Apocalyptic Delight

Chapitre 5 : Un pari avec Jessica

Je suis choquée de le voir ici. Monsieur... Je veux dire, Daryl Anderson a l'air jeune, mais je n'ai pas pensé un seul instant qu'il pouvait avoir le même âge que moi. Il porte une tenue sombre assez décontractée : jean, T-shirt long et Doc Martens aux pieds. Je remarque également une boucle d'oreille et un piercing hélix que je n'ai pas aperçus hier. Je détourne les yeux. Peter semble scruter avec inquiétude ce nouvel arrivant. Il se chuchote à lui-même :

— C'est qui ce gars ? Il a l'air chelou ! 

Daryl sourit du coin des lèvres avec la même confiance qu'il avait à son manoir. Il a presque un air hautain. Le directeur lui fait signe de s'asseoir au troisième rang à gauche à côté de Jessica déjà séduite par ce nouvel élève. Lorsqu'elle quitte les lieux, tout le monde s'assoit enfin. Le professeur de mathématiques accorde un bref sourire à Daryl avant de reprendre les présentations. Je sens dans ma poche mon portable vibrer. C'est Mary : 

« T'as maté le nouvel élève ? C'est un véritable canon ! Jessica le drague ! Elle a déjà oublié Peter ! »

Est-ce que je dis à Mary que Daryl Anderson est mon mystérieux employeur ? Non, cela doit rester secret, je ne préfère pas semer des rumeurs. Il est si étrange... Je ne peux pas m'empêcher de me tourner vers lui. Alors que Jessica le harcèle déjà, je m'aperçois qu'il me toise. Je détourne le regard, le cœur battant, comme si mon corps avait perçu une menace. Je ne dois plus le regarder dans les yeux. 

À la cantine, Mary ne cesse de me parler de Daryl, car elle a « la chance », selon elle, d'être juste derrière lui.

— Son sourire... C'est tout à fait mon style de mec !

Sophia a l'air inquiet. 

— Il émane quelque chose d'étrange chez Anderson. Les ondes que je perçois sont inhabituelles. 

Je suis intriguée par ses propos. Sophia nous a dit qu'elle descendait d'une famille de magnétiseurs originaire d'Afrique. Elle est très sensible aux ondes, aux différentes chaleurs corporelles. Quand je l'ai connue en dernière année au collège, Sophia se faisait insulter de sorcière, de monstre. Je suis devenue son amie lorsque j'ai découvert que c'était une personne très douce et généreuse. Je lui demande :

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— J'ignore comment t'expliquer. J'ai l'impression que le corps d'Anderson n'émet aucune chaleur. Comme s'il absorbait toues les ondes autour de lui... 

C'est en effet très étrange et... impossible ! Comment serait-il possible qu'un corps aspire de la chaleur sans en émettre ? Plongée dans mes pensées, je sursaute en entendant la voix de Peter.

— On peut s'asseoir à côté de vous ?

Il est accompagné de deux de ses amis qui ne sont pas dans notre classe. Je rougis et peine à lui répondre. Heureusement que Mary est là :

— Pas de problème ! 

Peter s'installe en face de moi. Je constate qu'il a demandé une énorme portion de riz cantonais. Ses sourcils froncés lui donnent un air sceptique. 

— Je ne supporte pas le nouveau, nous dit-il. Je l'ai croisé aux toilettes tout à l'heure. J'ai essayé de lui parler, il m'a ignoré ce connard !

Mary pouffe de rire. 

— Ha, ha, ha ! Il ne sait pas encore que tu es un garçon populaire, Peter ! 

Peter lui jette un regard noir. Il semble vraiment hors de lui. Je ne le pensais pas aussi susceptible. Il a toujours été admiré par toutes les filles. L'arrivée de Daryl est peut-être perçue comme une menace pour sa popularité. Cet air jaloux me fait sourire. Il est si mignon ! J'essaie de changer de sujet de conversation. Mais alors que je m'apprête à ouvrir la bouche, Jessica surgit, une fois de plus, derrière moi. Elle ne se gêne pas pour poser ses avant-bras sur mon épaule et sur celle du copain de Peter assis à côté de moi.