Seuls les démons

Chapitre 4

Nimue

Mes appartements étaient surveillés par deux gardes qu'Arthur avait commandé de tenir la garde.

Ma tentative de sortie s'était échouée là.

Je réfléchissais donc durant la matinée entière à un moyen de sortir sans les prévenir. Comme si c'était possible. Tous mes scénarios étaient vains. Sortir sans qu'ils ne me voient était précisément impossible. Au-delà du possible.

Au-delà...

Je serrai les paupières et me tapais la tête de la paume de la main. Je ne pouvais pas agir avec autant d'idiotie. Pas dans une période pareille. Le moine larmoyant venait pour une raison et j'étais enfermée dans cette chambre pour une autre qui étaient toutes deux liées.

Le soleil se levait de plus en plus, ses rayons quittant la reliure vieillis de mes lectures sur ma table de nuit pour plonger l'habitacle complet dans l'ombre. Il devait être pas loin de 11h. D'ailleurs, une odeur de tarte aux fraises s'élevait au dehors. Ou bien, peut-être était-ce dans le couloir? Venait-on me porter cette tarte? Je commençais effectivement à avoir faim.

Comme je l'avais espéré. L'on toquait à ma porte et j'acceptais cette visite en indiquant aux gardes d'ouvrir celle-ci.

Arthur apparu, un plat à la main.

Je me lamentai.

-Pourquoi faut-il que je reste ici? Tu as préparé un cirque et je n'ai même pas le droit d'y assister. Tu ne prépares jamais de cirque ! À quand la prochaine fois? Jamais? S'il te plait, je ferais attention. Si tu me laisse sortir, je te laisse décider quel garde me suivre.

-Non. Nimue, c'est trop dangereux. On en a déjà parlé.

Il me fourra le plat avec la tarte sur la poitrine et je m'en emparai avec obligation, sans nullement grimacer de déception.

-Pourquoi préparer un événement? Boudais-je.

-Le ménage a besoin d'être fait. Je fais bouger les choses.

J'haussais les sourcils et il leva un doigt dans ma direction, me pointant gravement :

-Sauf toi. Toi, tu ne bouges pas.

La porte se referma et je m'affaissais sur mon lit, ma tarte à la main.

Elle semblait bien appétissante. Je ne la niais pas bien longtemps que je la mangeais. C'était la seule activité qui me semblait digne de faire puisqu'on m'ordonnait de rester seule dans cette pièce.

Je savais que c'était pour ma sécurité. Je craignais le moine larmoyant, moi aussi. Tout autant. Cependant... Je me sentais confiante quant à mes chances ne pas être aperçue.

Je rêvais éveillée durant la journée. Incapable de me concentrer à la lecture. J'entendais les gens rire à l'extérieur et parfois quelques acclamations me tiraient de mes rêveries. Quelques spectacles devaient se donner. Je me demandais si le moine était déjà arrivé. Avait-il déjà commencé sa chasse?

Je me disais que non. S'il avait commencé, même caché dans cette pièce, je le soupçonnais d'être capable de me trouver. Que je sois enfermée ici était ridicule. J'étais plus en danger dans cette pièce fermée sans issue de secours s'il débarquait. J'avais plus de chance dehors et je le savais.

Le moine était le meilleur dans son domaine, l'on disait qu'il avait été entrainé dès son plus jeune âge pour tuer. D'autres disaient qu'il avait des dons, dons exclut à celui des Faes et qui ne s'apparentaient pas. On connaissait sa réputation. Il trouvait toutes les Faes, il les portait sur son visage telles des trophées. Mon frère savait ce qu'il faisait et je me devais de lui faire confiance, mais à la fois, je me doutais, à son inquiétude à mon sujet, si de le faire venir ici avec ma présence était sage. ''Toutes les autres sauf toi'' l'entendais-je à nouveau me dire quelques années auparavant. Toutes les Fae et leur fléau pouvaient brulées, être exécutées, comme le voulait la loi, la société. Tel le voulait Père. Arthur suivait sa voie, la respectait, pour protéger le peuple et le royaume. Moi, je faisais partie du peuple et du royaume pour lui et il se devait, il se voyait en tant que sa sœur, me protéger. Je n'étais pas Fae pour lui. Parce que je ne pratiquais pas, parce que je n'étais pas alliée avec les autres. Or, nier mon sang, pour mon rang, était un mensonge.