Chapitre 1

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Encore une fois, j'entends cette alarme retentir dans toute l'école. C'est la deuxième fois depuis le début de la journée. Et pourtant, il n'est que 11h.

Les professeurs ne réagissent pas à celle-ci. Ils nous ont dit de ne pas nous y fier et que c'était un problème de mécanique ou d'informatique, je ne sais trop.. Il y a quelques rumeurs qui courent depuis la pause. Enfin.. des "rumeurs" c'est juste Benjamin qui les a lancé, comme d'habitude. Je trouve Benjamin juste insupportable. Je le connais depuis le collège : il était en classe avec moi en 6ème jusqu'à la 3ème. C'est le genre de garçon un peu "geek", isolé, avec de grosses lunettes et passant son temps sur des jeux vidéos ou regarder des memes sur internet. Pas du tout mon genre, en résumé. Depuis qu'on est rentré au lycée, il n'arrête pas de lancer des rumeurs bizarres sur tout et n'importe quoi. La dernière idiotie qu'il nous a sorti était que le président avait été remplacé par un faux qui lui ressemblait ! N'importe quoi. Je ne sais pas d'où il sort ça, mais c'est littéralement absurde !
Bref.. Tout cela m'est égal, je veux juste que cette sonnerie s'arrête pour de bon pour qu'elle arrête de me casser les oreilles.

Je regarde ma voisine de classe, Zoé, de façon agacée. Elle et moi, nous ne sommes pas de grandes amies. Voir pas du tout amie. Elle aussi - bizarrement - je la connais depuis le collège. Comme quoi, toutes les personnes que je déteste se sont réunis pour gâcher mes années au collège ! Mais elle, c'est principalement à cause de ses parents. Ils sont racistes et vu que je suis une fille d'un père japonais et d'une mère française aux origines asiatiques également, cela n'a pas aidé à me faire bien voir d'eux. Ils lui ont sûrement dû lui inculquer toutes leurs idéaux et clichés mauvais qu'ils connaissent... La première fois que je l'ai vu, elle a eu peur de moi parce que j'avais l'air plus pâle que les autres filles et avec mes longs cheveux noirs, je ressemblais à « un monstre » - je cite - (j'avoue que j'avais abusé niveau maquillage ce jour-là). M'enfin bon, le destin a fait qu'aujourd'hui, je me retrouve à devoir préparer un oral en anglais avec elle. Donc elle va devoir garder ses préjugés pour elle et travailler !

Zoé me regarde sans rien dire. Je décide de me lancer et de lui proposer qu'on se rejoigne chez moi ce soir pour finir cet oral de malheur.
- J'ai cours de danse jusqu'à 6h ce soir. Je ne pourrais pas venir avant, dit-elle de manière presque instantanée avec une voix ferme et monotone.

Vraiment, cette fille est réellement un cliché ambulant de la petite française parfaite. Elle fait de la danse classique depuis toute petite, elle est blonde aux yeux bleues, elle est la première de la classe, elle a toujours réponse à tous.. Insupportable. Elle me donne envie de gerber.. Quoique, mon envie de la frapper est plus présente que celle de simplement vomir mes tripes devant son hideuse tête de mademoiselle "Je Sais Tout". Mais dans ma famille, on a des principes : on ne se salit pas pour des gens indignes. Je suis capable de passer outre ses remarques. Et puis.. Ce n'est pas comme si moi aussi je n'avais pas mes torts... On a probablement tous notre côté manipulateur, méchant et égoïste.

- Ce n'est pas grave, mes parents ne renteront pas avant 20h de toute façon, répondis-je en forçant un sourire faux.

Sans attendre, j'arrache un bout de papier de mon cahier qui ne me servait pas à grand chose - je ne suis pas du genre à réellement suivre les cours et prendre des notes -. J'y inscris sans plus attendre mon adresse et mon Instagram avant de le tendre à Zoé :
- Tiens. C'est mon adresse et mon Insta, si jamais tu as un imprévu finalement contact-moi. Ok ?
- Merci, Miyoko.

La sonnerie pour signifier le changement de cours retentit brusquement afin de casser cette ambiance pesante qu'il y avait entre nous. Aussi vite que l'éclair, je range mon pauvre cahier et ma trousse noir dans mon sac à dos avant de sortir de la casse. J'ai français maintenant, on est donc en classe entière. Je vais pouvoir rejoindre mes amies et finalement pouvoir m'amuser ! En marchant dans les couloirs jusqu'à ma salle, je croise Benjamin, celui-ci semble vouloir comme "s'échapper" du lycée. Pendant une fraction de seconde mon instinct me donna envie de le rejoindre pour une raison que j'ignore. Mais ma raison reprend directement le dessus : on parle de Benjamin, il est toujours bizarre !

- Miyo' ! On est là ! crie soudainement Kenya, une fille de ma bande d'amie, en faisant de grand et gros mouvement de bras.
- Hello, les filles ! Comme s'est passé votre cours d'espagnol, je demande sans plus attendre en me dirigeant vers elles.
Toutes mes amies font espagnol, sauf moi. J'aurais aimé faire espagnol comme elles, mais mes parents n'ont pas voulu. Pour eux, l'anglais me servira forcément plus tard.. Chose que je doute fortement.

En avançant vers la salle de classe de madame Couture et tout en parlant à mes amies, une nouvelle fois cette horrible sirène se déclencha sans prévenir. Je regarde mes amies qui autant sont surprises que moi.
- Aah ! Mais faut qu'ils règlent ça putain, dit une d'elle en s'énervant.

Les autres commencèrent à rigoler mais madame Couture sortit de sa salle à grande vitesse en se dirigeant vers le bureau du proviseur. On s'arrête toutes de parler et bouger en la suivant du regard. Quand d'autres professeurs commencent eux aussi à s'affoler et se diriger vers le bureau de monsieur Smith. J'entends de front des messes basses de certains élèves. Après un petit moment de silence, une de mes amies qui s'appelle Ambre affirme que si aucun professeur était présent, on était par conséquent libéré. De ce bon point de vue, on se dirige de bon pied vers notre petite base "secrète". À vrai dire, elle n'est pas si secrète que cela puisque tout le lycée la connaît. Mais tout le lycée sait aussi que c'est notre endroit et qu'il ne faut pas y aller - sauf si ils veulent se frotter à notre colère -. On peut nier le fait qu'on a plutôt mauvaise réputation : on est du genre à cracher à la gueule des petits salopards qui sucent les professeurs, par exemple.

Je crois qu'on était pas les seuls à prendre l'initiative de "sécher" les cours car d'autres élèves se retrouvent petit à petit dehors. Cette journée qui s'annonçait mauvaise n'est finalement pas si horrible que ça ! J'attends avec impatience d'autres surprises pour l'égayer encore plus.

Arriver au niveau du "Côté Vert" - c'est ainsi que notre lycée appelle le peu d'espace de verdure qu'il possède dans notre immense cours - je m'installe sous notre arbre avant de soupirer de fatigue comme à mon habitude - sans forcément que je le sois réellement -. Mes amies s'assoient autour de moi comme si j'étais leur chef. J'avouerai que cela ne dérange pas et que je gagne un certain plaisir à avoir cette place. Elles ne m'ont pas toute suite respecté à ce point. Au début de la seconde aucune d'entre elle ne me parlait, c'est seulement après avoir eu un oral en français qu'elles ont appris à me connaître et qu'elles m'ont admise dans leur "club". Désormais, je suis une membre à part entière alors qu'on est seulement au plein milieu de l'année ! J'ai su me démarquer et montrer ma vivacité. Je pense qu'elles ont dû apprécier dans le fond...

Éternelle jeunesse  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant