L'ange aux cheveux verts [ZoSan]

Chapitre 5

Depuis l'histoire de la cigarette dans la cuisine, Zoro n'avait même pas eu la plus minuscule occasion de se disputer avec Sanji. Il s'arrangeait toujours pour faire des courses sur l'île sur laquelle ils avaient accosté, partant si vite que le sabreur et son sens de l'orientation finissaient toujours par se perdre en essayant de le rattraper. Il passait beaucoup de temps avec Nami et Robin, s'occupant d'elles précieusement, ce qui avait le don de l'énerver, car non seulement il ne pouvait pas lui adresser la parole sous peine d'être méchamment rembarré devant les filles, mais surtout parce qu'il s'extasiait toujours devant elles comme un parfait imbécile ce qui, lui au moins il le savait, n'était que pure comédie. Il n'arrivait même pas à le trouver pathétique. Au contraire, il était très drôle, il faisait de belles pirouettes pour les séduire, quelque chose dont lui était parfaitement incapable. Non, il se sentait pathétique. Qu'avait-il bien pu faire pour être traité comme ça ? Être privé de Sanji, c'était être privé de tout. S'il n'avait pas sa dose de haine dépensée contre lui, ou au moins une petite portion de complicité et de rire lors de leurs nouvelles discussions enrichissantes, Zoro ne se sentait pas bien. Alors pour ne pas y penser, il dormait. Il buvait beaucoup de Saké pour mieux tomber dans un lourd sommeil si profond qu'il n'avait plus conscience de la réalité. Dans cet état second, tout était plus facile.

En se réveillant, le plateau était de nouveau là. Sans réfléchir, il se jeta dessus, comme l'affamé qu'il était car il n'avait pas mangé depuis la veille. Par négligence, bien évidemment.

« C'est fou, tu ne pourrais vraiment pas survivre sans moi ? Comment tu faisais avant ? »

Le sabreur s'arrêta, leva la tête et put découvrir un sourire parfaitement détendu. Il s'empressa d'avaler pour répondre simplement :

« Je me le demande. »

Sanji, qui avait enlevé la veste de son costume, laissant voir entièrement sa belle chemise bleu foncé, s'accroupit à ses côtés, le regardant dévorer le reste des plats qu'il lui avait concocté.

« Tu fais honneur à mes plats, toi, au moins !

— Qui ne ferait pas honneur à un plateau aussi merveilleux ?

— Plateau qui est déjà presque vide.

— Laisse-moi arranger ça ... »

Zoro continua son festin, s'appliquant à ne pas laisser la moindre trace de sauce, la moindre petite miette de gâteau ou la plus petite goutte d'eau.

« Voilà ! Maintenant, on peut dire que c'est vide. »

Il montra une assiette impeccable à côté d'un grand sourire, parfaitement idiot mais rayonnant de bonheur.

« Tout va mieux quand on a le ventre plein, souligna Sanji qui lui rendit un sourire amusé ne le trouvant absolument pas ridicule.

— Je ne suis pas d'accord. »

Il perdit alors son enthousiasme en reposant l'assiette sur le plateau. Le cuisiner s'assit à même le sol, bien décidé à comprendre pourquoi il faisait cette tête-là.

« Et pourquoi tu serais contre ma philosophie ? demanda patiemment le cuisinier attendant de solides arguments.

— Si le cœur est vide, on se fiche de l'estomac. »

Le sabreur ne le regardait même pas, il baissait la tête, comme un enfant triste qui voulait être consolé. Sanji comprit enfin où il voulait en venir et poussa un soupir en s'installant à côté de lui, contre le mur, pour mieux observer les étoiles.