Entre deux maux...

Chapitre : 3

C'est pas comme si tu disais désolé

Je m'attendais à une autre histoire
Cette fois je me suis trompé 

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Ils arrivent enfin devant le fameux hôtel. Et comme prévu, il voit Mike passer de la stupeur à la colère. Comme lui, il se rend compte qu'il avait posé pas mal d'espoir sur ce séjour, et que la déception était grande. Surtout pour Mike qui pense clairement être là pour des vacances... Autant partir louer une caravane en bord de mer à LS, ça aurait été moins couteux et surement plus sympa.

Simon appuie sur le bouton de l'ascenseur, évitant soigneusement le regard de Mike. Il n'a pas envie d'une dispute. Il veut juste aller se coucher. Malgré qu'il ait pas mal dormi dans l'avion, cette journée l'a épuisé.

La porte s'ouvre, et Mike s'engouffre, Simon sur ses talons. Il l'observe discrètement. Son visage est fermé. Lui qui pensait que ce voyage allait lui faire penser à autre chose... Peut-être calmer son monstre le temps de quelques jours loin de tout.

Il faut dire qu'il ne s'était pas vraiment rendu disponible. Il prend très à cœur la mission de Miguel, n'ayant pas assez l'occasion de lui prouver à quel point il pouvait lui faire confiance. Il voulait faire les choses bien, et comme Mike le rappelait souvent, le travail passe en priorité.

Sauf que Mike ne sait pas qu'il est là sur ordre de Miguel et du Cartel. Et il est vrai que ça pouvait passer pour de l'ignorance envers lui. Il allait devoir revoir sa manière de se comporter...

Il allait ouvrir la bouche quand il sent l'ascenseur s'arrêter. C'est quoi encore que ces conneries ?

Un silence s'installe avant que Mike ne pose la boite à pizza au sol, puis frappe sur les différents boutons, en vain. Simon attend qu'il termine, puis prend sa place, et appuie sur celui en forme de cloche, pour signaler qu'ils sont coincés. Un homme à la voix rauque décroche. Simon baragouine quelques mots en espagnol mais finit par vite reprendre en anglais quand il voit que son interlocuteur le comprend. Il assure que quelqu'un va venir les dépanner, reste à patienter.

Simon va pour essayer d'alléger l'atmosphère tendue dans la cabine en lançant une petite blague, quand il sent une vibration dans sa poche.

Il sort son téléphone, et lit la réponse que Miguel a faite à son mail. Tout en lisant, il imagine l'accent de son chef et sourit.

Il entend grogner et souffler. Encore. Simon sent la colère monter. Depuis le début de la journée, il doit faire avec les humeurs de Mike. Quoi qu'il fasse, Mike semble ne pas approuver. Et ça le fatigue.

Le boss lui a demandé un compte rendu, il le fait. Que ça lui plaise ou non.

-C'est quoi ton putain de problème Simon, tu le fais exprès ?!

Simon essaie de garder son calme mais ça devient compliqué. Depuis le barrage, il a une idée de la lutte intérieure que subit Mike, son visage en a fait les frais. Mais cette colère et ce monstre ne sont pas une raison pour le traiter comme un chien, surtout quand on voit les efforts qu'il fait pour essayer de le comprendre. Ok, il a peut-être été distant aujourd'hui, mais il avait de bonnes raisons.

-Exprès de quoi ? Je ne fais rien de mal ! Arrête de me gonfler !

-Non mais je rêve. Rien de mal...

Mike ricane et se détourne de lui. Simon se retient de sortir de ses gonds.

-Je fais ce que je dois faire. Je ne vois pas où est le problème !

-Tu as raison Simon, continue à faire ton job d'assistante sociale, dit-il en lui tournant le dos.

Son ton sarcastique lui fait serrer les poings qu'il a bien envie d'écraser sur sa belle gueule.

-Regarde-moi Mike.

Mais il reste dos tourné. Simon l'attrape par l'épaule, mais avant qu'il n'ait le temps de lui reprocher quoi que se soit, ou même de lui parler, Mike le pousse violemment contre la porte de l'ascenseur.

-Me touche pas !

Ces mots déjà prononcés... Mike l'attrape par le col, le poing serré, la respiration sifflante. Il voit dans son regard une colère démesurée. Son monstre est lâché. S'il pouvait, il le tuerait. Et Simon le sait. Il doit calmer le jeu même s'il sent que ce n'est pas à lui de faire le premier pas. Il n'a rien fait de mal. Il n'a pas envie de s'excuser pour quelque chose dont il ne se sent pas responsable.

Mais s'il ne se calme pas le premier, dieu seul sait ce qui pourrait se passer.

Il ne répond pas, le regarde dans les yeux. Trouver le monstre. L'apaiser.

Mike ne baisse pas les siens, trop fier et en colère pour ça. Simon le sonde, cherchant sa douleur, sa lutte... Il est sûr qu'il y a une réponse à tout ça. Et sans qu'il ne le voit venir, une envie irrésistible s'empare de lui, l'envahissant telle une vague qui balaye tout sur son passage, promesse, prudence, compréhension, logique... Retrouver une sensation, comme un besoin. Un flash qui lui coupe la respiration. Sentir à nouveau ses lèvres sur les siennes, sentir son souffle, sa force, sa colère, son besoin...

Après la stupeur de cette émotion soudaine, sa respiration s'accélère. Il sert les poings pour ne surtout pas bouger.

Ne pas tenter quoi que se soit...

Mais il le veut...

Il va le tuer...

Il n'a jamais voulu que lui...

Il ne doit pas...

Il baisse les yeux... Sinon il va craquer. Mike le garde encore contre lui, menaçant, puis le lâche pour taper le mur... Son coup arrive à quelques centimètres de sa tête.

-Simon arrête, lui demande Mike, à quelques centimètres de son visage.

-Arrêter quoi ? demande-t-il, à peine audible.

-Ça...

-Ça quoi ?

-Ce que tu fais...

-Mais je ne fais rien, chuchote Simon, hypnotisé.

-Si. Arrête.

Ils se regardent une fraction de seconde. Fraction durant laquelle Simon imagine arrêter de lutter... Il est si prêt...

-Je dois arrêter quoi ?

Mike ne répond rien. Il voit un trouble sur son visage, juste un instant... Comme si... Mais presque immédiatement, la colère reprend le dessus.

-De jouer au con. Et respire, espèce d'idiot.

Mike retire son poing et rejoint l'angle opposé de la petite pièce. Simon se rend compte que son souffle est bloqué. Il lâche la pression. Son cœur va exploser.

-Allo vous êtes là ? On arrive d'ici quinze minutes, patience.

Mike s'assoie et ouvre la boite à pizza, pendant que Simon essaye de retrouver ses esprits. Il ne tiendra pas le voyage comme ça. C'est impossible.