Chapitre 2 - And I make bad dreams

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Des cris. Des gens heureux, qui dansaient collés-serrés. De la musique que l'on pouvait entendre à plus d'un kilomètre. La sensation d'euphorie. Une sensation que je n'avais jamais ressentis au par-avant. Et des yeux qui me fixaient. Des yeux pétillants. Gris clair, quasiment blanc. Percutants. Cristallins. Magnifiques. Le jeune homme avait un corps et un visage tout aussi agréable à regarder. Il se rapprochait de moi, mon cœur accélérait l'allure. Je connaissais ce garçon. Très bien même. Il était beau, me plaisait beaucoup.

Il mit ses doigts dans mes cheveux et m'attira vers lui. Mes yeux rencontrèrent les siens une dernière fois. Et nos lèvres se touchèrent. Il m'embrassait avec envie et je lui rendait son baiser. Avide de ses lèvres. De son odeur. De son toucher. De ses mains posées sur mon corps.

J'étais avide de tout son être.

Plus rien ne comptait. Plus personne. Il n'y avait plus que nous. La musique avait cessé de battre son plein. Les gens avaient disparus. Il n'y avait plus que nous. Je le rapprochais de moi, tout comme il me rapprochait de lui. Nous n'étions pas assez proche, pour moi. Ses mains palpaient mon corps, comme il palpait mon âme. Je me sentais chavirer, mon cœur tanguer. Je ne contrôlait plus rien.

Puis, entre les expirations, les soupirs ardents de notre baiser, j'entendis des chuchotements qui me firent frissonner.

-Je t'aime Tania... Pour toujours...

~

Je m'éveillais doucement. Les images de mon rêve défilaient encore dans ma tête. Au ralentit. Chaque détails, chaque sensations. Mais la réalité me rattrapa. Me rappelant que j'avais perdu tout souvenirs de ma vie. Me rappelant la douleur dans les yeux de ma mère, la tristesse dans les yeux de Hugo. Tout me paraissait soudainement gris.

Était-ce un rêve ou un souvenir que je venais d'entre-voire ? Était-ce Faust ce beau garçon ? Était-ce vraiment lui ? Ou était-ce seulement mon imagination me jouant des tours ?

Je regardais autour de moi. Cette fois-ci, la chambre – qui était d'un blanc à m'en brûler les rétines – était plongé dans un noir des plus total. Seul un jet de lumière s'échappait du bas de la porte. Il n'était pas grand, mais éclairait une bonne partie de la pièce. Je repoussais les couvertures sur le côté et sortis mes jambes du lit. Je voulais savoir où je me trouvais (même si j'avais déjà une petite idée), j'avais besoin de voir, de demander, de m'informer sur tellement de choses... La tentation de sortir était beaucoup trop forte pour y résister.

Mes jambes flageolaient. Je ne savais même si j'allais pouvoir faire un pas. Puis instinctivement, mes jambes ont supportés mon poids et m'ont conduites à la porte. Là, j'empoignais la poignée et je l'ai ouverte doucement. Un courant d'air, frais et très agréable, me parcouru le visage tel une douce caresse. Mes pieds nus touchaient le lino blanc et froid, me conduisant le long d'un couloir tout aussi blanc que ma chambre il y a quelques heures. Au bout de ce dernier, se trouvait un grand comptoir. Personne ne se trouvait derrière et l'endroit était désert. Pour un hôpital, cela m'étonna plus qu'autre chose. Ni médecin ni infirmière pour rester de garde. Je trouve ça plutôt étrange.

Plusieurs couloirs déversaient en face du comptoir. J'ai dû en compter cinq – dont celui par lequel j'étais arrivée. Un mouvement dans l'un d'eux attira mon attention. D'un pas prudent, j'avançais lentement dans cette direction. Un des néons clignotait et je crus apercevoir une petite silhouette qui venait vers moi. Une petite voix dans ma tête me disait qu'il n'était pas bon de rester ici et de vite retourner dans la chambre. Mais je pressentis que je devais aller par là.

Je continuais donc dans ma lancée. La petite silhouette était entrée dans une pièce à ma droite. En passant la porte, je découvrit un autre couloir. Celui-ci était plus sombre que le dernier. Les ampoules étaient suspendus à même le plafond par des fils et d'une lueur bleutée. En regardant autour de moi, je vis une flaque d'eau au pied du mur de gauche. Des gouttes tombées du plafond pour atterrir dedans, ou coulaient le long du mur.

-Tania ? C'est bien toi ?

J'ai relevé la tête. Un homme avançait vers moi, hésitant. Je ne vis pas tout de suite son visage. Mais il était plutôt grand. Des épaules, n'ont pas large, mais grandes. De longues et fines jambes. Il avançait par petit pas. Une lampe clignotait au-dessus de lui. Ne restait que très peu allumé. Je voyais son visage et je ne le voyais pas. Ses yeux. Ses lèvres. Ses traits tirés, comme sur le coup de la douleur. Ses cheveux. Son menton. Ses taches de rousseur. Qui est cet homme ? Je l'ai déjà vu. Mais je ne me rappelle pas. Je ne m'en rappelle plus.

-Tania...

L'homme s'arrête à quelques pas de moi. Oui. Je l'avais déjà vu. Mais pourquoi je ne m'en rappelle pas ?

-Tu te souviens de moi ?

J'aurai voulu répondre que oui. Mais ma tête répond hostilement que non. L'air abattu, l'homme a les larmes aux yeux. Et soudain, un petit garçon apparaît à sa gauche. Les mêmes yeux. Les mêmes cheveux que l'homme. La même expression de terreur. Et la même sensation de déjà vu. Mais cette fois, un vide emplissait ma poitrine. Je ne comprend pas pourquoi.

-Papa ?...

L'homme se tourna vers le petit et s'agenouilla auprès de lui.

-Ça va aller Alek... Tout va bien.

-Je veux rentrer à la maison, dit le petit d'une voix frêle.

Alek. Aleksander. Il s'appelle Aleksander.

-Aleksander ?

Tout deux ce tournent vers moi. Je fais un pas.

-Tu... t'appelles Aleksander... n'est-ce pas ?

Le petit hoche la tête et serre plus fort le doudou qu'il tient entre ses bras.

-Tania vient avec nous ?

L'homme regarde son petit garçon, incrédule. Cette expression. Je l'ai déjà vu. J'en suis sure.

-Je... On en a déjà parlé Alek. Elle ne peut pas venir avec nous, je t'ai expliquer pourquoi tout à l'heure. Tu te souviens ?

Se souvenir... Une chose que j'aimerai bien pouvoir faire. Soudain, un grondement vint du fond du couloir. L'homme se tourne vivement vers le noir qui emplissait le fond du couloir. Il vient en courant vers moi. Il s'arrête et me regarde dans les yeux. Il pleurait.

-Je suis tellement désolé Tania... Si je pouvais te toucher...

Il tendis la main vers mon visage mais la laissa à quelques centimètre.

-Il faut que tu t'en ailles, il ajoute en baissant la main.

-Quoi ? Mais qui êtes-vous ? Est-ce que je vous connais ? J'ai l'impression de vous avoir déjà vu... Je vous en pris dites le moi...

Il soupire puis un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Nouveau grondement. D'autres lumières s'éteignent. Aleksander commence à trembler.

-Papa ?...

Papa...

-Tout va bien champion... Tout va s'arranger tu vas voir...

Champion...

On est bientôt arrivé champion...

L'homme se tourne de nouveau vers moi.

Tu peux dormir un peu si tu veux...

-Je t'en pris Tania va t'en. Pars avant qu'ils n'arrivent...

Mais un grondement se fit encore entendre. Et cette fois, tout devint noir.

Parfaite amnésie [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant