Chapitre 1

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-C'est lui.

-C'est lui? Répétait l'autre avec convoitise.

C'est moi.

Je me réveillai en sursaut. Et en sueur.

Je soupirai en me passant une main dans les cheveux, tremblotant. En retirant la couverture qui me tenait d'évidence trop chaud, je me souvenais être dans ma chambre et je reconnaissais les murs qui m'entouraient.

J'étais encore là. Ici. Et non pas ailleurs. Là-bas.

Je ne savais pas pourquoi cette nuit précisément, je m'étais remis à rêver de cet événement.

Ce devait avoir été de perdre mon entrainement à l'épée contre Valerian la veille qui m'avait provoqué. J'avais été si irrité et en colère par ma défaite qu'il n'aurait pas été étonnant que mon subconscient en soit resté choqué au point de me faire rêver à des trucs tout aussi désagréables.

Je savais manier l'épée, depuis tout petit. Père Francis m'avait appris. Mais ce Valerian... Il avait une dent contre moi. Pour je ne sais quelle raison. Pour être honnête, je ne voulais pas savoir. Cela m'était égal. Puisqu'il pouvait me détester s'il le voulait, l'important était qu'il ne pouvait pas me vaincre. Jusqu'à ce qu'il ne le fasse et ne me dérange. L'échec. L'humiliation. Ce n'étaient pas des sentiments que je connaissais bien, et toujours étant honnête, je ne les aimais pas lorsqu'ils survenaient pour m'habiter tout entier. Pour ne pas accepter d'avoir perdu contre lui à notre duel, j'avais presque osé imaginer qu'il avait usé de magie pour s'en tirer.

Qu'est-ce qui avait fait en sorte qu'il ne me désarme cette fois? Qu'est-ce qui avait changé? J'avais toujours été alerte, concentré et victorieux. Peut-être bien que pour une bonne fois mon arrogance et mon orgueil avaient été vaincues.

Ce putain de Valérian.

Son visage balafré et vicieux me revint en mémoire pour s'afficher en grand dans mon esprit encore embrumé par mon cauchemar. Je secouai la tête et me redressais de lit pour le fuir. En me levant, je constatai que les rayons du soleil tentaient de pénétrer au travers les rideaux tirés.

L'on toqua à la porte et j'ignorai un moment, enfilant mon chandail avec difficulté, je l'avais mis de travers.

-Merlin !

Je roulai des yeux tout en me dépêchant d'ajuster mon vêtement et quelque peu de mauvaise humeur, je me dirigeai vers la porte pour ouvrir.

Ben se tenait derrière.

Il m'étudiait un moment, constatant ma mine renfrognée. Mon air grognon le fit plisser des lèvres.

-Tu as mal dormi.

-C'est si évident que cela?

-Si.

-Tu vas m'aider avec ça ou simplement constater les faits à voix haute? Parce que, tu sais ce que je vais te dire.

-De me taire, oui. Répliqua-t-il en me toisant avec une certaine suspicion.

De quoi me soupçonnait-il ? De mal dormir ? Je le détestais, celui-là aussi.

Il redressa les épaules avant de déclarer d'une voix plus froide :

-Le père Francis veut te voir dans la grande salle.

Bien évidemment qu'il veut me voir dans la grande salle, voulus-je répondre en m'abstenant. Je n'allais que m'attirer des ennuis et des ennemis si je me comportais en permanence avec autant d'arrogance.

Je me contentais d'acquiescer et le père Ben s'éclipsa rapidement, les mains derrière le dos.

Sans prendre la peine de refermer la porte puisque sur le point de sortir, j'enfilais ma ceinture et y glissais mon épée. Je me dirigeai ensuite vers la grande salle pour y retrouver le Père Francis.

Seuls les démonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant