Papa, pardonnes moi

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Comme souvent depuis que tu n'es plus, je ne trouve pas le sommeil.
J'observe l'obscurité de la nuit te cherchant comme si j'allais trouver ta lueur pour me guider et me soigner.
Je te cherche encore, je cherche ton nuage argenté pour m'y abriter.
C'est le chaos autour de moi.
Je suis un débris parmi tant d'autres dans le champ de bataille qu'est ma vie.
J'ai besoin de te demander pardon encore une fois.
Les images fusent et me lacèrent le cœur, je revis le jour où nous t'avons enterré et je n'y vois pas ma mère..
Je me revois quelques années auparavant au téléphone avec toi.
Partageant une conversation lourde de sens, sans savoir que ce serait la dernière fois que j'entendais ta voix.
J'aurais aimé n'entendre que cette dernière, mais tes sanglots résonnent toujours dans ma tête, ils tournent en boucle dans mon esprit et me tuent chaque jour un peu plus.
Elle était l'amour de ta vie me disais-tu.
Jamais tu n'avais cessé de l'aimer, et pourtant, elle n'était pas là pour t'accompagner dans ta dernière demeure.
J'en ai honte, je l'avoue à demi-mot.
Je sais que tu aurais volontier échanger la présence de ceux qui étaient là contre la sienne si tu en avais eu le pouvoir.
Et je te demande pardon pour ça.
Je te demande pardon pour la vie que tu as eu,
Je te demande pardon pour la culpabilité que tu as porté pendant si longtemps.
Ton corps en était tellement affaibli.
Elle t'a tué.
Je te demande pardon de t'avoir détesté si longtemps en ayant, au fil des années, oublié pourquoi.
Au final, même dans la précarité de ton départ, j'ai grandi plus heureuse que tu n'as vécu.
Pendant toutes ces années, tu as souffert, tu ne demandais qu'à hurler ta douleur sans que je ne puisse l'entendre.
Je remonterai le temps, je prendrais un peu de ta douleur pour te soulager et te garder en vie..
Au final, je te revois dans tes draps blanc, ton corps portait la souffrance de ces dernières années.
Il était amincit, ta peau était rongée de culpabilité et ton regard..
Mon dieu ton regard portait le manque d'amour, la guerre, la pauvreté dans le monde, la famine et la maladie.
Il portait le noir, le très noir, les abysses.
Il portait la laideur du monde, la souffrance et l'injustice.
Il n'y avait aucune couleur, aucune lueur.
En fait... Tu étais parti il y a déjà bien longtemps, comme ça dans un souffle, en claquant la porte sans personne pour te retenir.
Je voudrais remonter le temps et te serrer dans mes bras, te dire que je suis là, que la colère n'est plus.
Je voudrais te serrer dans mes bras et te demander pardon.
Je voudrais te serrer dans mes bras et te ramener à la maison.
Te serrer une dernière fois et plonger mes yeux dans les tiens pour te dire avec la plus grande sincérité ''moi aussi je t'aime Papa''.
Est-ce vraiment ça la vie ?
Ressentir la douleur continuelle du ''si j'avais su''?

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⏰ Dernière mise à jour : May 23 ⏰

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Douce Insomnie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant