Dans la ville

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Séance du 22 janvier 1946 :

Je viens de quitter ma cellule, on me ramène dans cette salle...j'ai déjà la bouche sèche et il est là aujourd'hui...je l'ai vu passer dans les couloirs hier avec ses cheveux blonds bouclés et ses chaussures à talons qui font un bruit infernal, pourquoi est-il ici ? Certainement pas pour me remercier d'avoir sauvé son frère...mais bon je ne vais pas me plaindre, ce n'est pas dans sa nature je le sais et ça ne le sera jamais je pense.

Je soupire et relève la tête pour observer le procureur qui rabat son marteau sur la table.

« La séance peut reprendre, prenez votre temps. »

« Bien...merci monsieur »

Je prends une inspiration et commence à parler, ma voix est rauque à cause de cette dure nuit.

J'en suis venue aux premiers coups de feu vers Seelow, il faut savoir que ce n'est pas encore Berlin mais assez prêt pour que cela réveille ceux dont le sommeil était le plus léger.

J'apprends en me renseignant à la radio que les troupes avaient été évacuées car mes supérieurs redoutaient une attaque de ce côté-ci de la ville. Les Russes avançaient difficilement mais cela ne faisait qu'augmenter mon stress, ce ne sont pas quelques nuages de poussière qui vont arrêter ceux que je redoute vraiment...

Ils ne sont donc pas de cet assaut...où sont-ils ? Où est le vrai danger... ?

Malheureusement je n'ai pas les réponses à ces questions et le commandement non plus sans doute, il me donne l'ordre de déployer mes hommes sur les limites est de la ville car on ne sait pas s'ils vont continuer jusqu'à nous rapidement. Je sens à la voix de mon interlocuteur qu'il est paniqué et que ses voisins aussi, ça cri de partout...et les Russes ne sont pas encore là...qu'est-ce que ce sera après ?

Finalement nous attendons encore 3 jours avant qu'ils ne nous atteignent...c'était stupide de paniquer aussi vite...Seelow était encore loin de nous et nous avons agi comme s'ils étaient à nos portes. Au moins pouvons-nous espérer être prêt désormais ?

Bien sûr que non...nous ne serons jamais prêt contre ce qui arrive...ou du moins pas avant quelques années.

C'est l'anniversaire d'Hitler ce jour-là, quand ils arrivent dans les faubourgs de la ville. Alors que le bruit des tirs est de plus en plus proche on chante Zum Gerburtstag dans le jardin de la chancellerie...

A peine quelques jours plus tard, trois ou quatre il me semble, Ils nous atteignent réellement et entrent dans la ville avec leurs chars.

Je n'ai pas encore rejoins les premières lignes mais jour et nuit j'entends les Katyushas vomir depuis les extérieurs de la ville leurs missiles sur notre jadis belle capitale.

Je fais une pause dans mon récit pour boire et me calmer un peu, raconter cela, vous vous en doutez n'est pas chose agréable...

Bref...

Nous sommes désormais le 24 avril les combats font désormais rage dans la ville elle-même, je m'efforce de tenir ma position avec mes troupes et ma barricade mais les tanks russes sont difficiles à arrêter avec quelques mitrailleuses et des soldats épuisés.

Les généraux ennemis ne sont pas spécialement doués en tactique militaire cela se sent en tout cas pour ceux que j'ai en face de moi mais ils sont nombreux et terriblement bien armés...C'est le principal problème...nous, nous sommes l'inverse, très bien entraînés mais épuisés et quasiment sans ressources.

Mes premiers soldats tombent, celui-ci qui tombe à côté de moi s'appelle Emrick Steigner...

Il venait de fêter ses 18 ans quand il est rentré dans mon unité de la Wehrmacht, il est le fils du maire de Postdam et il est fiancé à Margaret Sigmund une fille adorable de bonne famille également, bien que peu riche. Leur mariage était censé se dérouler cet été à la campagne, il m'avait même invité et transmis un faire-part, il me parlait souvent de son rêve de devenir conducteur de train entre les frontières est et ouest du Reich. Il me disait souvent aussi que j'étais une des meilleures colonelles qu'il ait vues et contrairement à d'autre il ne me rappelait jamais que j'étais une femme... bref une crème d'homme qui aurait pu faire de grandes choses et vivre heureux sans cette guerre.

La bataille de Berlin vu par Erika L. B. B. (Procès de Nuremberg )Where stories live. Discover now