perversité pour extraire à partir des individualités des courbes de Gauss, forceps révulsant de la technologie I. A. , pour PERSONNIFIER en un magma nébuleux le genre Homo désormais non Sapiens.

<< Débonnaire MIRE fait plaies puantes >>, vieux proverbe, et << C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures >> apparaissent comme des relents d'un passé toujours d'actualité qui semblait pourtant effacé dans la mémoire collective, l'amnésie pour excuse ?

<< Marchez, dit le PODOLOGUE, sans vous préoccuper de la direction puisque le choix désormais ne vous appartient plus. Rejoignez les rangs serrés du nouveau troupeau génital >>.

Et la lumière dans tout ce fatras obscur ? C'est une TROUEE dans la couche d'ozone, enfin... ce qu'il en reste. Même le soleil a adopté une couleur universelle : le noir de la mélancolie. Il y aura toujours quelque part un ciel sans étoile pour me rappeler la noirceur du monde, leitmotiv douloureux.

Dans le brouhaha des classes primaires, s'élève la chorale monocorde des élèves qui SOLFIENT les tables d'additions au résultat invariablement nul, résultat d'un enseignement réducteur et facilitateur, ou comment inverser le pourcentage d'échec scolaire. Zéro + zéro = la tête à Toto, pauvres enfants sans avenir.

Les nouvelles lois qui se votent à tour de bras dans l'hémicycle quasi-désert et sans dépassement horaire - à minuit, le carrosse redevient citrouille - ont un caractère EMOUSTILLANT refroidissant, agitation-ataxie, le nouvel almanach Vermot des velléités de résistances et d'initiatives productives.

Ces discours itératifs destinés au peuple, lobotomies subliminales, sont de puissants astringents pour les VISCERES, représentation imagée en nœud aux tripes. Ainsi, les CACOCHYMES chronicisants du côlon se fournissent en émollients chez les apothicaires marron dont l'arrière-boutique est achalandée grâce au marché noir.

Le << S'il vous reste un peu d'encaustique, j'en aurai besoin pour mes LAMBRIS >>, sibyllin gimmick des émissions radios clandestines, a des allures d'OMERTA.

Mon esprit sagace s'agace de ces emprunts au répertoire de l'artiste connoté « schizo », car sans doute dérangeant dans ses propos, Thiéfaine, et son << S'il vous reste un fond d'margarine, j'en aurai besoin pour ma coda >>*. Je partage sur fond de désespérance le refrain qui suit : <<Car je n'irai pas plus loin, je tiens ma tête entre mes mains >>*.

REPLET, mon encéphale stéatosique caponne devant la menace de cirrhose en déstockant et distribuant larga manu cet excès d'acides gras à mon corps déjà en disgrâce avec les courbes de la FEMINITE. << Tous ces regards qui me mangent, [.. .] pas besoin de gril, l'enfer c'est les autres >>.***

Nul besoin de porte ni de verrou pour me sentir ECROUEE, mon psychisme au bord de la tombe est mon bourreau ; il règne en maître absolu.

Aux croisées importantes des chemins de ma vie écoulée, j'ai OPTE pour la mauvaise direction par « l'absence de signalisation »pour reprendre ce que Hemingway avait si justement constaté.

<< Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu >>, réminiscence d'un écrit de Victor Hugo, m'amène à passer au CRIBLE mon cœur pour raviver ma mémoire à la recherche de ces inconnus qui ont éclairé mon existence (?) même éphémèrement et j'en conclus cruellement avec un ultime, mais peut-être plutôt premier, espoir : je voudrais pas crever avant d'avoir commencé à vivre.

*Hubert-Félix Thiéfaine, 113 ème cigarette sans dormir, album : Dernières balises (avant mutation)

**Les envahisseurs : des êtres extra-terrestres provenant d'une planète mourante. Leur destination : la Terre. Leur objectif : en faire leur monde. David Vincent les a vus. Pour lui, tout commença une nuit perdue sur une route de campagne désolée, à la recherche d'un raccourci qu'il ne trouva jamais.

***Huis clos, Sartre

Jeux d'écriture ou Les mots pour le direOù les histoires vivent. Découvrez maintenant