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Je suis assise sur ma chaise à repenser à tout. Chaque personne à sa manière propre à elle de résoudre les problèmes, de les affronter. Face à un certain degré de souffrance nous ne réagirons jamais de la même manière. Après tout, chaque humain est unique en son genre.

Aujourd'hui, je pense aux mères célibataires, elles qui ont dues élever leurs enfants seules. Dans un environnement patriarcat qui pariait qu'elles échoueraient dans cette tâche et qui met tout en œuvre pour leur compliquer la vie et les drainer vers le bas quand elles essaient de s'élever.

"Une femme seule ne peut pas élever un enfant qui réussira dans la vie!"

 A ces femmes qui ont dû se laisser abuser parce qu'elles avaient besoin d'argent pour nourrir leurs enfants. 

"Tu n'as pas idée de ce que j'ai enduré pour garder mon boulot. Je devais le laisser abuser de moi. Parce que...si je me retrouve au chômage, qui va nourrir mes enfants? Je sais que ce que j'ai vécu n'est pas normal mais ce monde est tellement injuste. Que pouvais-je faire? Mes enfants avaient besoin de moi." 

Vous êtes si nombreuses, vous avez tant souffert, ce monde a été si injuste avec vous. Vous êtes si détruites émotionnellement, psychologiquement...

« A un moment donné, je me suis dit si je dois le laisser abuser de mon corps pour que mes enfants aient un avenir meilleur, ce n'est pas un problème » « Est-ce que tu sais ce que ça fait ? Chaque matin, tu vas au service et ton patron t'attend pour abuser de toi et tu te laisses faire parce qu'il n'y a personne pour t'aider, te protéger » m'a-t-elle dit.

J'ai senti sa douleur, elle a dû endurer tout ceci seule parce qu'elle était seule et qu'elle ne pouvait se permettre de perdre le job qui la nourrit elle et ses enfants. Est-elle la seule dans cette situation ? Non !

Nombreuses sont les femmes qui subissent ce genre de situation chaque jour.

Etre psychologiquement brisé, sourire et faire comme si tout allait bien, c'est ce que nous faisons tous les jours.

Aujourd'hui je pense à ses hommes qui n'assument pas leur rôle de père. Ces hommes qui laissent tout à la charge de la mère. Ils sont les premiers à salir en public. « C'est une prostituée, elle n'a aucune décence, elle me dégoûte ». La personne qui devrait le plus vous dégoûtez c'est vous !

Je pense à ses patrons qui prennent plaisir à abuser encore et encore de leurs employées parce qu'ils savent à quel point elles ont besoin de ce salaire. Ce plaisir qu'ils ont à détruire physiquement, psychologiquement et professionnellement les femmes qui les entourent. Ces êtres infâmes ont quand même l'audace de se pointer aux ateliers, cérémonies, soirées visant à valoriser la femme, à éduquer, à dénoncer les violences faites aux filles et aux femmes. Ils font même des discours et se fustigent contre cet état de chose. Dans l'ombre, ils harcèlent, agressent, violent des femmes. Vous êtes de gros malades mais ça je suppose que vous le savez.

« Dans ce genre d'affaires, le poids de la société est très lourd. Au lieu de condamner l'auteur des faits, on accuse la victime de ne pas s'habiller comme il faut, d'avoir mal agi. En d'autres termes, d'avoir tout fait pour provoquer le crime », explique Halimatou Camara ».

Je pense à cette société qui prend plaisir à blâmer la victime au lieu du coupable. Dans cette société, c'est à toi la fille/femme harcelée, battue, agressée, violée, tuée que revient le blâme. Après tout dans un système patriarcal: « Un homme ne se lève pour harceler, battre, tromper, agresser, violer une fille/femme sans que cette dernière ne l'ait mérité » « Et n'oublions pas que la femme est un être dangereux capable de vous pousser à bout »

A cette société, vous êtes notre plus grand problème.

Quant à moi, j'essaye chaque jour d'aller mieux. 

Oublier? J'ai essayé mais je n'y arrive pas.  Aujourd'hui, j'accepte que ce cauchemar fait partie intégrante de mon passé. Mais je ne le laisserai pas me dominer. Je n'ai pas à me sentir coupable. Je ne suis pas la fautive.

Chaque jour, je marcherai la tête haute, je n'ai pas à avoir honte. 

J'apprend à me libérer de ce sentiment.

Chaque jour, je prendrai le dessus.

Je mérite le meilleur.

Je suis une belle personne et je mérite le meilleur.

Au bout du tunnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant