Je le considérais comme un père, lui il me voyait autrement...
J'ai échappé au pire mais le traumatisme demeure.
Il est toujours avec sa famille, joyeuse et tranquille.
Mais moi, moi je m'en souviens. Je me rappelle de tout.
Je me rappelle de chaque propos, de chacune de ses actions.
Ce jour-là quand il est parti, tout m'a semblé plus clair. Il n'était pas adorable envers moi parce qu'il me considérait comme sa fille. Non, il essayait de m'amadouer. Pendant des années, il a cherché des occasions de m'atteindre. Ce jour-là, l'occasion c'est pointé.
Il venait chaque matin nous voir parce qu'il aimait me voir en robe de chambre. Il a dit : Tu avais une robe de nuit rose quand je venais les matins, tu étais souvent dedans parce que tu venais de te réveiller. J'étais dans tous mes états.
Je me rappelle de cette robe, je ne lui trouvais rien de provoquant. C'est une de mes tatas qui me l'avait offerte. J'avais 14 ans. J'avais 14 ans et je l'excitais déjà.
Et si ma mère n'était du genre super protectrice... J'étais une ado, ma mère m'étouffait à vouloir me surprotéger et à me cacher à tous. Elle craignait les garçons de mon âge. Mais le danger, c'était les hommes de sa génération. C'était ses amis.
Je comprends pourquoi il intercédait pour moi quand je demandais à ma mère de me donner un peu de liberté. Il ne me défendait pas, en réalité, il menait sa propre guerre.
Je me sens comme un gibier, comme un bœuf engraissé juste parce qu'on désire le consommer. Il était là, il rodait encore et encore autour de moi.
Je l'appelais tonton, il était ami à ma mère et il connaissait mon père. Pour moi, c'était la famille. Pour lui j'étais celle qu'il désirait.
Ce samedi là, ma mère était à une fête. Il devait être 19 heures quand quelqu'un a appuyé sur la sonnerie. C'était lui. Je n'étais ni surprise ni mal à l'aise. J'étais juste désolée, je lui ai dit :
- Bonsoir tonton, vous venez à peine de manquer maman. Elle vient à peine de sortir. Mais elle m'a dit qu'elle ne tarderait pas.
Il m'a répondu :
- Donc tu es seule ?
Et moi naïvement, j'ai répondu :
- Oui.
Et il a dit :
- Je vais l'attendre.
Il est entré au salon, je lui ai proposé de l'eau. Il m'a demandé si je pouvais lui chauffer de l'eau. Il voulait prendre ses médicaments contre ses douleurs lombaires. Il est sorti, il est allé à sa voiture. Moi je chauffais l'eau que je lui ai servi dans une tasse quelques minutes après. Il a versé le contenu du sachet dans l'eau chaude, a remué le tout et a commencé à le boire tout en me posant des questions sur mes études. La conversation a pris un autre tournant quand il a voulu savoir si j'étais en couple. J'ai répondu par la négation. Alors il a dit :
- Tu es sûre ? tu peux me faire confiance et me le dire. Tu as quel âge maintenant ?
- 18 ans
- Tu es déjà majeure. Tu dois avoir un homme dans ta vie. C'est à cause de ta mère ? Elle te surprotège, elle ne comprend pas certaines choses...
Je me sentais mal à l'aise, abordé le sujet des relations amoureuses avec quelqu'un que je considérais comme un père m'indisposait. Je pense que certains comme moi, n'aime pas parler de ce genre de choses avec des adultes. J'ai décidé de ne plus prêté oreille à ses dire.
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Au bout du tunnel
Short StoryDes mots écrits, exprimant la douleur et les interrogations après un événement malheureux. Ce texte est un moyen de ce libérer. S'affranchir du passé. Accepter une réalité, ne pas l'oublier et partager la maturité.