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Comment pouvons-nous nous en sortir si à chaque fois qu'on décide d'agir une femme ou un groupe de femmes salit l'effort accompli ?

On m'a dit d'en parler : « Raconte ton histoire ».

Chaque jour des femmes sont victimes d'agression et de viol mais elles ignorent que ce qu'elles ont vécu, n'est pas normal et que c'est un crime.

La première fois j'ignorais que c'était une agression sexuelle. C'était un ami. Je suis allée chez lui. Pour moi je visitais un ami mais pour lui il recevait la fille qu'il allait baiser. Je n'ai même pas fait 10minutes dans son salon qu'il a essayé de m'embrasser de force. Il voulait coucher avec moi, je me suis débattue, j'ai crié et je suis partie. Je n'ai plus jamais pris contact avec lui. J'avais 17 ans, je me suis dit que c'était ma faute. Après tout qu'est-ce qui m'a pris de me rendre chez un garçon.

Aujourd'hui quand j'y pense, si je décline toujours les invitations à venir dans la maison d'un homme qu'on soit ami ou pas, c'est parce que je ne veux plus jamais revivre ça.

Un an après, je revivais le cauchemar à domicile.

J'ai essayé d'en parler. Peut-être me suis-je adressée aux mauvaises personnes ? J'ai voulu combattre seule mais je n'y arrive pas.

Ce que je veux, ce que je ne veux pas c'est que les horreurs que j'ai subi, conditionne ma vie.

Je mérite mieux, je sais que je mérite.

Il faut que tu grandisses, il faut que tu grandisses, il faut que tu grandisses.

Il faut que tu cesses d'être une femme désabusée.

« D'après le dernier rapport de l'ONU sur le sujet, « The World's Women 2015 : Trends and Statistics », publié tous les cinq ans, ce sont elles qui, par rapport au reste du monde, paient le plus lourd tribut. Plus de 37 % des femmes – soit plus d'une Africaine sur trois – auraient en effet subi des agressions sexuelles au cours de leur vie. Le taux de viols par habitant y est aussi plus élevé que n'importe où ailleurs. Mais la prise de conscience qui a percé au sein de la société civile il y a quelques années redonne espoir. « Aujourd'hui, on constate une nette libération de la parole, notamment via les réseaux sociaux, affirme Halimatou Camara. Les jeunes femmes de la nouvelle génération sont conscientes du rôle qu'elles peuvent jouer dans la société, de la place qu'elles doivent prendre. Grâce aux militantes, aux associations de plus en plus visibles, les choses bougent. » »

Les agressions sexuelles sont si fréquents en Afrique et au Bénin, me rendre compte que nous étions nombreuses à avoir été agressées ou violées me glace le sang. Savoir qu'il est possible au moment où j'écris ou au moment où vous me lisez qu'une ou plusieurs fille(s)/femme(s) se fait/font agressée(s) me comprime le cœur.

Au bout du tunnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant