Entre deux maux...

Chapitre : 10 épilogue

Et c'est ainsi que tu te rappelles de moi...

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Simon essaye de trouver la position idéale, mais il n'y arrive pas. Peu importe comment il se place, sa jambe le lance. Voilà une heure qu'ils attendent à l'aéroport, plus ou moins patiemment, que l'accès à la zone d'embarquement ouvre.

Mike n'a pas quitté son téléphone. Il ne parle pas. Depuis le départ de l'hôtel il s'est fermé sur lui-même...

Il regarde ce qui se passe autour de lui, essayant d'oublier les maux qui le dominent. Ses douleurs. Mike lui a proposé la morphine, mais il a refusé.

Avec ce qui s'était passé ce matin, c'est hors de question qu'il se retrouve en roue libre.

Il avait eu tout le voyage en voiture pour y penser. Et il n'arrivait toujours pas à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Avec les sentiments qu'il avait pour Mike, il avait envie de croire que ce matin était une promesse à quelque chose de plus beau. De plus solide. Et de durable.

Mais une part de lui savait que rien n'était gagné. Mike reste l'homme qu'il est. Il allait devoir être extrêmement patient.

Est-ce que seulement il en était capable ? Combien de temps arriverait-il à attendre ?

Il fixe le grand panneau sur lequel est inscrit « bienvenue » dans plusieurs langues, pour accueillir les touristes, mais aussi ceux qui rentraient chez eux.

Le voyage s'achève et il va rentrer chez lui, lui aussi.

Alors pourquoi ce sentiment de vouloir rester plus longtemps ? Comme si, loin de tout, il avait la possibilité de construire quelque chose ? Comme une bulle hors du temps ?

Et pourquoi diable ce sentiment que ça avait déjà été le cas ? Ici même, dans cet aéroport ?

Il observe les gens sur le départ, d'autres dans l'attente de quelqu'un. Et un sentiment de solitude l'envahit. Qui l'attend, lui ?

-Tout va bien Simon ?

-J'ai mal.

-Je sais, on va bientôt se poser dans l'avion. Tu prendras de quoi tenir le coup.

Il ne répond pas, incapable de savoir s'il tiendra tout le voyage sans morphine, avec l'idée que c'est une très mauvaise idée.

Un peu plus loin, une large porte s'ouvre, et un flot de personnes traverse le hall. Parmi elles, il repère un couple, qui se jettent dans les bras, heureux sûrement d'être arrivés à destination.

Et d'un coup tout lui revient.

-Ho mais oui ! Je sais pourquoi j'ai l'impression d'être déjà venu ici ! Parce ce que c'est le cas !

Mike lève la tête, le questionnant du regard.

-Mais qu'est-ce que je suis con...

-M'oblige pas à répondre, rigole Mike.

Enfin un sourire.

-Je suis venu en voyage de noces ici. Enfin, en escale de plusieurs jours.

Mike range son téléphone, et l'observe. Son sourire a vite disparu. Laissant place à aucun sentiment.

-Mais c'est pour ça que j'ai cette impression de déjà-vu. C'est pour ça que j'ai rêvé d'elle avant de partir... et qu'il me semble revoir des lieux ou des sensations. J'avais complètement oublié...

-C'est chaud d'oublier son voyage de noces, non ?

-Oui. Mais j'ai...

Le téléphone de Simon sonne, et le nom de Miguel apparaît.

-Allo Miguel ?

-Simon, active le haut-parleur, que je vous aie tous les deux.

Il observe autour de lui, pour être sûr que personne n'écoute, puis exécute les ordres du chef.

-Ça va les enfants ? Hâte de rentrer à la maison ?

Aucun des deux ne semble vouloir répondre, et Simon finit par dire :

-Nous sommes prêts.

-Comment tu vas Simon ? J'ai appris par Haylie qu'on t'avait tiré dessus ?

-Ça va, mais je dois à tout prix passer aux EMS en rentrant.

-J'enverrai quelqu'un vous chercher pour t'emmener voir un médecin. Haylie m'a dit également que la mission s'était bien passée. Félicitations !

Les deux répondent en cœur :

-Merci chef.

-Attends quoi ? Demande Simon, mais Miguel le coupe.

-Mike, les premiers largages auront lieu dès la semaine prochaine. Ils ont jusque-là pour fixer le prix et se trouver des acheteurs.

Simon n'en revient pas de ce qu'il entend. Quelle mission ? Quel largage ? Mais de quoi il parle ? Il le regarde de travers et Mike lui affiche son plus beau sourire.

-Simon, tes mails ont été transférés à Benson. Quelqu'un au cartel va se plonger dessus et voir si on a pas des gars sûrs en quête de nouveauté pour les envoyer en Espagne. Il pense qu'il y a un réel intérêt financier. Bon boulot également.

Cette fois, c'est Simon qui sourit et Mike qui le regarde sans comprendre.

-Bueno, je vous laisse à votre avion, soyez sages, et Simon on t'attend. On s'occupe de toi dès que tu rentres.

-Merci chef.

Il raccroche. Les deux amis se regardent, et c'est Mike qui explose de rire en premier.

-C'est bien du Miguel ça ! Je sais pas ce qu'il espérait en ne nous prévenant pas de la mission de l'autre.

-Sûrement du drama.

Mike rigole de plus belle. Quand il arrive enfin à se calmer, ils s'observent en silence.

-On parle de ça dans l'avion ? Demande Mike, une lueur d'amusement dans le regard.

-Si je dors pas comme une souche OK.

Nouveau silence.

-Comment tu te sens Simon ?

Simon ne répond pas, essayant de sonder son ami. Il insiste, demandant :

-Joie ou tristesse ?

Il lui sourit. Joie ou tristesse. Un peu des deux, il doit bien l'admettre.

La joie de ces moments partagés, des échanges nouveaux... de l'avoir vu sous différentes facettes, certaines qu'il ne connaissait pas... et c'était vraiment incroyable.

La tristesse parce qu'il avait peur d'un retour à la normale. De l'ignorance, des non-dits. De la colère dans ses yeux... Comme si ce voyage, cette bulle, n'était qu'un rêve maintenant terminé.

Puis il voit le sourire de Mike.
Il revoit son comportement.
Il se souvient de ses mots qu'il a prononcé.

Il y a un autre sentiment, dont Mike n'a pas conscience et qui commençe doucement à émerger dans la tête de Simon.

-Aucun des deux, lui répond Simon amusé.

-Comment ça aucun des deux ?

Une annonce a lieu dans les haut-parleurs, pour l'embarquement.

Simon prend les devants. Suivi par Mike, qui le questionne toujours.

-Simon, viens là. Réponds-moi.

Il sourit pour lui même...

L'espoir.