Chapitre 1 - But I wake up with amnesia

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Il n'y avait que du noir. Partout. Un silence. Un bruit lointain. Irrégulier. Un bourdonnement sourd dans les oreilles, comme une voiture démarrant dans le froid d'un matin de décembre. Puis des voix. Des chuchotements. Le touché d'une main dans une autre. La sensation de ressentir tout son corps. De l'air qui entre et qui ressort des poumons.

Et le noir.

La seule chose dont je me souviens. Le noir. L'impression d'avoir la tête entouré de coton. Je voulais me souvenir, je voulais me rappeler. Ma vie. Ma famille. Tout mes souvenirs... sans y parvenir. Ce vide, ce creux dans la poitrine. Et cette douleur émergeant des ténèbres. J'étais faible. Plus aucune force ne traversait mon corps.

Un mot.

Un nom.

Un seul.

Faust.

Qu'est-ce que c'est ? Ou plutôt, qui est-ce ? Faust est le nom du diable, mais je sentais qu'il ne s'agissait pas de ça. Cette personne, quelle qu'elle soit, était importante. Son nom fit accélérer mon cœur et une bouffée de terreur me submergea.

-Tania ?... fit une voix tremblante.

J'ouvris les yeux, lentement. Une lumière blanche me gêna. Me brûlant à vif. Tania. Je m'appelle Tania.

-Tania ? Répéta la voix.

Je voulais répondre. Exprimer ce que je ressentais. Pleurer comme jamais. Pourquoi ? J'ouvrais et fermais les yeux. Mes yeux s'habituaient peu à peu. Il n'y eu qu'un gémissement de ma part.

-Tania... Tu m'entends ?

Enfin, mes yeux restaient ouvert. Je vis une ombre, me tenant la main. Quelqu'un. Ses traits devenaient de plus en plus distincts. Mais c'était un visage qui m'était inconnu.

-Faust... je murmure sans savoir pourquoi.

Une larme perla sur la joue de la personne. Une femme. Blonde, les yeux d'un vert translucide, le teint blanc. Des cernes sous ses yeux démontraient qu'elle avait veillée plusieurs heures - ou plusieurs jours - d'affilés.

-Non ma chérie... C'est maman.

Je plissais les yeux. Le visage de cette personne ne faisait remonter aucun souvenir en moi. J'étais complètement perdue. Ma mère ?

-Tu... Tu te souviens de moi... n'est-ce pas ?...

Je ne répondit rien. Le visage de la femme - ma mère - fut prit d'horreur, trempé de larmes. Les larmes menaçaient de rouler sur mes joues. Ma « mère » avait mal.

-... Je... Non...

Je tentais de dire quelque chose, n'importe quoi. Mais comment parler à une mère dont je ne me rappelle même pas ? Comment ne pas la blesser d'avantage ? Un homme apparut soudain près de ma « mère », calepin et stylo en main.

-Tania, je suis le docteur Tavernier, je vais m'occuper de t...

-Pourquoi je ne me souviens que de ce prénom ? Pourquoi je ne me souviens de personne ? Pourquoi je ne la reconnais pas ? Pourquoi je ne me rappelle que de lui ?!

Le docteur Tavernier fit encore un pas, en faisant signe de me calmer. Je paniquais, je ne me souvenais de rien, même pas de ma mère... COMMENT VEUT-IL QUE JE CALME ?!

-Une minute... Tu te rappelles de Faust ?... dit ma mère toujours horrifiée.

Sans m'en rendre compte je m'étais assise sur le lit de cette chambre, où tout était étrangement blanc. J'ai regardé mes mains, que je tordais dans tous les sens.

-Je... Je me souviens juste du prénom, j'ai expliqué, je... je sais qu'il est important pour moi... je le sens... Mais je n'ai aucun souvenir de lui.

Ma mère se leva, la main plaqué sur la bouche, laissant s'échapper de gros sanglots, dos à moi. Le médecin posa une main protectrice sur l'épaule de cette dernière et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Sur ce, ma mère sortit de la chambre et je restais seule avec le médecin. Voilà seulement quelques minutes que j'émergeais des ténèbres et je me sens déjà coupable de ce que j'inflige à ma mère.

Le docteur Tavernier s'assit sur le siège près de mon lit et se prit la tête dans les mains. Quand il la releva, ses yeux étaient emplis de larmes. Ces dernières menaçaient de tomber, mais il luttait pour ne pas le montrer.

-Tu ne te rappelles vraiment de rien ? me demanda-t-il la voix nasillarde, différente d'il y a quelques minutes.

Je restais interdite, le détaillais de la tête aux pieds. Ses cheveux noirs, ses yeux marron clairs, sa blouse blanche et son jean bleu. Il paraissait jeune pour être docteur. Il me regardait dans les yeux, attendant sûrement une réponse qui ne viendrait jamais.

-Je pensais que tu allais avoir une petite amnésie, rien de plus... Pas au point de ne pas te souvenir de ta propre mère !

J'avais les sourcils froncés depuis tout à l'heure. Je savais que j'étais amnésique avant même d'avoir ouvert les yeux ! Je réfléchis quelques secondes. Bizarrement, j'avais cette envie, ce besoin, de savoir qui est vraiment Faust. J'ai décidé de demander au docteur, mais il reprit avant moi :

-Tu ne te souviens pas de moi non plus ?

-Comment ça ?

-Tania... (Il fit une pose en regardant par terre, soupirant, puis releva les yeux) C'est moi... Hugo... ça ne te dis vraiment rien?

-Puisque je viens de vous dire que je ne rappelle pas, je dis calmement. Vous-même vous venez de le dire...

Je m'interrompis. Ma voix s'était éteinte d'elle-même. Puis une larme perla sur ma joue.

-Je suis désolée...

Le médecin - ou plutôt « Hugo » - renifla.

-Non, c'est vrai, tu as raison. Je suppose que tu veux en apprendre un peu plus sur certaine chose, non ?

J'allais lui répondre que oui, que j'aimerais des réponses à mes questions, mais il parla plus vite que moi :

-Tu pourras poser n'importe quelle question, n'importe laquelle. Tu auras une réponse... même si ce ne sera peut-être pas celle que tu attends.

Hugo se leva du siège et sortit de la chambre, me laissant seule à son tour. Je vaguai donc à mes réflexions : qui est Faust ? À quoi ressemble t-il ? Je le connais depuis longtemps ? ou encore : que s'est-il passé avant mon réveil ? Pourquoi ai-je perdu la mémoire ? Ma mère est-elle vraiment ma mère biologique ? Toutes ces questions aussi anodines les unes que les autres et qui pourtant me paraissaient importantes. Enfin, j'ai finis par m'endormir peu de temps plus tard.


Parfaite amnésie [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant