Je me souviens

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Tu es là, à quelques dizaines de mètres devant moi, tu fanfaronne comme à ton habitude.

Tu n'es pas en discussion officielle donc tu n'es pas tiré à quatre épingles ce qui fait que tu porte ce T-shirt un peu étroit avec le logo de la NASA au niveau du torse, il est assez long mais très proche de tes muscles qu'il souligne à la perfection, tes cheveux mi-long sur le dessus tiennent avec du gel ou de la laque ce qui les rends brillant, tes yeux sont cachés par des lunettes de soleil. Tu porte encore ce pantalon treillis quand bien même tu n'es plus en guerre contre qui que ce soit. Tu domine tout de ta grande taille car tu dépasse tout le monde de plusieurs tête, il y a que ton vieux rival Ivan qui est plus grand que toi.


Je jette un œil aux personnes avec qui tu discute : Mariliza Chypra et Aysun Turko. La première a des long cheveux roux qui envahissent tout l'espace autour de sa tête alors que l'autre a des cheveux rouges plus cours mais à moitié caché sous un léger voile.

Mariliza a un papier à la main. Tu es sûrement en train de négocier dans l'ombre...comme tant de fois. Peut être que tu ne fera pas tout gâcher cette fois ci. Tu as un immense sourire, plein d'assurance


Quand je te regarde je pense à ta mère . . . elle aussi s'est éloignée de moi mais au moins nos rapports restent cordiaux. 

Ta mère . . . 

"Non!" me dis-je "Elle est plus heureuse avec ce Germain et cette salope d'Europa" 

Est-ce que je dis la vérité ou est-ce que j'essaye de me rassurer ? Le simple fait de me poser cette question m'apporte la réponse par une douleur dans mon cœur

"Tu me manque ma douce . . . nos disputes me manquent, nos chamailleries me manquent, nos moments de complicité et de proximité me manquent"


Les éclats de voix cessent, je sors du flot de souvenir sur  ta mère qui commençait à me submerger. Je regarde Mariliza et Aysun s'éloigner. Mariliza semble soulagée, Aysun plutôt énervée. Encore une affaire rondement menée pour toi


Tu te retourne et tu me vois. Ton sourire qui se dessinait d'un bout à l'autre de ton visage disparaît tout de suite quand ton regard se pose sur moi et que tu te rend compte que j'étais là depuis un moment.

Autant être poli. Je m'approche de toi, la tête haute. Je porte mon vieux haut-de-forme que je ne quitte jamais, ma redingote brune sans manche bien serrée ouverte sous le menton pour laisser mon foulard froissé dépasser, je porte une chemise brune claire a manches longues et un pantalon de la même couleur que ma redingote.

Ma main droite est gantée avec un gant bleu marine qui remonte jusqu'à mon coude et ma main gauche, ou tout du moins ma prothèse, brille de sa lueur dorée. Elle tient ma canne en or qui accompagne mes pas. Peut être était-ce le bruit de cette canne m'aidant à supporter ma jambe blessée qui a attiré ton attention.


Alors que je n'arrive qu'à quelques mètres de toi, sans prononcer un seul mot, tu te retourne en réajustant tes lunettes de soleil, et tu t'en va, serrant les poings. Je ralenti ma cadence de marche pour te voir t'éloigner, tes couleurs sont devenus plutôt fade Sean, peut être peut tu le cacher aux autres mais pas à moi, pas à ton père.

Je m'arrête et je baisse doucement les yeux vers le sol. Ça fait mal, terriblement mal. Physiquement car mes vieilles blessures se réveillent : ma jambe, qui n'a jamais totalement guérie, me lance horriblement et la douleur revient. Je sens mon bras gauche me démanger, je vais pour me gratter mais je ne gratte qu'une prothèse, fichu membre fantôme.

Mais la douleur la plus intense n'est pas physique. Je suis assailli mentalement par des souvenirs. D'une autre vie, d'une autre époque. 


Je me souviens d'une époque à laquelle tes couleurs brillaient de mille feu, je me souviens quand tu n'étais pas encore celui que tu es aujourd'hui


Je sens ma lèvre trembler, ma vision se trouble un peu et je sens une larme couler le long de ma joue

Est-ce que tu m'aimes?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant