Jeux d'écriture ou Les mots pour le dire

L'univers : le récit

Consignes d'écriture :

La personne passe la frontière sans son œil de verre.

Conséquences et impacts (repérage, vision, en souffre-t-elle ?)

Comment s'intègre-t-elle à ce nouvel univers ? Que va-t-elle y faire ?

Découverte de cet univers.

A-t-elle envie de repasser de l'autre côté ?

Reprendre les éléments de chaque étape précédemment décrite pour décrire cet univers en un récit homogène.

Ne pas oublier les " objets" qu'elle a en sa possession.

( Flashback )

Pendant toutes ces années où j'ai préparé méthodiquement et minutieusement ce voyage, ce transfuge que j'ai imaginé définitif, sans retour en arrière, j'ai été régulièrement hantée par des angoisses face à plusieurs inconnues.

Mes recherches pour visualiser l'entre-deux mondes sont toujours restées vaines. J'avais à l'esprit pour combler le vide de figuration une nébuleuse entre deux espaces terrestres, enfin, terrestre du moins pour celui que je quittais.

Cette liste de douze "choses" à déclarer absolument qui nous était opposée, je n'en comprenais ni les tenants ni les aboutissants.

Douze, ce nombre évocateur, éminemment symbolique...

Évidemment, le rapport au temps et à l'espace ne m'avait pas échappé. Même si je n'avais aucune passion pour l'astrologie, j'avais certes des connaissances.

Je n'avais pas fouillé dans le registre religieux.

Ce qui me paraissait en lien avec le périple que j'allais entreprendre figurait dans les mythes et les légendes, un domaine qui caractérisait assez fidèlement mon esprit peu ancré à la réalité, en douce- voire mélancolique- rêveuse que j'étais, à savoir :

les douze dieux de l'olympe et les douze travaux d'Hercule, avec ce qu'ils représentaient au niveau prouesse et tragédie également, mais aussi les douze chevaliers de la Table Ronde dans la légende arthurienne.

À certains moments, telle une épine irritative, le mot Apocalypse envahissait le champ de mes pensées. Avec l'omniprésence de ce nombre, j'avais beau essayé d'occulter, je ne pouvais échapper à la piqûre de rappel.

Quant au monde dans lequel je projetais mon devenir et, je l'espérais, mon avenir, les informations collectées consistaient essentiellement en des concepts abstraits telle la philosophie de vie ; ce qui ne m'avait pas préoccupée outre mesure, mon esprit lunaire régissant mon fonctionnement.

(Le voyage)

Ce matin, je me suis rendue comme il était mentionné sur le titre de transport émanant de L'ASEEAVMI (acronyme complexe désignant l'Agence Suprême d'émigration Exceptionnelle Avec Validation des Motifs Invoqués) au quai numéro douze du terminal en vue du grand départ.

Douze jours et douze nuits plus tard, je me retrouve au sortir de la navette dans un sas éclairé par une lumière ultra-violette. Troublant le silence qui me vrille les tympans, tonnerre la question : quel horizon se profile au-delà de ces portes sombres et massives ?

C'est

L'heure

Fragile

Où le souffle

Se met en apnée

Et où l'angoisse est à l'acmé.

Au loin, une brume épaisse qui laisse émerger une cime comme une aiguille ou la dent du diable, et dans cette vallée que j'imagine, à défaut de la distinguer, une cacophonie envahissante tel un orchestre symphonique désaccordé.