Le maître des lieux me fait signe de le suivre. J'hésite un instant : il a l'air de me cacher quelque chose. Sa silhouette élancée projette une ombre assez étrange sur les escaliers. Voyant qu'il s'impatiente, je finis par me résoudre à lui obéir. Monsieur Anderson me fait visiter les couloirs et certaines pièces du premier étage. Arrivés devant sa chambre, il me fait savoir :
— N'entrez jamais ici tant que je n'y suis pas, c'est compris ?
— Oui... D'accord...
Nous ne montons pas aux étages supérieurs.
— Je vis seul ici avec mon majordome, Freddy et mon cuisinier que vous pourrez rencontrer un peu plus tard. Il n'y a donc rien à voir au-dessus, hormis des pièces vides et sûrement pleines de toiles d'araignées.
Je n'ose pas lui demander pour quelle raison il vit seul dans une demeure aussi immense. Peut-être que sa famille compte le retrouver plus tard ? Alors que nous descendons dans le grand hall, je remarque qu'il pose régulièrement ses yeux sur moi. Cela me met mal à l'aise. Contrairement à celui de Peter, le regard de Monsieur Anderson est perçant, il me donne l'impression de me dévisager. Pour le lui faire comprendre, je fixe mon attention sur les marches. Une fois en bas, il me montre la salle à manger. Je suis impressionnée une fois de plus par la taille de la pièce et les riches ornements qui la décorent. Les chandeliers sont en or ! Les tapis sont magnifiques, je me sens mal à l'idée de devoir marcher dessus. Je constate qu'il n'y a pas de couloir au rez-de-chaussée. On passe d'une salle à une autre comme dans un château. Tout au fond se situe la cuisine impeccablement rangée. J'ai l'impression qu'il n'y a que le hall en désordre. Nous retournons à l'entrée du manoir.
— Bien Chloé. Je vous ai tout fait visiter. Je pense que vous pouvez dès maintenant commencer à nettoyer les escaliers poussiéreux et les lustres qui sont dans les gros cartons là-bas. Si vous avez besoin d'aide pour les manipuler, faites appel à Freddy. Des questions ?
— Euh...
— Parfait, je vous fais entièrement confiance. Nous nous retrouverons pour le dîner, vous aiderez Marcel en cuisine. Je pars dans ma chambre.
— Excusez-moi, vous...
Le temps que je tourne la tête vers lui, Monsieur Anderson a déjà disparu. Il m'a donné très peu d'explications. Où est le placard à balais ? Il m'a dit de demander l'aide à Freddy, mais j'ignore où il se trouve ! C'est alors que j'aperçois dans l'angle à côté de la porte d'entrée une chaise sur laquelle reposent une tenue de domestique et tout le matériel nécessaire pour nettoyer. Comment n'ai-je pas pu le remarquer tout à l'heure ? C'est sûrement le majordome qui a déposé tout ça pendant que je faisais la visite. Je constate que la tenue est une robe longue et sombre avec un col et des manches à dentelles anciennes. Je l'enfile par dessus mon débardeur, puis retire mon pantalon. J'aurais aimé qu'il y ait un miroir pour me voir dans ce look tout droit sorti d'un autre temps. Déterminée plus que jamais, je mets toute mon énergie à nettoyer les escaliers en marbre.
— Atchoum !
Il est 19 heures quand je finis enfin de dépoussiérer tous les lustres. Il n'y en avait que cinq, mais j'ai pris tout mon temps afin de ne pas les abîmer. Mince ! Je suis sûrement en retard pour aider le cuisinier. Je me dépêche de déposer le matériel et me rue vers la cuisine. Il n'y a personne. Je m'effondre sur une chaise pour me reposer. Je suis exténuée alors que ce n'est que mon premier jour ici. Mais alors que je m'assoupis, un homme assez bourru surgit dans la pièce. Je constate que la porte est encore fermée. Par où est-il entré ? Il se présente avec un accent étranger.
— Moi, c'est Marcel ! Alors ma petite cocotte, t'as pas déjà mis l'eau à bouillir ?
— Et bien je...
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Apocalyptic Delight
RomansaPlus rien ne va dans la vie de Chloé Parkinson depuis qu'elle travaille pour le séduisant Daryl Anderson. Quelque chose lui dit qu'il est derrière les étranges événements qui se succèdent depuis leur rencontre. Daryl possède en effet de terribles...