le lendemain, lorsque nous attendons les résultats, je suis plus tendue que je ne l'ai probablement jamais été. Mon père est venu pour me voir réussir. Je ne veux pas imaginer sa déception si jamais j'échouais. Il me faut absolument cette première place. j'en ai besoin. Je pense que Matthias n'est plus là car je ne l'ai pas vu de la journée. j'y repense. Il doit être en train de faire le ménage à la maison. Je veux aussi réussir pour Alex qui ne m'avait pas vue monter depuis des lustres. Je le fais pour Lulu et Tutu, je veux qu'ils soient fiers de moi, qu'ils puissent se pavaner devant tout le monde au lycée en disant «notre meilleure amie va aux championnats des États-Unis d'équitation». Mais surtout, je le fais pour moi. Si je monte à cheval depuis tant d'années, ce n'est pour personne d'autre que moi. Et je pense que tout ce qu'on fait dans sa vie, on devrait le faire pour personne d'autre que soit. Je souffle un bon coup, lève la tête, attrape la longe de Maximus, et me dirige, la tête haute, au centre de la piste, avec les autres concurrentes. Nous attendons toutes le classement. Certaines plus sereines que d'autres. Je fais partie des plus stressées. Stressée à tel point que je me dis qu'heureusement que j'ai mes gants sinon je ne pourrais pas m'empêcher de me ronger les ongles, mauvaise habitude que j'essaie à tout prix de perdre. Ils commencent à annoncer le classement. En partant de la fin. Ça, ça fait parti des choses que je ne comprends pas. Pourquoi dire aux perdantes qu'elles ont perdu avant de dire aux gagnants qu'ils ont gagné ? Le classement remonte. 5e. Nos noms n'ont toujours pas étés annoncés. 3e. Pa encore. Je garde un tout petit espoir mais de tout façon, je n'y crois pas. s'attendre à être déçue est le meilleur moyen de ne pas être déçue. 2e. Ce n'est pas moi. 1er. j'entends crier nos noms, j'entends mon père hurler de joie, mais je ne bouge pas. Je me vois, pétrifiée, pour je ne sais quelle raison. Je vois la scène d'en haut. c'est grisant et effrayant à la fois. Soudain, mon esprit réintègre mon corps et je prend une grand inspiration d'un coup, comme si je n'avais pas respirer pendant 10 minutes. Je souris, monte sur le podium, salut tous le monde de la main, envoie des bisous à mes hommes qui se sautent dans les bras. On me passe la médaille autour du cou, m'offre des fleurs, met une couronne de fleurs sur Maximus, tout content. Je les remercie une dernière fois et me dirige vers les box, Max plus heureux que jamais, sautille. Mon père et Alex me rejoignent en me disant que les garçons sont allés chercher la voiture et le van. Je desselle Max, je brosse, la câline, lui donne les friandises que j'avais prévues, peut importe si l'on gagnait ou ou perdait, je leur en donne à la fin de chaque concours. Une fois toutes les affaires rassemblées, je fait monter mon cheval dans le van et vais pour me placer côté conducteur, afin de conduire mais vois que mon papa est déjà installé et me fait un grand sourire. Je fais donc le tour de la voiture et vais m'installer à la place du mort. Le trajet se passe sans encombres, même si il y a un peu de monde sur la route. On rentre et je me dépêche de sortir Max et de le mettre dans le pré parce qu'il n'a pas vraiment eu de liberté ce week-end. Je sort Fergus de son box et le met avec Max. je les laisse d'amuser un moment puisqu'il fait encore jour. Je rentre à la maison, magnifiquement propre ce qui confirme mes pensées : Matthias n'était pas là aujourd'hui parce qu'il faisait le ménage. Je me pose sur le canapé après avoir donné à manger aux trois monstres que sont mes chats. Ils se jettent sur la nourriture comme si ils n'avait pas mangé depuis une semaine. Je tape sur la cuisse de mon père pour l'embêter ce qui fonctionne puisqu'il me jette un coussin dessus. Nous bataillons tous les deux avec de nous arrêter, morts de rire et essouflés. Je vois Alexandre nous regarder, fatigué de nos bêtises, et Lucas hausser les épaules, comme si c'était normal. Ce qui au fond, l'est puisque nous nous chamaillons comme ça tout le temps, au grand dam de ma mère. Lucas et Arthur de lèvent, serrent la main d'Alex et celle de mon papa, avant de me prendre dans leurs bras. Ils partent en fermant la porte derrière eux. Je parle un peu avec mon papa et Alex, avant que mon père ne se lève d'un coup. Je regarde mon grand frère de cœur et nous pouffons de rire, sans vraiment savoir pourquoi. Je me dis qu'il faudra vraiment que je lui pose la question qui fâche, à savoir quand est-ce qu'il repart. Je vois que la nuit commence à tomber et je sors donc pour rentrer mes chevaux. Arrivée devant leur pré, je siffle et ils arrivent, trottinant. Ils frottent leur tête sur moi et vont en marchant doucement pour rester à ma hauteur, vers leurs boxes respectifs. Une fois rentrés, je ferme les portes, les nourrit, les câline. Je fini par rentrer car les nuits sont quelques peu fraîches pour rester dehors en short et débardeur à cette heure là. Je rentre donc, en courant, Fal' derrière moi. Je trouve mon papa et Alex, sur le canapé, à me regarder en souriant bêtement. Je sens qu'ils manigancent quelque chose mais je ne sais pas quoi. j'entends Alex pouffer, mon père lui faire les gros yeux et ils part aux toilettes afin de rire tranquillement. Soudain, j'entends un «Aïe» dans la cuisine. Mon père sourit, je lève les yeux au ciel puisque ce n'est ni Alex qui est parti de l'autre côté, ni un de mes meilleurs amis qui doivent être chez eux à ce moment là. j'allume la lumière et sens une main se poser sur mon épaule, ce qui me fait sursauter et hurler de peur par la même occasion. Bien décider à mettre mes heures d'entraînement à profit, j'appuie sur son point sensible, que tout le monde à sur le poignet,e t le met à terre. Je ne sais toujours pas qui c'est mais ce qui est sur, c'est que la prochaine fois, cette personne ne refera pas la même chose. Je le regarde, les yeux pleins de colère. Comment ose-t-il me faire ça alors qu'on ne se connaît à peine. Puis je vois une bouquet de fleurs qu'il devait avoir dans l'autre main, par terre. Je me sens un peu coupable, mais pas assez pour m'excuser ou l'aider à se relever. j'attrape ma veste et sors dans le rue sans un regard pour un des trois. Falcon me rejoint, en trottinant, avec sa laisse dans la gueule. Osez me dire que mon chien n'est pas bien élevé maintenant. Je marche pendant près d'une heure, sans vraiment savoir pourquoi je suis aussi énervée. Je m'arrête, dans un parc pour enfants, désertique à cette heure là, ce qui m'arrange soit dit entre nous, et m'assoie sur une balançoire. Je me balance doucement et sens le regard triste de Fal' sur moi. Je suis désolée pour lui d'avoir une maîtresse aussi cassée que moi.. je crois que c'est à ce moment là que je me suis rappelée que j'étais partie un peu (voir même beaucoup) égoïstement sans avoir dit à personne où j'allais, et, de plus, sans mon téléphone puisque je l'avais jeté sur je canapé pendant je je me chamaillait avec mon père. Je décide quand même de rester un moment dehors afin de me calmer pour ne frapper personne en rentrant. Je me balance de plus en plus fort jusqu'à ce qu'un flash-back violent surgisse devant mes yeux. Si violent que j'en tombe de la balançoire. Je reste couchée par terre, le souffle court et sens Falcon me lécher le visage, d'abord doucement puis avec plus de force lorsqu'il voit que je n'ouvre pas les yeux. Je me fais violence pour les ouvrir, le caresser afin de le rassurer, mais aussi de me rassurer moi même. Je me sens repartir, lentement vers un monde idyllique, et vois ma vie défiler devant mes yeux. Au début doucement, je vois le visage de mes parents pour la première fois, puis mes premiers pas, mes premiers mots, mes premiers jours à l'école puis tous s''accélère. Petits amis, 'école, l'alcool, les potes, les mecs, les billes... je vois une grande dame habillée en noir, devant un fil, des ciseaux dans la main droite, me regarde. Elle me regarde comme si elle attendait l'autorisation de couper le fil de ma vie. j'en ai marre de lutter, de me battre tous les jours, et ça même pas pour vivre mais pour survire. Je pense à mon père, à Alex, à Lucas et à Arthur en me disant que leur vie serait tout de même bien plus simple sans moi. Ors je l'autorise, en hochant doucement la tête. Je me sens tomber, tomber dans un trou sans fin. Puis. Tout s'arrête. Il fait noir, je ne vois rien autour de moi mais ça ne me dérange pas. Tout est si calme, si serin, si rassurant, que je me dis que si je l'avais su, je serait sûrement partie avant. j'entends, Falcon m'appeler au loin mais c'est trop dur de rester et si simple et si reposant de partir. Je me sens bien ,calme, et rassurée pour la première fois depuis des années me semble-t-il. Je me laisse voguer, dans le noir en savourant la douceur de l'air du ma peau.
VOUS LISEZ
Briser la glace
Teen FictionLe jour où ma vie a basculée n'est pas celui que vous croyez. Vous ne connaissez jamais vos proches.