Parfaite amnésie [EN PAUSE]

Prologue

L'eau tombait en rafale sur le pare-brise. Les essuie-glaces faisaient un bruit affreux comme toujours. Un silence pesant était roi. Habituellement, je détestais le silence. Mais pour une fois, c'était la seule chose que je voulais.

-Tu n'as rien à me dire au sujet de ce qui vient de ce passer ? Me demande mon père énervé.

Pourquoi l'était-il ? Simple, clair, stupide : j'avais désobéi. J'avais fait le mur. Ma mère s'en était rendu compte. Elle avait paniqué. Elle a prévenu mon père, et ce dernier était devenu fou de rage. Mon père avait était obligé de réveiller mon petit frère. Il ne pouvait pas le laisser seul. Point.

-Tania qu'est-ce que tu foutais là bas ?!

Mon père pète tout le temps un câble pour un rien. Je ne vois pas en quoi cette fois-ci c'était différent.

-Y a rien à dire. J'ai fait le mur. J'ai était à cette fête. Point. Il n'y a rien à ajouter.

-Parle-moi sur un autre ton jeune fille ! Tu n'ai pas en droit ni en état de faire ta loi ce soir.

Mon état ? Laissez moi rire. J'avais bu une bière. Et il me parle de mon état ? J'ai même pas prit de shot !

-Je n'ai bu qu'une bière ! Combien de fois je dois te le dire ?

-Je me contre-fiche que tu n'es pris qu'une bière. Tu n'avais pas le droit de sortir et tu as désobéi à ta mère, c'est largement suffisant pour te priver de sorti pendant un mois.

Non mais je rêve !

-Un mois ? C'est une blague là ? je lui demande énervé moi aussi.

-Ahah ! Loin de la ma pauvre. Tu veux aussi que je te prive d'ordinateur pendant que t'y ai ?

Je serre les dents.

-Non ça va aller.

Voilà une des raisons pourquoi j'aimerai partir au plus vite de chez moi : l'autorité parentale. Ils vous disent « tu feras ce que tu voudras quand tu seras majeur ! » et une fois que vous êtes majeur ils vous sortent « tu feras ce que tu voudras quand tu seras chez toi ! ». Je n'ai que dix-sept ans et je veux déjà me casser de la baraque.

-Donc je répète : tu n'as rien à me dire sur ce qui vient de ce passer ?

Et je suis trop buté – comme ma grand-mère – pour dire les mots qu'il attend.

-Non.

Mon père grogne et serra le volant des deux mains.

-Papa, dit mon petit frère, c'est quand qu'on rentre ?

-On est bientôt arriver champion, tu peux dormir un peu si tu veux.

Mon père sourit à mon frère dans le rétro-viseurs. Mais il revient vite là où nous en étions.

-Bon sang Tania ! Qu'est-ce que tu veux à la fin ? Tu veux nous pousser à bout c'est ça ?

-Si c'est ce qu'il faut faire pour que je me casse de la maison alors oui, je vous pousserai à bout.

Mon père reste incrédule. Je croise les bras et regarde la route. Je ne leur avais jamais dit que je voulais partir. Jamais.

-Tu te rends compte de ce que tu dis ?... finit-il par dire. On t'a élevé, on t'a nourrit, on a tout fait pour toi et toi... C'est comme ça que tu nous remercie ?

-Vous n'avez pas tout fait pour moi !

-Ah bon ? Et tes anniversaires ? Tout ces gamins qu'on se coltinait, tu crois qu'on en avait envie ? L'ordinateur qu'on t'a acheté. Ta chambre qu'on a refaite. Tu crois qu'on ne t'a pas tout fait, tout céder ?

-Non vous ne m'avez pas tout fait ! Vous ne m'avez pas tout céder ! Puisque vous avez oublié de me foutre la paix ! Vous avez oublié de me laisser un peu de liberté !

Mon père était choqué par mes propos. Il était abattu. Alors que je bouillonnais. Il me regarde. Regarde la route. Et me regarde encore une fois.

-Et c'est pour ça que tu...

-PAPA ATTENTION !!...

Mais il était déjà trop tard. La voiture heurta le cerf. Puis elle fonça dans un arbre.

C'était la dernière fois que je parlais à mon père. La dernière fois que je le voyais. Mon frère dormait paisiblement avec son doudou et le pouce dans sa bouche. C'était la dernière qu'il ouvrait les yeux. La dernière fois qu'il serrait son doudou. Il ne verrait plus ses copains. Il ne feras jamais une grande carrière dans la police ou ne deviendra jamais astronaute.

J'avais perdu un frère et un père en seulement une seconde. Une seconde de rien du tout d'en une vie. Mais une seconde qui à fait basculer ma vie.