Douce Insomnie.

Je me manque

C'est vrai, je peux le dire, je me manque.
Le moi d'avant n'aurait jamais baissé les bras, il se serait battu bec et ongle pour ses convictions.
Il n'aurait jamais baissé les yeux pleins de honte face aux regards des gens haineux pour une moindre différence.
Oui, le moi d'avant était fort, il levait haut la tête fier d'être ce qu'il était.
Il était un être fort de combat, rien de l'atteignait, rien ne le blessait, seul ses objectifs comptaient pour lui.
Maintenant, il est parti sans même laisser une trace de lui.
Il s'est effacé, enfoncé profondément dans la terre durcie par les basses températures de l'hiver.
Il est mort enterré vivant.
Oui, je peux le dire, je me manque affreusement.
Je pense que le moi d'avant est parti à l'instant même où il a vu son père s'envoler.
Comme si ce dernier lui avait tendu vaillamment la main pour parcourir à deux le monde des fantômes.
Comme si lui même avait peur de l'inconnu qui l'attendait.
J'étais heureuse, extravagante, j'avais toujours quelque chose à dire pour ne serait-ce que faire sourire ceux que j'aime.
J'étais active, mes yeux brillaient d'excitation à l'idée d'affronter la journée qui m'attendait.
Mais... Je ne me trouve plus, je me suis perdue en chemin.
Maintenant, je dirais que je suis une coquille vide, j'ai égaré mon âme, je me suis noyée dans ce profond chagrin.
Je suis comme éperdument choquée.
Ce traumatisme me tabasse.
Je ne pleure pas, ne frissonne plus et je suis terrifiée à l'idée d'être coincée dans ce nouvel hôte qu'est mon corps.
Je ne me vois plus quand je me regarde devant le miroir.
La douleur me chatouille presque tellement je ne la ressens plus.
Je me cherche désespérément.
Je me manque tout les jours et je ne cesse tenter de trouver du réconfort en écrivant, dessinant, en faisant ce que j'aimais faire par dessus tout il y a de cela quelques mois mais rien n'y fait.
Je me cherche mais je ne me trouve pas.
Un jour peut-être je reviendrai tête haute prête à affronter le monde tel qu'il le devient.
Un jour peut-être serais-je prête.
Comme le dit le dicton chinois: ''tombes 6 fois, mais relèves toi 7 fois''.